Chapitre 28 - 31  décembre 1986

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31 décembre 1986. Marc raccompagna la majorité de ses invités à son portail. Ce réveillon avait été une réussite complète. Mais la soirée ne faisait que commencer. Il revint dans son salon où il restait à présent seulement quelques invités, triés sur le volet. L’atmosphère festive laissa place à une ambiance tamisée. Seules quelques lampes éclairaient le visages d’hommes bien éméchés, allongés sur la moquette, entourés de lourds coussins. Un dernier joint circula avant que quelqu’un commence à enlever un vêtement, signe pour les autres qu’ils pouvaient en faire autant.

Rickie et Tom étaient quant à eux assis l’un contre l’autre sur le canapé en cuir, les yeux mis clos. Ils avaient beaucoup bu et n’avaient même plus la force de bouger. Marc leur apporta un petit verre d’alcool maison. Il les encouragea à le boire d’un seul trait. Ce remède maison devrait les réveiller à coups sûrs. Les deux garçons firent tinter leur verre et avalèrent son contenu cul sec. Lorsqu’ils s'aperçurent de la tournure que prenait la soirée, ils furent très embarrassés. Un couple s’était formé et s’enlaçait tendrement pendant que leurs voisins, plus entreprenants, laissaient éclater de lourds gémissements de plaisirs et des rires gouailleurs. Marc avait déjà rejoint un des couples. Mais en constatant que Rickie et Tom restaient figés comme deux statues, il se leva et les invita à le rejoindre. Les deux garçons se regardèrent, médusés. Marc se mit à rire. Il leur indiqua sa chambre, située à l’étage, afin qu’ils y soient au calme quelques heures. Ils pourraient repartir quand ils le voudraient. Tom et Rickie acceptèrent sur le champ. L’occasion rêvée de rester tous les deux sans avoir à participer à l’orgie.

Une fois seuls, sur le lit de Marc, ils eurent un immense fou rire. Ce dernier verre que leur avait servi Marc était incroyablement efficace. Ils étaient désormais tout à fait réveillés. Une drôle de sensation se diffusait dans leurs corps. Tous leurs sens étaient en éveil. Les bruits équivoques du salon, sous la chambre, les empêchèrent de garder leur sérieux plus longtemps. Ils éclatèrent de rire à nouveau. Mais il suffit d’un seul regard pour que l’excitation qui s’emparait d’eux l’emporte sur la bienséance. Ils commencèrent à se caresser puis à s’embrasser. Au bout d’une dizaine de minutes, Marc fit son entrée, à pas de velours. Il se vautra dans un coin de la chambre, les jambes écartées et posa sur le sol, à côté de lui, un appareil Polaroid. Rickie et Tom ne remarquèrent pas sa présence, bien trop occupés par leurs ébats. Il était vêtu d’un peignoir dont il défit la ceinture doucement. Il s’empressa de se caresser avec ardeur. Le déclic familier du flash de l’appareil se fit entendre lorsqu’il pressa le déclencheur. Le flash crépita. Dans un grincement, la première photographie tomba sur le sol sans que Tom ni Rickie ne s’en aperçoivent. Marc avait bientôt, à ses pieds, une douzaine de polaroids. Il ne mit pas longtemps pour inonder son ventre. Quelques gouttes tachèrent la moquette. Il repartit comme à son arrivée, sans faire de bruit.

Le lendemain matin, Marc, habillé d’une simple robe de chambre, leur apporta un café. Ils se réveillèrent à peine, complètement nus sous les draps. Marc resta avec eux pour boire un café et leur demanda si la nuit avait été bonne. Ils rougirent tous les deux. Marc les complimenta sur leur physique et plaisanta sur le fait qu’ils avaient eu de la chance de se trouver. Il espérait qu’ils en avaient profité. Sans attendre aucune réponse, il quitta alors la pièce et laissa les deux garçons gênés. Ils se rhabillèrent rapidement, sans oser se regarder dans les yeux. Il descendirent dans le salon, remercièrent leur hôte, avant de le saluer et de quitter les lieux.

Retour à pied chez eux. Durant le trajet, pas un mot. Gêne. Honte. Fatigue. Ils brisèrent ensemble le silence. Cela les fit sourire. Ce qui s’était passé entre eux ne devait pas se reproduire. Rester amis était préférable. Ils se séparèrent à un carrefour, chacun vers une rue différente.

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