Chapitre 32 (2) - Et si l’enfer me faisait peur ?

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- Je vous propose cette table-là si vous voulez, dit le serveur qui leur indiqua une table bistrot dans un coin du restaurant.

Ils commandèrent deux “complètes” et une bolée de cidre brut chacun. Paul laissa ses yeux errer sur les murs et la décoration bretonne du restaurant, le temps que son corps soit complètement rechauffé.

D'un doigt, Tom essuya les dernières traces d'œuf de son assiette.

- L’hiver dernier, Lucas m’a laissé plusieurs fois la clef du studio de sa tante où nous irons ce soir. Ça m'a permis de décompresser quand j’étais à la limite de péter un cable avec mon père.

Paul posa la bolée qu’il venait de terminer.

- Ton père, il sait pour toi, que tu préfères…

- Oui, il le sait. C’est la première personne à qui j’en ai parlé. On a toujours été complices tous les deux, comme je te disais. Ça n'a pas été si difficile à annoncer, même si j’ai quand même bien flippé sur le moment. Je crois qu’il s’en doutait depuis longtemps. Quant à ma mère, elle ne le sait pas encore. Avec mon père, on a préféré ne pas lui dire, de peur d'aggraver son état de santé. Appelle ça de la lâcheté si tu veux, mais c’est déjà assez compliqué comme ça. Je sais que ça viendra. Et encore, j’ai de la chance comparé à d’autres. Prends l’exemple de Rickie. Le jour où son père apprend que son fils partage son lit avec des mecs, il n’a plus de père. Il tient trop à sa réputation.

- J’ai cru comprendre que c’était pas le grand amour entre eux.

- C’est le moins qu’on puisse dire. Marc le savait et il en a bien profité… Et toi tes parents, ils sont au courant ?

Paul, s’essuya les lèvres avec une serviette en papier.

- Non pas du tout. Comment le pourraient-ils? Moi même je ne le savais pas jusqu’à ce que…

- Jusqu’à ce que le diable vienne s’asseoir à côté de toi sur un banc de la fac ! ne put s’empêcher de compléter Tom.

- Et si l’enfer me faisait peur ? répondit Paul du tac au tac.

- Trop tard, vous ne pouvez plus remonter à la surface jeune homme, vous êtes perverti et privé de paradis à jamaaaaais !

La jambe de Paul toucha la sienne pour y rester collée. Ils se regardèrent droit dans les yeux. Paul commençait à rougir. Tom avait retiré son pied de sa basket pour l'amener au niveau de son entrejambes. Paul banda aussitôt. Tom s’en aperçut mais il cessa son jeu dès que le serveur revint, un carnet à la main, suggérer des desserts. Ils se regardèrent, étouffant un gros fou rire. Ils demandèrent simplement l’addition. Tom se chaussa discrètement. Sortis du restaurant, ils ne purent s’empêcher d’éclater de rire.

Il s’était mit à pleuvoir, juste un léger crachin. Paul lui demanda la suite du programme. Tom regarda le ciel et annonça qu'il allait devoir changer de plan mais qu'il devrait sûrement aimer la suite.

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