Chapitre 55 (épilogue)

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La table de la cuisine était recouverte de coupons de tissus. Barbara en plia quelques-uns et fit de la place pour installer sa machine à coudre. Elle expliqua à Marianne comment elle fonctionnait, l’importance du choix des fils à coudre et l’emplacement des doigts sur la machine. Dans la pièce d’à côté, Zofia était accroupie au sol. Elle traçait les dernières lignes d’un modèle de patron pour une future robe droite.

- Tu vas voir, elle va être très belle sur toi Marianne” dit-elle toute joyeuse.

- Je ne sais pas comment vous remercier les filles. Vous êtes trop sympas, sourit elle, essuyant une larme sur sa joue.

- Ça va aller, tu vas voir ! Nous sommes là pour toi. C'est à mon tour de prendre soin de toi ! dit Zofia.

- Entre filles on se serre les coudes, pas vrai ? Avec cette robe, ils vont tous être gobsmacked et tomber à tes pieds, ajouta Barbara.

Marianne eut un petit sourire malgré son envie de pleurer. “Ne jamais se laisser abattre” aurait dit sa mère. Assise confortablement sur une chaise, elle commença à placer un morceau de tissu sur la machine à coudre, pour son premier essai, en suivant scrupuleusement les instructions détaillées de Barbara.

Un rayon de soleil pénétra par la lucarne. Elle apporta une lumière diffuse et agréable pendant tout le reste de l’après-midi qu’elles passèrent toutes les trois à coudre, dans une ambiance féminine chaleureuse.

A la fin du mois de mars, Rickie eut la visite de Catherine. Lorsqu’elle arriva chez lui en fin d’après-midi, elle préférera rester sur le palier. Elle ne voulait pas le déranger et refusa poliment le café qu’il lui proposait.

- Je reviens de chez Marc. Il va pouvoir reprendre doucement ses marques. Au téléphone, j’ai enfin pu avoir son frère avec qui il était brouillé depuis des années. Il m’a dit qu’il lui téléphonerait prochainement. J’en ai aussi profité pour passer voir sa voisine et la remercier du ménage qu’elle a fait chez lui. Elle devrait être aux petits soins avec lui. Quant à moi, je crois que j’ai fait ce que j’ai pu… Je t’avoue que je suis épuisée par tout ça.

- Tu as été formidable Catherine. Je suis sûr qu’il t’en est déjà reconnaissant, répondit Rickie.

- C’est gentil à toi. Marc m’a remercié effectivement. Il m’a dit qu’il ne méritait pas de telles attentions, surtout de ma part. Il m’a avoué à demi-mot que son geste désespéré lui avait fait prendre conscience de ce qu’il était devenu. Qu’il mesurait à peine la chance qu’il avait de s’en être sorti. On a même parlé du passé, des choses qu’on ne s’était jamais dites, qu’on aurait dû se dire il y a bien longtemps. Cela faisait des années que nous n’avions pas été aussi sincères l’un envers l’autre. Ça paraît tellement cliché ce que je te dis. Que de temps perdu...

Elle sortit de son sac un paquet.

- Tiens. De sa part. J’en profite aussi pour te remercier pour tout ce que tu as as fait pour lui, durant ces derniers mois, dit-elle les yeux mouillés.

Rickie, surpris, prit le paquet, qu’il déposa à côté du téléphone, pour la prendre dans ses bras.

- Prends soin de toi Catherine et merci.

Fébrile, il referma la porte et vint s’asseoir sur le tapis pour ouvrir le paquet. Il fut troublé de découvrir une photographie dans un élégant cadre blanc. Elle était magnifique. Un très beau portrait. Le sien. Il revit instantanément le lieu où elle avait été prise. C’était en août, un matin, sur une plage de la côte atlantique. Marc lui avait demandé de s’asseoir et de regarder la mer, tout simplement. Pense à un de tes rêves et imagine qu’il se réalise. Il s’était prêté au jeu, sans se poser de question. Tandis qu’il regardait attentivement la photographie en noir et blanc, il s’étonna de voir le regard apaisé de ce garçon qui, à l’époque, ne l’était pas. Il était bouleversé par cette image qu’il découvrait pour la première fois.

Dans l’emballage cadeau, une petite enveloppe. A l’intérieur, une carte. Quelques mots de la très belle écriture de Marc qu’il connaissait si bien. Il les relut plusieurs fois si bien qu'ils imprègnent son esprit, dans un moment de flottement. Son pouls ralentit. Il fut parcouru d'un frisson qui se mû en un bien-être doux et chaleureux. Il sourit à ce qu’il venait de comprendre et sécha ses larmes. Il remit la carte dans l’enveloppe qu’il alla ranger soigneusement dans un tiroir. Il reprit la photographie et la contempla pendant de longues minutes. Oui, s’il y réfléchissait bien, Marc avait su admirablement capter la sérénité qui l’avait toujours habité mais qui refusait de remonter à la surface. À cet instant, il ressentait un nouvel équilibre, au plus profond de lui. Il respira profondément. C’était peut-être l’occasion de reprendre contact avec son père et de la lui montrer.

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