Épilogue

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- On est foutu ! s’exclama Nuo après que Shino ai raconté aux deux jeunes femmes sa vision.

- Je le dis depuis le début ! répliqua Karü en haussant les épaules, consterné.

- Où est Tïashu ? demanda Shino.

- Elle joue avec Scurius, je crois. L’armée des Vengeurs arrive…les enfants et les anciens sont cloîtrés au sous-sol. Scurius y monte la garde. expliqua Hângä.

- Je vais chercher Travers, il nous donnera des armes.

- Je viens avec toi ! s’exclama la sœur de Karü en sortant à la suite de sa compagne.

Karü se retourna vers Shino :

- On a un problème. Il faut que tu retournes à Caski d’ici six mois, sinon, l’Empire sera considéré comme terre à conquérir…

- On n’a pas le temps ! Je préfère défendre un pays libre plutôt qu’un Empire en ruine appartenant à l’Alliance !

- Il faut une armée ! Et Ca…et tu en as une !

- Comment diable veux-tu que j’aille à Caski ?

- Je n’sais pas.

- Nous voilà bien avancés.

- On pourrait demander à Scurius ? Son père pourrait nous aider, non ? suggéra Karü en prenant les mains de Shino.

- Et lui être redevable ?! Non merci !

- Tu préfères que mon oncle écrase la population de ton Empire, peut-être ?

- Mon…non ! Non, bien sûr que non !

- Alors tu dois y aller.

- Par où ?

- Par l’Ouest, par Anift. Je viendrais avec toi.

- Et…les autres ?

- …elles se débrouilleront.

- Tu es sûr ? Je peux y aller seul…

- Jamais ! Je t’accompagne, et c’est non négociable ! Des gens là-bas veulent ta mort, Shino ! Tant que tu n’es pas officiellement Empereur, tu es en danger !

Shino lui jeta un regard inquiet, alarmé, presque apeuré. Son œil droit le piquait affreusement. Il se détourna, soupirant profondément.

- Eh…ça va ?

- Oui, ouais…on part quand ?

- Comme tu veux, c’est…ton Empire, après tout.

- Arrête avec ça ! pesta Shino, agacé.

- A vos ordres, Majesté ! ricana Karü en se mettant au garde à vous.

- N’importe quoi !

Shino lui tapa gentiment le haut du crâne puis lui prit la main et l’entraîna dehors. Karü le regarda tendrement ; le monde autour d’eux semblait marcher au ralenti, il était presque figé, comme s’il n’y avait plus…qu’eux.

Les deux tourtereaux se faufilèrent parmi les Rebels qui leur souriaient d’un air triste, presque forcé. Mais les deux adolescents ne s’en aperçurent pas. Ils arrivèrent bientôt devant l’entrée de la cavité où résidait Mykà et devant laquelle il trouvèrent Travers ; Karü lui expliqua la situation en deux mots puis ajouta, pressé :

- Puis que nous allons tous deux partir…pourras-tu t’occuper de ma sœur, de Tïashu et de Nuo ?

- Bien sûr. Elles sont en sécurité, ici. promit Travers.

- Merci…

Shino, qui avait lâché la main de son amant la lui repris et l’entraîna dans l’escalier de pierre qui descendait au sous-sol de la caverne. La cheffe de la Rébellion les accueillit joyeusement mais, au fur et à mesure que Shino lui contait sa vision, ainsi que la décision qu’ils avaient prise avec Karü de quitter Pauyô, son visage se décomposa.

- Et que comptez-vous faire ?

- Rejoindre Caski afin que Shino puisse prendre le contrôle de Caski et envoyer son armée ici. Nous volons vous aider à repousser l’Alliance. Dans un même temps, nous ferons tomber l’Empereur d’Ohfsha. Et je prendrais ainsi le trône. A nous deux, nous libérerons Pauyô.

- Et je vous serais redevable ?! pesta Mykà, outrée.

- Non, bien sûr que non ! s’indigna Shino ;

- Si j’ai ta…si j’ai vos paroles d’honneur que Pauyô ne vous devra rien, je vous laisse partir. Sinon, vous resterez ici.

- Je vous le promets.

- Je vous le jure… ajouta Karü en s’inclinant, imitant Shino.

- Quand comptez-vous partir ?

- Dès que possible.

- Ce soir. Tard. Sans faute. Et si vous ne tenez pas votre langue quant à notre base, vous serez châtiés comme il se doit. Une dernière chose : ne parlez pas de la situation de l’Empereur de Caski. A qui que ce soit.

- Euh…on…on en a déjà parlé à Nuo, Hângä et Travers… marmonna Shino, baissant la tête.

- N’en parlez à personne d’autre… soupira Mykà, levant les yeux au ciel.

Après l’avoir juré sur leur honneur, Karü et Shino quittèrent les lieux. Ils virent le regard dévorant de Scurius, en pleine conversation avec un Travers à l’air triste sous un sourire de façade. Il semblait craindre quelque chose, mais sans vouloir le montrer à sa compagne. Shino connaissait ce sentiment. Il ne l’avait que trop vécu, et le vivait encore.

Comment promis, Karü et Shino sortirent du QG le soir même et furent accompagnés par Travers sur la côte ouest de Pauyô. Il les fit monter sur un bateau de pêche sur lequel il s’installa également, alors que le navire s’éloignait de la côte.

- Travers, pourquoi viens-tu avec nous ? l’interrogea Shino, inquiet.

- Je fais partit de l’Empire de Caski. Au fait…je n’ai jamais démissionné de mon poste de Général…c’était…une idée de ton prédécesseur. Alors, si tu l’accepte, je souhaiterais reprendre mes fonctions à tes côtés.

- Oui, oui, bien sûr ! s’exclama Shino, perdu.

- Bon, je vais aller demander au capitaine en quoi je peux lui être utile !

- Attends !

- Quoi ?

- Tu en as parlé, à Scurius ?

- De ?

- De ton départ.

- Non. Mykà lui expliquera.

- Tu aurais dû lui en parler…

- Ne me fais pas de reproche, tu ne peux pas comprendre !

- Si, je peux comprendre ! répliqua Shino.

- Non, non, tu ne peux pas, Shino. Tu ne peux pas comprendre. Scurius…est enceinte…

- Euh…félicitation ? C’est une bonne nouvelle, non ? fit Karü, dérouté.

- Non. Non, ce n’est pas une bonne nouvelle…c’est la guerre et, elle ne pourra pas s’en occuper…et moi…je suis obligé de venir avec vous parce que Mykà…

- Retournes-y, si tu veux être avec elle ! s’exclama Shino, dubitatif.

- Non. Je veux venir avec vous. Mais j’ai peur pour Scurius…

- Hângä, Nuo et les autres vont s’occuper d’elle. Ne t’en fais pas… murmura Karü.

Travers lui sourit d’un sourire faux, puis regagna la cabine du capitaine.

- Karü ?

- Oui ?

Shino se blottit contre lui ; il n’avait rien à lui dire. Allongés l’un contre l’autre, frigorifié par la neige qui les entourait, les deux tourtereaux observait la voûte étoilée que leur offrait les cieux. Quelques nuages tâchaient le ciel stellaire de la nuit. Karü massa doucement le crâne de son compagnon, tandis que ce dernier fermait les yeux, sa tête sur le torse de Karü ; Shino embrassa le ventre de son soupirant, puis mordilla doucement son cou avant d’épouser ses lèvres sèches.

- Je t’aime… souffla-t-il.

- Juâ tï’uomaâ… murmura Karü.

Le Saîovôuntï de Caski frôla le bout du nez de Karü avec le sien. Shino se laissa glisser sur son amant, collant son front à ses côtes, puis s’endormit.

Durant la nuit, alors que les terres de Pauyô disparaissaient à l’horizon, alors que les passagers du bateau dormaient paisiblement, Travers se rendit sur le pont. A la vue du jeune couple, il esquissa un sourire. Le Général posa ses coudes sur le bord du pont. Il regarda Pauyô s’effacer, et, au moment où le dernier bout de terre allait disparaître, ce dernier sembla brûler, attaquer. Travers tomba à genoux. Tout s’effondrait. Scurius était peut-être déjà morte ; tout le monde était peut-être déjà mort. Il serra ses poings, enfonçant ses ongles dans sa paume, se promettant que, s’il était arrivé malheur à sa compagne, il réduirait à néant les Vengeurs et les chefs de l’Alliance. Quel qu’ils soient. Des larmes coulaient le long de ses joues, s’écrasant sur le plancher du pont. Les yeux embués, il se releva et regagna la calle où il se laissa tomber sur son lit, se cognant au passage à un meuble.

A suivre dans « Successeurs tome 3 : Désolation »

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