Les Ailes de Narra Final : Jusqu'au prochain ballet...

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Là où ils ont été laissés, les traqueurs regardent le Volant s’éloigner, les deux Facirs sur son dos.
Tous pestent et s’agacent. Seul le chef demeure calme.
Il ne l’admettra pas à ses hommes, mais le garçon méritait de s’en sortir.
Et si c’était pour lui un rite initiatique, il méritait de le gagner.

Dans les airs, le Volant suit la direction que Narra indique, en tapotant son encolure.

Pour la première fois, pris dans les seuls vents du monde de Mer, Narra et Alibi s’abaissent pour supporter la pression. Zéphyr, pour son envol inaugural avec sa monteuse, gagne de l’altitude et dépasse les premiers entrelacements d’ambre célestes. Entre les bras de pierres irradiant de lumière et de chaleur, il plie ses ailes pour vriller entre les branches, puis les redéployer pour les battre plus fort encore en multipliant les manœuvres d’acrobaties aériennes. Narra, bouche bée et mains serrées sur l’encolure de la créature, se démène pour garder son assise stable. Mais derrière la sidération de son corps, le sang pulse dans ses veines et le flot d’adrénaline qui la traverse la rend immédiatement accro au ballet céleste.
Jamais ils n’auront vu le monde si petit et la lumière si vibrante et éblouissante. Derrière eux, l’éclat des mille veines d’ambre qui éclaire Mer, auréole leurs corps d’une couronne divine.
Lorsqu’enfin, Zéphyr cesse de baptiser la monteuse et son compagnon par ses prouesses, il sent la main de Narra qui le caresse, sous la masse de plumes de sa collerette. Il jappe avec joie et poursuit sa route en direction de la lointaine Cité des Grandes Volières.
La monteuse finit par se tourner vers son compagnon. Alibi, malgré le vol extatique, demeure muré dans son silence honteux. Elle comprend qu’il ne peut profiter de l’instant comme il se doit et lui dit :
« On rentre à deux et tu ne seras pas seul face à lui. »
Le regard perdu dans l’horizon courbe de la mer sphérique, Alibi demeure silencieux.
Il lève les yeux vers le cœur de lumière. L’amertume dans son regard et ses lèvres pincées. Mais lorsqu’enfin, il regarde Narra, son visage s’illumine et il déclare :
« Ce ne sera pas cette fois, mais je trouverai le Volant qui me permettra de trouver l’Outre-Mer. »
Narra, s’inquiète de la lueur dans ses yeux. Son visage aux traits tirés trahit sa rage, son sourire ment et ses tremblements disent à la jeune femme tout ce qu’elle a à savoir sur son état réel.
Mais il lui a sauvé la vie et il accepte sa réussite à son détriment.
Alors elle sourit.

Et le Grand-Volant, parcourt les kilomètres qui les séparent encore de la Cité des Volières.
Et lorsqu’ils y parviennent enfin, l’éclat de l’ambre pâlit à nouveau.

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