LE CHANT DES SIRÈNES
Elle s'élance, et le jour suspend son éclat,
Craignant que sa blancheur, d'ivoire et de rosée,
N'éclipse à tout jamais l'aurore supposée,
Quand l'ombre à son contact s'efface pas à pas.
Ses yeux sont, d'ambre et d'émeraude étourdissants,
De ces flots indomptés qu’embrassent les orages.
Ici vogue ma barque en mouvants paysages,
Où le vent du désir m'égare, surpuissant.
Mais son rire joyeux fend la brume incertaine,
Illumine ma nuit d’un éclat souverain,
Et pare l’horizon d’une étoile lointaine.
Ainsi, dans son sillage, où tout me semble vain,
Je poursuis, insensé, cet astre qui m’entraîne,
Naufragé désormais d’un éternel matin.
Et l'on croit un instant, pris d’un songe illusoire,
Que Vénus a cédé, lasse du désespoir,
Son plus parfait reflet aux caprices du soir.
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