Les pouvoirs 4/5

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Le cœur battant, le torse gonflé d'importance, Norham revêtit sa plus belle tunique. Entre-temps, il y avait brodé des vévés d'amplification qui lui faciliteraient la tâche à venir. À cela s'ajoutait une cape bardée de symboles ésotériques, de même que sa culotte. Il avait brodé jusque ses chaussettes, depuis elles grattaient.

Dehors l'attendait toute une procession, aussi bien des gens de Dalorme que des villages voisins. Il allait être le premier initié vaudou à ensorceller les morts, aussi beaucoup de ses concurrents voulaient connaître l'étendue de ses connaissances. Depuis la disparition de la Duchesse, les divers conseils de villages tentaient de s'accorder sur de nouveaux systèmes de pouvoirs et d'administrations. Le rôle des vaudous restait en suspend, beaucoup voulaient déjà une démonstration de pouvoir de ces nouveaux éléments, pour estimer le rôle, ainsi que l'importance à accorder aux initiés.

Résultat, pas loins de six cents personnes guettaient l'arrivée de Norham au seuil de sa maison. Même en s'y attendant, cela restait impressionnant. Toutes ces têtes, ces regards fixés sur lui... Sur l'absence de qualité de ses broderies, la gaucherie tout juste suffisante de ses symboles, les fils déparaillés. Mais l'ensemble demeurait fonctionnel. Et la foule gardait ses distances.

Après avoir pris la tête, il partit solenellement en direction du cimetière. Le fossoyeur n'avait pas chômé pour magnifier l'endroit. Des guirlandes de fleurs parcouraient le muret, les tombes luisaient, celles dont les morts seraient réveillés marquées du seul vévé maîtrisé par l'homme. Un chapeau haut de forme côtoyant un cercueil stylisé, le tout pris dans un cercle parfait. Grâce à lui, Norham n'avait pas eu à abîmer les pierres de ses mains malhabiles. Toutefois, le graveur préférait s'épargner cette foule, et s'était cloîtré à la taverne.

Norham prit place au centre du cimetière, devant le mausolée des prédécesseurs de la Duchesse, avant la prise de pouvoir de cette dernière. La foule débordait du petit espace délimité par le muret, beaucoup jouèrent des coudes pour s'imposer dans les premiers rangs.

Le cœur battant, l'adepte leur laissa une bonne dizaine de minutes, incertain sur ce qu'il pouvait bien dire ou faire. Passé ce délais, ses mains se levèrent de leur propre chef, animées par la magie incrustée dans son menton par Mowsadi. De même, sa mâchoire s'agita, ses lèvres et son souffle échappèrent à son contrôle.

  • Mes amis ! Voisins ! Comparses ! Chers curieux ! Aujourd'hui, nous allons partager un moment historique ! Les morts qui, selon vous, ne méritent pas le repos, mais doivent veiller sur nous, vivants, seront bientôt sortis de leur léthargie, de leur torpeur ! Très bientôt, vous tous serez témoins des prémices d'une nouvelle ère ! Une ère où chacun d'entre nous peut désigner qui mérite le repos de la tombe et la reconnaissance, mais aussi qui doit rembourser sa dette envers notre communauté en veillant par-delà la mort. Cela, grâce à l'esprit Yegba ! Grâce à Lui, ce pouvoir nous appartient !

L'adepte devint muet. De toute évidence, son petit laïus imposé fit son effet. Après un silence, il sentit pour la première fois de son existence l'assemblée suspendue à ses lèvres, avides du moindre de ses faits et gestes. Un nouveau pouvoir se dessinait pour lui. Dans un geste théâtral, Norham conclut :

  • À présent, soyez témoins !

Le contrôle de son corps lui revint, il débuta le rituel. Tout d'abord, il se scarifia le visage, les membres puis le corps. Il profita d'une coupe de cendres préparée par son assistant la veille pour dessiner un vaste cercle qu'il emplit de vévés complexes, dans un ordre précis, tout en fredonnant des sons gutturaux.

Après le sol, il s'oignit, mêlant cendres et sang. Vint le passage le plus éprouvant du rituel. Tout en poursuivant le chant, Norham s'équipa d'une lourde saccoche. Après une grande inspiration, il se planta une écharde dans la plante des pieds, sans cesser la mélopée ni même perdre la note. Il remplaçait la musique qu'il ne pouvait jouer par la douleur et son propre sang. Avec deux musiciens, ceci aurait été évitable. Mais l'idée même de jouer un air influent sur les morts n'avait séduit personne.

Une fois libéré de sa cape, l'initié excécuta une danse complexe, tournoyante, l'amenant souvent proche du sol. Plusieurs minutes se succédèrent, éprouvantes. Transpirant de douleur, l'ensorceleur alla de tombe marquée en tombe marquée. Devant chacune, il projeta un mélange de sang d'animaux de ferme encore vivants entre deux virevoltes, descendant dans les graves. Il ne doutait pas que ses piètinements réveillaient les morts en-dessous.

Lier les âmes des soixante-quatre défunts prit du temps. La peste en faisait partie. Si ses propres parents ne l'aimaient pas... Pris dans ses douleurs, le danseur ne jubila pas sur l'instant. Le sang répandu prenait au fur et à mesure une teinte brune. Sa danse le ramena au mausolée. Là, il se déchaîna, pris d'une frénésie à laquelle il s'abandonna volontiers.

En transe, il sentit son corps se mouvoir de lui-même, mû par la magie convoquée. En parallèle, son esprit s'éleva, engloba le cimetière délimité au préalable par des os gravés. Le sang bruni s'éleva dans les airs, de la hauteur de quelques doigts, avant de s'embraser dans des teintes cendreuses. Norham émettait des sons gutturaux, inhumains. Son corps ressemblait à un pantin désarticulé cerné d'une assemblée terrifiée.

Soudain, tout s'arrêta. À bout de souffle, nauséeux, l'adepte se remit dans une posture normale, le dos droit, paumes vers les témoins. Alors, il put s'assurer de la réussite du rituel. Il projeta une ultime poignée de sang caillé au sol, sommant dans une langue rauque les morts protecteurs de se lever.

Dans un ensemble parfait, les convoqués répondirent à l'appel. Ceux détenant encore des restes suffisants surgirent de leur tombe, dans des gestes lents et implacables. Les défunts trop anciens s'incarnèrent sous forme de silhouettes de poussière brune où les os se devinaient par transparence.

Prêt à s'évanouir, victorieux, Norham guetta la réaction de la foule. Les morts retournèrent à leur place, sous terre, dans un silence de plomb. Seul le vent s'entendit. Nul ne pouvait ignorer la soixantaine de tombes brisées.

Soudain, un bruissement dans la foule. Effrayé. Ailleurs, un applaudissement. Chacun se laissa prendre par les émotions. L'enthousiasme prit le dessus. De parfaits inconnus se saisirent du sorcier vaudou, qui manqua de peu de les gratifier d'un renvoi. De justesse, il leur épargna cela.

C'était bien la première fois que des gens appréciaient ce qu'il accomplissait. Jamais plus on ne le verrait s'échiner sur le moindre lopin de terre, après cela. La foule le transporta ainsi sur ses épaules, dans les vivas et le soulagement de ne plus être sans protection. Mieux valait qu'ils ignorent que pour le moment, les morts ne patrouilleraient que dans le cimetière. Seul le fossoyeur le savait. Et les deux asservis. Mais de semaine en semaine, avec de nouvelles délimitations consacrées, la zone pourrait s'étendre.

Le public l'amena jusqu'à la place du village, où enfin on le posa. Un chaos de mains se saisirent des siennes pour les secouer, tandis qu'il sentait les échardes dans ses pieds rouvrir ses plaies. Le vaudou impliquait de savoir donner de sa personne, mais là ça commençait à lui coûter cher.

Un inconnu pensa enfin à panser ses pieds, et sans y prendre garde Norham fut soigné, changé en pleine rue, par ces cohortes d'étrangers subjugués par sa réussite. On lui parlait de toutes parts, en même temps, on le touchait.

Lui ne pensait plus qu'à deux choses : s'isoler et manger. Mais les mains innombrables ne le lâchaient pas. L'espace d'un instant, la multitude l'étourdit.

Quand Norham reprit conscience, il mangeait du pain frais, entouré de plusieurs inconnus portant pour la plupart des scarifications et des tatouages similaires aux siens. Perdu, il les dévisagea. Une femme portant nombre de broderies ensorcelées parvint à imposer le calme.

  • Norham, c'est ça ?

La bouche pleine, il acquiesça. Quel soulagement de manger. Et boire.

  • De toute évidence, tu nous devances dans le domaine du vaudou. Nous avons tous appris diverses choses, mais aucun d'entre nous ne saurait réitérer ton exploit. Et les divers chefs de villages préféreraient n'avoir à s'entretenir qu'avec un seul vaudou, qui nous représenterait tous.

Le jeune homme guetta la suite. En quoi cela le concernait ?

  • Plusieurs parmi nous pensent que tu devrais être ce représentant.
  • Ah ! Non.
  • Tu... refuses ?
  • Oui. Voir les chefs de village, ça m'intéresse pas. Et puis quoi, parce que j'ai réussi ce rituel, je devrais moins apprendre et perdre du temps avec eux ? Non, non, sans moi ça. Je veux continuer d'apprendre, sans qu'on ne me dérange... Débrouillez-vous sans moi.

Sa réaction en fit protester plus d'un. Norham reconnut le hall des fêtes. Il aurait du s'en rendre compte plus tôt, seule cette salle pouvait accueillir ses concurrents avec assez de tables et de chaises pour tout le monde. Passée leur frustration, ils désignèrent l'un des leurs.

Cela enfin résolu, ils abordèrent un sujet digne d'intérêt : le vaudou. Ils expérimentaient là leur toute première réunion, voulurent échanger sur les différentes pratiques. Une part non négligeable s'était concentrée sur les soins des hommes et des bêtes. Une seconde majorité se spécialisait dans l'influence des esprits, par l'intermédiaire de drogues, de poudres, de boissons, de plantes, d'onguents et de cigarettes. Personne, à l'exception de Norham, ne s'était véritablement intéressé au contrôle des morts. Ce dernier estima que sans le fossoyeur, il aurait agi comme ses compères. Mais il se garda bien de le mentionner.

À force, ils abordèrent, accompagnés de quelques asservis, le sujet de Yegba. Selon les morts, construire un potomitan, un grand pillier au centre d'un cercle délimité, accroîtrait leurs pouvoirs ainsi que ceux de leur intermédiaire commun. Bien vite, ils désignèrent Norham comme principal contributeur.

Cette fois, il ne se défila pas. Ce défi-ci l'intéressait, lui semblait digne de lui et de sa nouvelle vie. Après d'interminables tergiversations qui le perdirent en plus d'une occasion, les vaudous décidèrent d'ériger le premier potomitan dans son village. Lui-même désignerait l'endroit choisi, les matériaux utilisés, se chargerait des symboles... Il deviendrait la première référence pour ce projet d'ampleur. On lui donna deux semaines pour se reposer, avant que les vaudous intéressés ne le rejoignent à ce même endroit, juste après le repas du midi. Ce qui lui convenait.

Ainsi Norham gagna le respect des villageois de Dalerme et de ses comparses vaudous. Jusqu'à l'automne, il s'instruisit, développa de nouveaux savoirs, de nouvelles compétences. Le potomitan devint le point central du culte d'Yegba. Tout un temple fut érigé autour, toujours sous sa responsabilité.

Plusieurs personnes tentèrent de lui confier des rôles inintéressants, comme conseiller ou représentant. Mais lui ne jurait plus que par la pratique du vaudou. Ses parents le convainquirent de profiter de la construction du temple pour fonder sa propre maison, ne supportant plus son obsession. Tant pis pour eux, qu'ils restent avec leurs affaires de champs de lin et de vêtements.

Pendant que le temple et son habitation sortaient du sol, les gens de Dalerme prirent l'habitude de le consulter régulièrement, pour lui demander de l'aide vaudou contre des paiements, des objets de première nécessité ou encore de la nourriture. Quand il se rendit compte que tout ceci lui permettait de vivre, Norham se sentit définitivement heureux.

Manier du sang, des os, de la chair morte comme vivante, des plantes, des roches... Il aimait tout cela. Au même titre que conjuguer divers Arts, nécessaires à la pratique. Les gens le craignaient toujours, se sentaient mal à l'aise en sa présence, sa famille l'évitait... Mais désormais, il avait une utilité.

À l'automne, donc, tandis que le soleil se couchait, la mère de la défunte peste s'acharna contre sa porte. Quand il lui ouvrit, il la découvrit fébrile.

  • No-no-no... Norham il y a un-un-un... un type... Surgi du potomitan !

Une voix rocailleuse qu'il reconnut à l'instant précisa derrière :

  • Le type s'appelle Mowsadi, et aimerait parler aux gens des villages autour du Lac Noir. C'est assez urgent.

Eberlué, l'initié accueillit son maître à bras ouverts.

  • Seigneur Mowsadi ! Jamais je ne vous remercierais assez pour le vaudou !
  • Ouais, ouais, tant mieux pour toi. J'imagine que tu maîtrises la communication par miroirs interposés ?
  • Bien sûr !
  • OK, je compte sur toi pour me réunir un maximum de responsables en moins d'une heure. Vous allez avoir l'occasion de vous venger de l'Empire, qui vous a laissés aux mains de la Duchesse. Il me faut des volontaires pour décapiter cette fadaise...

Norham remercia la femme, avant de préparer ses communications. La présence de Mowsadi lui simplifia l'existence, il n'eut besoin de rien sacrifier pour contacter ses pairs. Ces derniers purent entendre leur miroir vibrer, ne refléter que de la brume, avant de leur renvoyer le reflet chez lui.

Ses confrères mirent peu de temps à répondre. Devant Mowsadi et Norham se superposèrent des silhouettes brumeuses. Tous gardèrent un silence religieux, jusqu'à ce que le sorcier vaudou sente tous les miroirs activés des deux côtés. Le Maître prit une inspiration, l'humain sentit la même magie que celle incrustée à son menton agir :

  • Pratiquants du vaudou, je me présente. Mowsadi, envoyé de l'intermédiaire Yegba. Ce dernier sent la chute de l'Empire venir, et vous offre l'occasion d'y participer. Cet Empire qui a abandonné vos ancêtres aux mains de la Duchesse, vous a laissés coupés du monde, sans espoir de changement. Vous avez là l'occasion de faire payer aux impériaux cette injustice, eux qui se targuent d'être des parangons de vertu. Mais Yegba ne vous propose pas seulement une vengeance et l'occasion de faire connaître votre histoire. Vous, pratiquants du vaudou, aurez l'opportunité de participer à l'excécution... D'un demi-dieu. Songez à la qualité des ingrédients que vous pourrez en retirer. Pour finir, ceux qui souhaiteront s'installer en territoire conquis, peser dans la naissance de nouveaux pays auront leur mot à dire. Voilà ce que Yegba m'envoie vous proposer. Pour cela, venez à Dalerme. Amenez tous les volontaires que vous trouverez. Gardez en tête que vous pourrez écrire l'Histoire du monde à venir, en une unique bataille. La majorité de ses alliés sont déjà rassemblés, demain à l'aube, dans huit heures, ils partiront. À vous d'arriver à temps pour saisir votre chance.

Tandis qu'il parlait, Mowsadi appuyait ses dires de gestes, de regards enflammés contrastant avec sa placidité précédente. Norham lui-même se sentait subjugué. De nouveau, cet homme pas vraiment un homme lui offrait sur un plateau de quoi satisfaire ses nouvelles envies de grandeur.

L'intermédiaire laissa le temps à ses adeptes de poser quelques questions, avant de couper court aux échanges avec une prestance que Norham lui envia. Le potomitan servirait de portail. Mowsadi reprit son air indéchiffrable dont l'adepte se souvenait bien, sortit de la maison, s'empara d'un cigare et fignola ses préparatifs.

L'ombre solide trouva sans peine ses ingrédients, se servit comme s'il se trouvait chez lui. Quand il eut tout rassemblé, il demanda l'assistance du maître des lieux. Ce dernier se plia à son autorité sans sourciller.

  • Si vous saviez tout ce que je vous dois !
  • Tant mieux pour toi, petit... Tu comptes participer aussi ?
  • Oui !
  • Excellente manière de t'acquitter de ta dette, en ce cas. Bon geste... Mon culte semble avoir bien pris dans le coin.
  • Il ne se passe pas une journée sans qu'une dizaine d'offrandes vous soient dédiées.
  • Je l'ai senti. Excellent travail, tu peux te qualifier de prêtre. Pour le sang, on va se contenter du mien.

Norham se frotta les yeux. Le liquide huileux absorbait la lueur des flammes. Mowsadi en versa des quantités inhumaines sans soucis. Ses vévés apparaissaient trop brièvement pour laisser la moindre chance au curieux d'en retenir le moindre élément.

Au terme du rituel, qui s'avéra bien plus rapide que ce à quoi l'initié s'attendait, à première vue rien ne changea. Norham se garda du moindre commentaire et fut envoyé recruter des volontaires.

Frapper aux portes pour sortir ses ouailles du sommeil l'amusa. Il avait son mot à dire sur le repos des morts et des vivants !

Pendant ses propres prospections, les volontaires des alentours arrivèrent. Comme convenu, ils patientèrent au pied du temple. Cinq heures plus tard, presqu'un millier de personnes attendaient, équipés d'un baluchon et d'armes de fortunes.

Après un grognement approbateur, Mowsadi, qui savourait un cigare avec une lenteur consommée, se posta devant le potomitan. Toujours avec théâtralité, il invita cette armée improvisée à traverser le potomitan, allant et venant lui-même dans le pillier sans rencontrer la moindre résistance.

Un premier groupe traversa. Norham sut convaincre d'un seul regard de traverser le dernier. Quand vint son tour, son baluchon sur l'épaule, il traversa le poteau comme une nappe de brume. Comme prévu, le temps de faire trois pas, il fut parfaitement aveugle, avant de sentir un air... radicalement différent de celui qu'il avait respiré toute sa vie.

Puis simultanément, les sons, les odeurs le sonnèrent. Quand il ouvrit les yeux, son esprit ne trouva aucun sens à ce qui l'entourait.

L'équivalent de quatre fois la population des villages du Lac Noir l'entourait. Premier choc. D'invraisemblables hommes-serpents, issus des pires cauchemars d'un esprit malade, allaient et venaient entre divers groupements humains. Second choc. Les bois alentours portaient une odeur dans l'air qu'il ne connaissait pas. Cela lui paraissait aussi naturel qu'inconnu. Troisième choc.

Bien d'autres choses attirèrent son attention, sans qu'il ne les retienne, l'esprit saturé. Mowsadi surgit du potomitan, son cigare toujours entre les dents. Pour attirer l'attention de ses nouvelles recrues, il frappa dans ses mains.

  • Bien ! Messieurs, merci à vous tous pour votre présence. Un ophidien du nom de Sviniss va vous guider jusqu'au corps d'armée auquel vous serez intégrés. Ne vous installez pas tout de suite, nous partons d'ici une heure. On va quitter cette forêt, pour marcher six heures et rallier une flotte. À partir de là, toujours avec vos nouveaux frères d'armes, vous aurez quatre semaines pour vous entraîner sur les navires. Ils seront assez vastes pour vous entraîner aux manœuvres, et à tout ce que vous devrez savoir faire pour le grand jour. Vous serez sous l'autorité du grand-prêtre Oodo, un maître du vaudou. Lui et ses subordonnés pourront parfaire votre maîtrise de cet art, je compte sur vous pour l'écouter attentivement. Du matériel vous sera distribué, à savoir des armes, des armures, tout le nécessaire de voyage. Servez-vous, ça a été volé aux impériaux !

L'orateur remarqua l'approche d'une silhouette connue des gens de Dalerme. Mensis le railla :

  • Tu parles beaucoup, ces derniers temps. Ne va pas te faire un claquage de la langue !
  • Je n'ai aucune leçon à recevoir d'un oublié.
  • Sale...
  • Je suis ravi de voir que l'Empire compte autant d'ennemis, constata un nouvel arrivant. Vous n'aviez pas menti, Mowsadi.
  • Je ne raconte toujours pas de fadaises. Messieurs, je vous présente Noxharn. Votre priorité est de veiller sur lui. Il détient une part non négligeable de nos chances de réussite.

Le nouvel arrivant mit l'auditoire mal à l'aise. Ce n'était qu'un homme, grand, moustachu, richement et sobrement vêtu. Une frange incertaine tentait de dissimuler son œil artificiel où luisait une lueur rougeâtre. Quelque chose émanait de lui. Une aura, assurément. L'instinct de Norham le mit en garde : cet homme était dangereux. Ce dernier balaya la foule d'un air morne, avant de s'éloigner sans rien ajouter. Mensis prit le même chemin.

  • Bien ! Sur ce. Avez-vous des questions ? Non ? Parfait, je laisse votre guide prendre le relais.

L'ombre solide s'écarta, cédant la place à un homme-serpent d'une laideur sans pareille.

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