Qu'est-ce que la société d'aujourd'hui ? Nous avons soi-disant gagné des droits et des libertés. La pensée, l'expression. Nous devrions être nous-mêmes, nous en avons le droit. Chacun devrait revendiquer sa personnalité. Alors qu'est-ce que cette masse, ce flot de gens tous identiques ?

J'aimerais qu'ils évoluent, qu'ils comprennent. Il suffit qu'une personne influente pense quelque chose pour que tous se mettent à penser comme elle. Or ce n'est pas ainsi que les choses devraient être.

Ils se laissent tous bouffer, se dévorent eux-mêmes. Ils n'ont plus aucune personnalité. Ils sont ensevelis sous leur préjugés, jugent les autres plutôt que de vivre. Mais que se permettent-ils de juger ? Des gens dont ils ignorent tout. Des gens qu'ils prétendent étranges. Ont-ils seulement déjà vu plus loin que leur reflet dans le miroir ? Ont-ils seulement déjà pensé que nous étions tous semblables, êtres de la même terre, nés de parents, avec du souffle et des sentiments ? Savent-ils seulement que tous nous sommes différents et uniques ?

Ils haïssent les autres car ils en ont peur, peur de la différence. Ils ont peur des autres car ils ont peur d'eux-mêmes, peur d'être différents, de dénoter. Ils sont incapables de défendre le dixième de tout ce qu'ils sont, pensent et ressentent ; incapables de soutenir le moindre de leurs intérêts ou une seule de leurs opinions. Ils ne tiendraient pas dix secondes, face à une armée de copies qui les pointent du doigt en répétant, inlassablement "Différent ! Différents !" ...

Jamais ils ne seraient capables de supporter ce qu'eux-mêmes font subir aux autres. Ce sont des lâches, faibles et cruels. Ils accablent des innocents pour se venger de leur mal-être. Ils ont fait de ce monde un amoncellement infecte de principes stupides, de règles inutiles et de clones qui s'entre-étouffent.

Ils disent que c'est la norme.

Le terme "normal" n'est pas plus rationnel que le terme "parfait". Il ne signifie rien, il est inexistant.

On est tous comme on est, point barre.

Les gens s'inventent une norme parce qu'ils ont peur d'eux-mêmes, encore. Leur peur les conduit à se confiner dans ce moule plus petit qu'eux, leur esprit anorexie et ils s'auto-détruisent.

Tous ça pour quoi ?

Une pression auto-infligée.

Une pression que leur foutue lâcheté, leurs normes imaginaires et des jugements sans valeur leur infligent.

Ils passent leur temps à contempler les autres dans l'espoir de pouvoir émettre une critique, comme si leur vie en dépendait, parce que leur seule raison de vivre est finalement la vie des autres, ceux qui sortent de leur norme inventée. Ils se jettent sur le moindre détail comme sur un oasis au milieu du désert, comme si cela leur était vital.

Ils ont l'impression de vivre, mais ils ne font que se nourrir d'autrui sans bouger le petit doigt. Ils n'avancent pas, ils sont coincés dans leur standards pitoyables, ils n'ont de vie que le reflet ou l'espoir, sans même en avoir conscience. Ils s'enferment dans une bulle d'inventions grotesques, s'interdisant de rêver et de vivre, d'avoir des choix et des goûts. Ils ne sont que des êtres copiés/collés.

Ils ne savent même pas qui ils sont, leur peur les pousse à l'ignorer.

Ils ont toujours fermés les yeux - ne l'ont jamais su - et ne sont pas prêts de les ouvrir.

Seront-ils seulement prêts un jour ?

Un jour viendra où le monde aura changé, j'aimerais pouvoir le dire. Mais si tous se contentent de commenter la vie des autres et que les autres, injuriés et haïs, se refusent à leur porter secours, jamais nous ne sortirons de ce cercle vicieux.

Nous devrions tous fermer les yeux, et faire un rêve commun, nous donner la main, nous donner une chance, et faire jaillir un monde meilleur.

Faire de nous des êtres meilleurs.