LE SILENCE DE MERVEILLE 2
de
Jean Noé

Huit ans s’étaient écoulés depuis le mariage de Merveille et Noé. Le centre “Maison des Merveilles” était devenu un modèle national. Merveille dirigeait avec rigueur et compassion. Elle formait des femmes, écoutait des filles, militait à la télévision et dans les écoles.
Espérance grandissait vite, malicieuse et vive. Emmanuel, adolescent désormais, avait hérité du calme de sa mère et du sens de la justice de Noé.
Tout semblait aller pour le mieux… jusqu’à ce que l’ombre du passé frappe à nouveau.
Un soir, alors que Merveille était à une conférence, Clarisse l’appela, paniquée :
— Jean est sorti de prison. Il a été libéré pour bonne conduite… et il rôde autour du quartier.
Le nom suffit à glacer Merveille.
Mais ce n’était pas tout.
Quelques jours plus tard, elle découvrit par hasard des messages sur l’ordinateur de Noé. Des échanges avec une femme, des rendez-vous à l’hôtel. D’abord elle refusa d’y croire. Mais les preuves étaient là.
Quand elle l’affronta, Noé avoua.
— J’ai été faible… Je ne sais pas pourquoi. J’ai tout gâché.
Merveille ne cria pas. Elle ne pleura même pas tout de suite. Elle s’enferma dans un silence douloureux, comme celui qu’elle connaissait autrefois.
Elle quitta la maison avec les enfants pour quelques semaines. Clarisse l’accueillit. Merveille pensa à tout ce qu’elle avait construit. Était-ce en train de s’effondrer ?
Mais le coup final n’était pas encore tombé.
Quelques semaines plus tard, elle se sentit constamment fatiguée. Elle pensait au stress, à l’émotion. Mais les examens révélèrent une réalité plus dure : un cancer du col de l’utérus, à un stade précoce mais agressif.
Ce jour-là, dans le bureau de l’oncologue, Merveille craqua.
— J’ai tout donné à la vie. Et elle me prend encore ?
Mais elle n’était plus seule. Clarisse, Emmanuel, Espérance… et même Noé, effondré, refusant de la laisser partir sans se battre.
— Tu peux me haïr. Mais laisse-moi t’aimer, même de loin, même en silence.
La maladie fut un combat rude : opérations, chimiothérapie, perte de cheveux, douleurs. Mais jamais elle ne perdit sa dignité. Elle continua à travailler, à sourire à ses enfants, à inspirer les jeunes filles du centre.
Noé, repentant, fut présent chaque jour. Sans promesses, sans paroles vaines. Juste par des gestes. Il s’occupa des enfants, cuisinait, priait.
Merveille mit des mois à lui reparler. Puis un jour, à l’hôpital, elle le regarda longuement et dit :
— Je t’ai aimé une fois. Je t’ai pardonné mille fois. Mais cette fois, je me choisis moi. Si tu veux rester, ce ne sera plus par promesse… mais par preuve.
Noé resta.
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QUAND TOUT VACILLE | Chapitre | 3 messages | 3 semaines |
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