Ma fille, mon étrangère...

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Il y a sept ans, un 15 juillet, nous étions maman et moi à la porte 8 Terminal A de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle. Au comptoir de l’Ethiopian Airlines. Nous nous envolions à ta rencontre… Mérone, je me souviens. De ta tête qui se laisse aller sur mes genoux dans l’avion. Je me souviens de toi sur le vélo et moi qui courre à tes côtés sur le parking du stade. Je me souviens de tes larmes silencieuses dans le taxi qui t’éloignait de l’orphelinat, de ta main dans la mienne à l’aéroport froid de Paris le 2 décembre 2017. Je me souviens de tes tours de vélo dans le camping de La Tranche sur Mer avec ta musique, de tes parties de Monopoly et de comment tu n’aimes pas perdre. Je me souviens de ta colère le soir où tu as découpé ma tête sur les photos, je me souviens de ta joie en rentrant à La Reine de Saaba (restaurant éthiopien à Paris). Je me souviens de ta main nous retenant juste avant que tu ne t’endormes. Je me souviens de toi et maman chantant La Reine des Neiges devant le public du camping. Je me souviens de ton premier jogging avec moi, je me souviens de notre fierté d’entendre la serveuse du Buffalo Gril dire comment tu avais assurée grave le service aux clients. Je me souviens Mérone de toutes ces choses qui resteront de ton enfance ici… Un soir, sous la lune, tu as voulu savoir ce que j’avais imaginé apprendre à un enfant, le jour où j’en aurai un. J’ai hésité, puis ai répondu le nom des arbres et celui des étoiles. Tu as ri car tu sais combien je suis ignare sur les fleurs, sur les arbres, sur la nature. Il y a une chose que je ne t’ai pas dite ce soir-là : avant que tu n'arrives, je pensais que seule la venue d’un enfant pouvait changer ce qu’il y a de plus ancré, de plus profond chez un être. Pour moi, c’est cette petite mélancolie qui me fait être peu bavard, un peu ailleurs, plongé dans un papier journal ou un bouquin. Pourtant, depuis que tu es là, il y a des moments avec toi où je suis ici et maintenant, nulle part ailleurs. Les moments où l’on joue, où l’on fait la bagarre, où tu m’embêtes, où tu me fais des blagues. Ces moments où je suis plus léger, c’est grâce à toi Mérone. Merci ! Je me souviens avoir longtemps regardé le ciel en imaginant suivre les avions qui s’en allaient de l’autre côté du monde où je t’imaginais jouer. Je me souviens, j’avais écrit Mon étrangère. Deux mots, deux seulement. Ceux qui m’étaient venus, les seuls sur lesquels le doute, l’incertitude et tous les tremblements n’avaient pas prise. Deux mots que j’avais fait suivre de trois points de suspension…

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