Extrait du chapitre 18, point de vue de Hyujin

Il est assez tard, mais je n’arrive pas à dormir. Aria, elle, est déjà endormie dans son lit. Je tourne la tête vers elle et observe ses cheveux noirs retomber sur ses joues rosées, sur sa peau pâle. J’esquisse un petit sourire. Cette fille est la seule à réussir à me faire sourire, en fait. Je ne comprends pas pourquoi. Je suis censé la détester, mais pourtant je suis là, à prendre soin d’elle, à la protéger. Je tiens trop à elle pour qu’elle soit mon ennemie.

Un bruit dans le couloir attire mon attention. Je me lève et ouvre la porte discrètement, puis jette un œil en dehors de la chambre. J’aperçois une grande ombre noire se glisser dans une des pièces du pavillon, et je referme la porte. Il faut que je prévienne Aria, il faut qu’on se cache.

Je m’approche d’elle et pose ma main sur sa tête pour la tapoter avec douceur. Elle finit par ouvrir les yeux et fronce les sourcils.

- Quoi ? chuchote-t-elle.

- On n’est pas seuls ici, réponds-je, les yeux rivés vers la porte.

Je lui fais signe de se taire.

- Ne panique pas. Je suis là. Cachons-nous.

- Où ?

Je lui montre sa coiffeuse en bois, dans l’angle de la pièce.

- Là-dessous.

On s’y assoit et lorsqu’elle se positionne, ses cheveux viennent effleurer mes bras et je me décale un peu pour lui laisser de la place. L’endroit est trop étroit pour s’y cacher à deux. J’observe la pièce plongée dans le noir, guettant un bruit ou un mouvement.

Quelque chose semble être tombé dans une pièce adjacente, et je sens soudain une pression sur mon bras gauche. Je tourne la tête vers Aria et distingue ses yeux effrayés. Je me redresse un peu, passe un bras autour de ses épaules et l’autre autour de sa taille, puis l’attire contre moi.

- Reste calme, murmuré-je.

Je sens mes joues brûler et mon cœur s’accélérer, mais j’espère qu’elle ne s’en rendra pas compte. Elle ne pourra pas me voir rougir, il fait trop sombre. En revanche, étant donné que sa tête est posée contre ma poitrine, elle pourrait entendre les battements de mon cœur. Espérons qu’elle pense qu’il bat aussi vite à cause de l’angoisse.

- Hyujin.

Un frisson me traverse lorsque mon nom franchit ses lèvres. Elle commence à trembler, alors je la serre un peu plus.

- Tout ira bien.

Enfin, j’espère.

En cas d’attaque, j’ai deux couteaux dans mes poches, alors je pourrai me défendre.

- Tu sais… tu es vraiment quelqu’un de bien, Hyujin. Je ne sais pas si j’aurais survécu à cette quête sans toi.

Je tourne à nouveau ma tête vers elle et la fixe avec intensité. J’approche légèrement mon visage du sien, la serrant encore plus. Mon regard glisse vers ses lèvres et mon cœur rate un battement. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai envie de l’embrasser. J’ai envie de sentir ses lèvres contre les miennes.

- Je te l’ai déjà dit, Aria. Je te protégerai quoi qu’il arrive.

Involontairement, je m’approche encore un peu d’elle. Si je l’embrasse maintenant, je n’ai aucune idée de ce qui arrivera. En réalité, j’ai peur de ce qu’il pourrait arriver.

Nos lèvres inférieures se frôlent, et je me recule brusquement. Mes joues chauffent de plus en plus, je tremble légèrement. Aria me regarde sans rien dire.

Je détourne les yeux, cherchant à reprendre contenance. L’obscurité nous enveloppe, je peux sentir la chaleur de son corps contre le mien. Mon souffle est légèrement saccadé, trahissant l’émoi qui me submerge. Je ne devrais pas ressentir tout ça. Pas pour elle, pas maintenant.

Un craquement résonne de nouveau dans le couloir, me rappelant brutalement la situation. J’inspire profondément, essayant de calmer mon esprit qui vacille entre l’adrénaline et cette sensation qui m’enchaîne à elle.

Aria se mord la lèvre, visiblement troublée. Je ressens un frisson parcourir mon dos, et mon cœur recommence à battre à une vitesse insupportable.

Pourquoi est-ce qu’elle me fait cet effet ? Ce n’est pas le moment de perdre mon calme.

Un nouveau bruit résonne dans le couloir, et Aria se serre un peu plus contre moi, agrippant le tissu de mon haut avec une force qui trahit sa peur. Je l’étreins avec puissance.

Je veux qu’elle se sente en sécurité. Je veux être celui qui la protège.

Je devrais essayer de lutter contre ces pensées, mais elles m’assaillent, me forçant à affronter une vérité que je ne peux plus ignorer.

J’observe son visage si proche du mien, ses yeux brillants d’inquiétude et d’une émotion indéchiffrable.

Dis, Aria, si maintenant, je te demandais de rester avec moi pour toujours, est-ce que tu le ferais ?

Mon cœur s’accélère. Et c’est à cet instant que je comprends que je ne peux plus faire semblant.

Je suis amoureux d’elle.