Rêve embrumé

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Embrumée, inaudible, insondable, une ombre me poursuit sans cesse, un écho, une voix, de multiples échos qui résonnent dans mon cœur.


Je me tourne et me retourne sans cesse dans mon lit, au milieu de la nuit.

Le sommeil me quitte peu à peu à l'aurore, les songes ont remplis mes heures de repos, mais un seul d'entre eux me reste en tête.


Un unique rêve qui me hante depuis des mois, des années peut - être...


Ça a commencé dès mon enfance, l'exotisme des récits racontés au coin du feu ou en plein été, les voyages que d'autres faisaient me laissant espérer.


J'ai longtemps cherché mon pays de cœur, celui qui m'intriguerait mais que j'aimerais sans faille dès mon arrivée en ces lieux.


L'Asie et ses multiples contrées, ses centaines de milliers de couleurs et de sons, ses parfums, ses senteurs et son indescriptible état d'âme.


On me l'avait décrite, je ne l'ai pas encore connue, et malgré mes peurs et mes angoisses, c'est ce continent que j'aimerai connaître, savourer, apprécier comme un fruit bien mûre ou une belle chanson.


L'Amérique aussi m'a longtemps fait de l’œil, le Canada et sa si particulière contrée du Québec : certains la qualifie de seconde France, de France de l'autre côté de l'Atlantique, mais c'est qu'ils n'ont rien compris.


Je ne l'a connais pas moi- même entièrement mais j'ai réussi à dépasser les clichés qui m'habitaient dans mon enfance, j'ai rencontré des gens qui m'en ont parlé, des amis natifs ou non. J'ai appris à connaître son passé, ses souverainetés variables et ses divers tracés.


Le Canada autrefois s'étendait seulement sur la région actuelle du Québec à ses débuts et était une contrée française bordée par la Louisiane espagnole et les 13 colonies anglaises, y vivre s'avérait souvent être un calvaire par la rudesse de son climat, de ses combats, de ses rapines entre français et anglais.


La France, à la différence de son voisin britannique préféra conquérir un large territoire à la densité de population très faible, qui se révéla indéfendable au fil des années, contrairement aux anglais qui étaient très nombreux sur un territoire plus petit.


Le Québec, ancienne colonie française en garde certaines souvenirs, certaines traces, certains mots, mais il s'est forgé sa propre identité et ses habitants en sont très fiers.


Autrefois, je voulais le visiter et y faire des études pour la simple raison que c'est un pays francophone qui me paraissait peu différent de ma patrie d'origine de par le simple fait qu'on y parle français.


Aujourd'hui, après avoir étudié ses origines, ses particularités et son identité, il me faut m'y rendre pour enfin valider ce que j'ai pu glaner parmi mes cours et mes amis.


Et c'est ce matin, justement que je vais enfin partir pour rejoindre la patrie que je rêve de parcourir depuis si longtemps.


Décrire en détails le long voyage en voiture jusqu'à Paris, puis la longue attente et l'embarquement dans l'avion direction le Québec me parait inintéressant et inutile.


Je me contenterai de décrire ma main broyant celle de mon petit ami au décollage et à l’atterrissage de l'avion, ma peur indescriptible et irrationnelle de prendre l'avion même si ce n'est pas la première fois, mon émerveillement enfin à la vue d'un ciel si bleu qu'il nous éblouit presque  puis ma joie et ma curiosité de nous voir survoler Montréal, vu du ciel, notre point d'arrivée.


Les heures de vol avaient été très longues et très courtes à la fois, longues de par mon angoisse d'être très haut dans le ciel et courtes par mon impatience et mon excitation de découvrir un nouvel endroit dont j'avais tellement entendu parler mais dont je voulais me faire ma propre opinion.


Je ne m’attarderais pas sur notre descente de l'avion et sur notre sortie de l'aéroport, mon excitation était à son comble et je cherchais sans cesse des preuves, des signes que je n'étais plus en France.


Les panneaux  m'intriguaient, les gens semblaient pressés mais souriants, les voitures me semblaient venir d'un autre monde, moi qui n'avait vu que très rarement des gens conduire avec le volant à droite.


Un observateur extérieur aurait pu au mieux me percevoir comme une touriste un peu niaise, au pire comme une idiote ou une folle sortie tout droit d'un asile mais je m'en moquais.


Tout m’émerveillais, me semblait si différent et nouveau et mon comportement bien que sujet à controverse m'offrait la complicité et la bonne humeur des gens que je croisais, souvent ravis de m'indiquer le chemin.


Mon petit ami ne me quittait pas du regard, il était lui aussi intrigué par toutes ses nouveautés, même s'il avait plus de retenue que moi de par son caractère et de par ses précédents voyages aux Etats Unis.


Bien sûr, le Canada et le Québec en particulier n'était pas les Etats Unis, mais ils avaient en commun un même continent, et la manière de vivre des Canadiens surtout se rapprochait de celle des Américains, mon petit ami n'était donc pas tout à fait dépaysé.


Les Etats Unis n'avaient pas la même culture que le Canada mais leur culture était toujours plus proche des Canadiens que la culture française et européenne en générale, ce sont tous des occidentaux, mais les deux premiers vivent de l'autre côté de l’Atlantique, un océan entre les deux change beaucoup de choses.


La ville me paraissait immense, lumineuse et intrigante, c'était une vraie mégapole au sens outre - atlantique du terme, une géante en elle - même toute à fait différente des villes européennes de par sa taille.


Elle se définissait comme un mélange très bien dosé entre une ville européenne et américaine, mais elle était plus que cela, une ville cosmopolite et intimiste à la fois, où chaque quartier avait sa propre identité, son propre charme, sa propre histoire, ce qui lui conférait une culture unique au cachet si particulier.


Elle était pleine de contrastes, ouverte sur le monde avec une aura audacieuse, pleine de fraîcheur, ce qui la rendait unique en son genre par le mélange de ses coutumes, de son histoire, des sons et des saveurs, de la manière de vivre des habitants qui profitaient pleinement de leur existence et faisaient de même pour les autres.


Elle était tout cela à la fois, un cadre magique où les terrasses se remplissaient l'été de milliers de touristes et d'une population hétéroclite.


/ Ce voyage ne faisait que commencer.../



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