On part, parce qu’il faut bouger, voir ailleurs pour exister. S’occuper du monde entier au lieu de ceux à côté. Parce que c’est plus simple de fuir la réalité alors que moi, je veux m’y frotter. Toucher là où ça fait mal pour ne plus y penser. On part parce que ça se fait, les gens bien naviguent dans les eaux usées, prennent le large de leur journée.

Moi, je veux rester, j’vais couler et j’men fous d’ la société. Je veux rester, pour me vautrer sur le canapé, faire l’amour toute la journée, se lever à pas d’heure et tout envoyer valser.

Mais on part comme font les gens bien nés, parce qu’il faut dire où on est allé, lancer le lieu, quand on revient, d’un air détaché. On part, juste pour pas rester. Je sais, partir c’est bien, ça fait discuter devant la machine à café, partir au loin, mais sans le jamais.

Moi, je veux rester, pour boire trop d’café, relire de vieux couplets, oublier d'ouvrir les volets. Je veux rester pour me faire chier, lancer les mots sans les rattraper, et rire de mes idées.

On part, mais je l’ai pas décidé. Je suis pas seule, sauf dans mes pensées et encore, on est plusieurs à discuter. On part parce qu’à la fin, on devra toujours rester.

Alors, moi, je veux rester, regarder les deux transats que t’as posés. Être seule à deux et pourquoi pas rêver.