Dans le grenier de Guillaume, on retrouve les copains. Pour y accéder, on grimpe à l'échelle et on se faufile par l'ouverture. La réception se fait sur une moquette moelleuse, épaisse et verte. Sur le circuit qui fait le tour du lieu, un petit train tourne calmement. La voie ferrée miniature est longée par une grande route où des voitures électrique se mesurent. Manettes en mains, avec les copains, on passe de bons moments.
A 15 ans, il y a tant à faire : il ne faut pas traîner ! L'heure de rentrer à la maison est arrivée. Je salue ceux qui restent, je m'assois, les pieds dans le vide et je lâche le rebord du grenier. J'ai oublié un détail : mon pied ne touche pas l'échelle. Je tombe.
A quoi me raccrocher ? Il n'y a que le vide. Combien de rayons a cette échelle ? Elle est très longue. Quelle est la hauteur du plafond ? Je suis très haut. Quelle est la distance du sol ? La terre est basse (même celle du 6ème étage). Que fait ce vélo garé sous l'échelle ? Le guidon me menace, juste sous moi. Comment faire pour l'éviter ? Je vais m'éventrer. Pourquoi je n'arrive pas à me raccrocher à l'échelle ? Il n'y a plus d'échelle. Combien de temps va durer la descente ? Je suis en suspension dans un espace réduit et infini et le temps l'est aussi. Juste celui de prendre des photographies de mémoire, le temps de tout voir. Les pensées fusent et se succèdent. Je bats des ailes mais je ne suis pas un oiseau. Où voler pour éviter la bicyclette dans cet étroit couloir ? Elle approche. Elle me fonce dessus, elle va me blesser, je vais mourir. C'est la fin !
Je passe à côté ; et je tombe sur mes deux pieds. Ouf ! Tout va bien !
Du trou en haut de l'échelle les copains s'inquiètent.
« - Ça va ? »
Je suis debout, je n'ai rien, après l'éprouvant voyage.
« - Oui, ça va bien. Ne vous inquiétez pas, je suis bien tombée, pas de problème. Je dois rentrer. A bientôt !»
Je fais quelques pas dans le couloir, la porte d'entrée s'éloigne, le couloir s'allonge. Tout tourne autour de moi. Tout va bien, ou presque. J'ai eu si peur. Je m'évanouis.