Jeudi 14 Janvier 2016, Bretagne

18h57

Regard ecchymose.

J'ai toujours estimé sa beauté, quelle qu'elle soit.

Une très belle femme aux yeux bleuâtres.

Indécis. Presque soumis.

Un regard ecchymose, où l'on peut y lire des pensées tristes.

L'épanchement de ses remords sous ses paupières y est encore perceptible.

J'y ai très souvent décelé une tristesse.

Sa tristesse.

Et parfois, elle se confie.

Un lien inextricable nous rapproche, une similitude de chemin de vie.

Et indéniablement, nous nous ressemblons.

Poursuivis par un continuel sentiment d'abandon, nous nous retrouvons l'une en l'autre.

Ce soir, je décèle en elle, un véritable agacement.

Sa voix si douce se tend.

Son regard bleu clair s'assombrit, me dominant de reproches.

Elle me regarde fixement.

Elle me dévisage presque.

Je suis mal à l'aise.

Je ne comprends pas.

Nous avons toujours eu une belle histoire elle et moi.

Enfin je crois ?

Intrusive, autant qu'une mère aimante et protectrice peut l'être envers son fils unique.

Elle reste, depuis ces longues années, d'un soutien inébranlable.

J'admets, avec pudeur et culpabilité, que j'ai parfois manifesté des émotions négatives à son égard.

Probablement parce qu'il subsiste en moi, un fond de jalousie.

Une jalousie qui cachent des frustrations inavouées.

Lui, ne voit pas ses défauts, ses bassesses.

À ma grande frustration, il se révéle intransigeant envers moi et excessivement indulgent avec elle.

Cette différence me provoque une impression d'injustice et engendre colère et désespoir.

Malgré un respect mutuel, une certaine compétitivité née de ce besoin de possessivité et d'appartenance au même homme, se dessine et étonnement se renforce au fil du temps.

Le cliché classique.

Sans originalité.

Un échange complexe et jamais simple.

Néanmoins, nous entretenons une relation saine et affectueuse.

Peu démonstrative mais existante.

Enfin j'espère.

Je réalise avec déception que cet attachement ne sera jamais définitivement acquis.

Je suis un peu blessée.

Beaucoup vexée.

À tout moment, annihilé par un élément perturbateur ou même anodin.

Je ne pensais pas que cet instant arriverait si vite.