13. Bon sang de troll !

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Jilam avait la nausée. Le monde autour de lui n’était qu’un éternel flou renversé : la terre en haut, le ciel en bas. Ses membres pendaient, attachés à un long morceau de bois. Les feuilles rouge, jaune et brun d’automne étalaient leurs couleurs criardes partout où il regardait. Le courant vermillon et brûlant du crépuscule s’écoulait le long du large sentier, vestige, semblait-il, du passage d’un troupeau d’hériphants en furie. Jilam aperçut Tête-de-Pie, son corps bringuebalant, pendu comme lui par les poignets les chevilles. Le voile sur ses yeux se dissipa légèrement et il découvrit Reyn. L’elfe, inconsciente, pissait le sang par la plaie ouverte de son front. Il les appela chacune d’elles mais aucune ne daigna lui répondre.

Des clameurs se moquaient de son calvaire. Les grosses voix tonitruantes s’alpaguaient, leurs échanges ponctués de puissants râles que le jeune homme finit par identifier comme étant des rires. Les trolls n’arrêtaient pas de se frapper le poitrail et l’abdomen de leurs poings redoutables. Le bruit produit évoquait le fracas de deux rocs s’entrechoquant. Chaque éclat de rire orageux, chaque fracas rocailleux lui infligeait une violente chair de poule. Sa vision nébuleuse l’empêchait de distinguer clairement les visages de ses ravisseurs. Tout ce qu’il percevait était les intenses lueurs dorées de leurs regards, qu’il s’empressait de fuir dès qu’ils se posaient sur lui.

Son angoisse se porta vers Nellis. Il tâcha de communier avec elle par la pensée, sans succès. Pendu comme un cochon à sa branche, ses bras et ses jambes lui infligeaient un mal de chien tandis qu’un tambour lui martelait le crâne.

Le soleil couchant l’éblouit brusquement. Ils avaient atteint une clairière. D’immenses bâtisses, semblables aux tertres des elfes mais si vastes qu’une seule aurait pu accueillir l’entièreté des habitants du Cœur-du-Bois, se dressaient avec orgueil par-dessus les herbages mordorés. Les dômes des habitations, recouverts de végétation, respiraient l’harmonie. Des parterres de fleurs batifolaient dans tous les recoins et leur lourd parfum embaumait les lieux, mettant à rude épreuve l’odorat sensible de Jilam. Alors que ce dernier se consumait dans une quinte de violents éternuements, les trolls éclatèrent de rire dans un brouhaha semblable au vacarme d’une avalanche.

Les liens des captifs furent détachés et ils s’affalèrent dans l’herbe molletonnée. Une poigne titanesque agrippa la cheville de Jilam, puis le traîna sans une once de délicatesse, avant de le jeter avec une ferme brutalité au milieu d’un cercle de pierres tracées de runes à demi recouvertes par une mousse grisâtre. Étendues près de lui, ni Tête-de-Pie ni Reyn la Rouge n’étaient conscientes. Les trolls les encerclaient, formant un véritable rempart en pierre taillée. Jilam ne voyait aucune issue. Le désespoir le saisit.

Le cercle s’ouvrit brusquement et un troll, plus petit que les autres car voûté, s’avança en direction des prisonniers. De toute évidence, il s’agissait d’un vieux troll. Dans sa jeunesse, il avait sans doute été le plus grand troll que la terre n’eut jamais porté. À présent, tout ratatiné, il n’en projetait pas moins une aura de puissance sur son monde. Il suffisait de constater la déférence avec laquelle ses congénères le traitaient. Il arborait fièrement la crinière d’une chimère et un imposant sceptre chamanique, en bois blanc tracé au charbon de runes semblables à celles taillées dans les pierres anguleuses.

« Pouah ! Ça schlingue le trouilleux ! »

Jilam s’étonna entendre le langage du bois. Les trolls possédaient leur propre dialecte. Le grand troll parlait avec l’accent d’un enfant de cinq ans et, comme les petits de cet âge, tout en mimant une grimace exagérée ; mais le timbre vrombissant, en mesure de faire rougir une armée de tambours, n’inspirait que terreur.

Le vieux troll approcha sa figure gonflée de hargne vers celui du jeune homme qui, par instinct, recula, le cœur battant à tout rompre. Un violent coup de pied le fit rebondir comme un ballon. Le responsable gronda en trollesque. Jilam ne comprit rien, si ce n’est le terme « Magibuk ». Il avait suffisamment étudié les races anciennes depuis toutes ces années et savait quelques petites choses sur les traditions trollesques. La plupart des clans trolls étaient dirigés par un prince-chaman : le Magibuk. Les Magibuks étaient choisis parmi les meilleurs éléments du clan, aussi bien pour leur talent de chasseur que leur pouvoir spirituel. Rares étaient les élus, et plus rares encore ceux qui prospéraient à ce poste. Le moindre signe de faiblesse amenait, chez les trolls, à une brutale déchéance, d’autant plus sévère pour les princes-chamans. À l’évidence, le Magibuk qui pressait le crâne de Jilam entre ses énormes doigts aux calles épaisses était un être sans pareil pour avoir vécu et dirigé son clan jusqu’à un âge aussi avancé. On ne pouvait se méprendre à la vue de ses rides qui tapissaient sa peau velue, tannée et ridée comme après un bain trop prolongé. La grisaille de l’épiderme donnait davantage l’aspect d’un crépi usé plutôt que celui du marbre inébranlable. N’en demeurait pas moins qu’il serait capable de broyer en poussière le crâne de Jilam d’une simple pression de ses poings couturés par les milliers de chasses et de rituels performés. Les trolls, bien qu’immortels, menaient une existence rude qui finissait par entraîner des ravages sur leur corps.

« Perdu dans ses pensées l’est l’ratacouard. Veut une bonne taloche pour l’réveiller ? » Le Magibuk décocha une pichenette à l’oreille de Jilam, lequel sentit tout son être vibrer sous l’impact du geste pourtant ridicule.

« J-Je me nomme Jilam, parvint-il à articuler à grande peine. Mes compagnons et moi ne faisons que traverser la terre des clans. Nous ne cherchons pas querelle, encore moins à nous attarder parmi vous.

─ Ah les ti’bou’d’bois ça s’croit fûté, ça couine et ça appelle ça chanter ! D’quel droit les ti’bout’d’bois v’nez dans not’vallée voler not’gibier ? » L’écho grondant suggérait que le vieux troll vacillait sur ses gonds, prêts à sauter au moindre clou.

Jilam, terrassé par l’effroi, s’agita sous l’énorme nez hérissé d’une forêt de poils à la texture de mousse. « Nous ne sommes pas venus ici pour vous voler quoique ce soit ! Je vous l’ai dit ! Nous ne faisons que passer, rien de plus ! Écoutez-moi, par pitié ! »

Un tonnerre de rires noya ses suppliques. « C’est ki mord le ti’mort ! Mort de trouille, garahah ! »

Un profond désespoir plongea Jilam dans un abîme glacial. Il ne savait comment raisonner un être pareil, qui avait commandé toute sa vie et dont la certitude était son outil de pouvoir le plus aiguisé. Sinon, comment ordonner à des brutes épaisses aux aguets du moindre signe de faiblesse ? Qu’il le crût ou pas n’avait aucune importance pour le Magibuk. Jilam et ses deux compagnonnes allaient mourir ici. Non qu’ils représentent une quelconque menace pour le clan. Aux yeux du prince-chaman, c’était un moyen de raffermir son pouvoir sans cesse en péril et de rappeler à l’ordre les dissidents au sein du groupe. Les débats n’avaient pas leur place dans pareille société. Celui qui s’essayait à discourir se trouvait aussitôt proscrit. La parole du chef faisait loi, et l’impudent qui osait la remettre en question devait s’imposer, non à coups d’arguments, mais par la puissance de ses poings, ou bien mourir dans la honte, privé de nom, oublié de tous.

Quel gâchis, songea Jilam. Une voix pareille servirait à merveille n’importe quel discours, enflammant la syntaxe la plus quelconque. Mais difficile d’en placer une au milieu d’un tel vacarme, sans parler d’édifier un raisonnement complexe, lorsque demander le sel à son voisin équivaut à déclarer la guerre. Il n’y a bien que Quo pour trouver ces gens civilisés.

Le Magibuk planta ses lourdes jambes arquées au milieu du cercle des siens et tonna ses ordres tel le maître des orages. Un poing rugueux saisit Jilam par les deux mollets tandis qu’un second l’attrapait par les épaules. L’horreur l’emporta quand il comprit bientôt à quel jeu comptaient se livrer ses ravisseurs. Les deux trolls, avec leur victime, se positionnèrent au cœur d’un espace dégagé non loin du cercle rituel et qui servait probablement d’aire de loisir. Les sbires attendaient le signe du prince-chaman. Ce dernier leva son sceptre. Jilam fixait l’imposante badine et ses sombres runes, figée en l’air tel un bâton ensorcelé.

Rien ne se passa.

Un hululement poignarda le pesant silence.

Le jeune homme dressa le regard, suivant celui du Magibuk, pointé en direction du sommet d’un des tertres d’habitation. La peur, qui un instant auparavant menaçait de lui fendre l’âme, fut balayée par un vent d’espoir. Il se sentit défaillir. Des larmes s’écoulèrent sur ses joues, une prière de gratitude à l’adresse des dieux d’en-haut, mille autres destinées à l’unique déesse d’en-bas, perchée sur son buisson à la cime de la butte fleurie, ses ailes blanches enflammées par le crépuscule. Les plumes flamboyantes fondirent sous la peau, ne laissant dans leur sillage qu’une crinière de soie orangée.

« Bien le bonsoir, amis trolls ! salua une voix sereine, portée par un vent subit, soufflé des hautes cimes dominant la clairière rutilante. Toi, le vieux crépi avec ton fauve moisi sur la trogne. Un conseil si tu ne veux pas que la nuit à venir ne soit définitive. » Sérénité pétillante d’une colère mal enfouie. « Garde ce bâton bien haut. Abaisse-le d’une phalange et tu n’auras plus de bras pour souffrir de l’arthrose, ni de langue pour t’en plaindre. »

Une rage inimaginable ravagea la figure ridée du prince-chaman. « L’gras d’pierre s’plaint pô !

─ Oh si, il le fait. Crois-moi, le railla la sorcière perchée sur son talus. Maintenant dis à tes deux bedaines rouillées de déposer délicatement leur jouet à terre. Je vous demanderai ensuite de bien vouloir vous éloigner de, disons, un bon millier de pas. De troll, pas d’elfe, cela va sans dire. Vous ne savez pas compter jusqu’à mille ? Pas grave. Suffit de recommencer à dix autant de fois jusqu’à ce que vos orteils heurtent la racine de la montagne. Allez, plus vite que ça, vous avez jusqu’à la tombée de la nuit. Autant dire que le temps vous est compté. Pardon, je me suis mal exprimée. Allons ! »

Jilam lorgna du côté du Magibuk. On aurait dit que le vieux troll avait gobé de la lave en fusion à la vue de ses énormes bajoues écarlates. Les poils de la chimère sur son crâne se hérissaient, sur le point de s’embraser. Il hurla des ordres en trollesque et aussitôt une marée de rochers brailleurs déferla en direction de Nellis, frêle silhouette taillée par les ombres du crépuscule.

Soudain, un brasier s’alluma sur la surface d’un des tertres que les flammes enveloppèrent en quelques battements soutenus. La vague enragée s’arrêta net devant l’impitoyable scène. L’émoi figé céda à la panique furieuse après que deux autres habitations eussent à leur tour succombé à l’attrait du feu. Le chaos s’empara du clan. Plus aucun troll ne s’intéressait à l’intruse. On se précipitait vers les habitations en proie aux voraces étincelles. Les trolls ramassaient avec frénésie d’énormes mottes de terre qu’ils balançaient dans la gueule des monstres-brasiers, dont la vivacité semblait décuplée par ces offrandes. Le timbre orageux du Magibuk s’acharnait en vain à dominer le tohu-bohu. Les traits consumés par une ire démente, il fixa son regard sur la sorcière, indicible forme au travers de la fumée. Sans la quitter des yeux, il posa son pied sur le crâne de Jilam qui, dans sa chute, avait heurté un caillou dissimulé dans l’herbe et gisait à demi inconscient, à la merci de l’énorme panard, pareil à une enclume, prêt à réduire ses pensées en purée de cervelle.

La conscience du jeune homme se trouva submergée sous une furie impitoyable qui n’était pas sienne. Tout là-haut, la sorcière était incapable de retenir le flot de violence cloîtrée dans son cerveau en ébullition.

Un rictus victorieux illumina la face rugueuse aux traînées noires et rouges du prince-chaman, champ de bataille entre les ombres de la nuit et les génies du feu. La pointe du sceptre éventra brutalement la terre. Les runes à la surface de bois blanc se mirent à briller d’une vive incandescence. Le ciel s’assombrit brusquement et aussitôt un déluge s’abattit sur la clairière des trolls, éteignant un à un les foyers autour desquels s’agitaient les énormes silhouettes. Le tonnerre retentit mais aucun éclair n’illumina les ténèbres soudaines. Le vacarme des trolls acclamait leur illustre chef.

Une coulée de boue éveilla Jilam de sa torpeur née de la commotion. Il vit alors l’immense forme triomphante du grand troll, se sentant comme une blatte aux pieds d’un géant. Il voulut prendre ses jambes à son cou, mais une main l’attrapa au vol et l’envoya planer. Sa carcasse fit des ricochés avant de s’étaler dans une flaque de boue. Incapable de se lever, l’humain tremblant se contenta d’implorer de ses pensées sa divine épouse, vague reflet lointain, que l’obscurité et l’averse éloignaient encore davantage.

En deux enjambées, le Magibuk fut sur lui. De sous sa pelisse de chimère, il dégaina une longue serpe effilée taillée dans un andouiller de roicerf. L’outil, qui aurait pu servir de scie à un bûcheron et trancher net le tronc d’un jeune bouleau, n’aurait aucun mal à sectionner les maigres tendons du cou freluquet.

La conscience flottante de Jilam perçut les reflets roses d’un pétale de fleur égaré à la surface de l’eau sombre et embrassa la vision dans l’attente du couperet fatidique.

La serpe dorée frappa à l’instant où une ombre surgit pour soustraire le supplicié au bourreau. Le cœur du jeune homme se serra à la vue de la paire de lueurs dorées transperçant les ténèbres de son monde. « Q-Quo !

─ Juste à temps. Un peu plus et j’étais bonne pour recoller les morceaux. »

L’époux de la sorcière, aveuglé par la pénombre, devina le sourire de la démone, rayonnant de malice. Tous deux perchés dans une branche, Quo tenait fermement Jilam entre ses bras. Ce dernier contempla en contrebas le village des trolls s’enflammer de plus belle. La pluie ne parvenait plus à étouffer le brasier, au contraire, elle semblait le nourrir. On aurait dit que les enfers éclairaient la nuit.

Les trolls hurlaient, se bousculaient, apportant des baquets de terre et d’eau sans que cela n’atténue un tant soit peu le feu vociférant. Les pieds lourds martelaient le sol, donnant l’illusion d’un séisme. Illusion accentuée par le tintamarre enragé.

Jilam ne pouvait s’empêcher de s’émerveiller devant le désastre magnifique qui se déroulait sous ses yeux naïfs ni en détacher son regard.

« Temps de décoller, affirma Quo.

─ Attends ! On ne peut pas abandonner Nellis !

─ Oh, je crois qu’elle se débrouillera très bien toute seule. La priorité est de te conduire en sûreté. Ce sont ses ordres.

─ Eh, mais les autres... Reyn et Tête-de-Pie.

─ Ne t’en fais pas. Elles nous attendent. »

Jilam s’ébahit de la plénitude sereine que dégageait la démone. Du chef, il acquiesça. Le duo abandonna la clairière embrasée, Jilam dans les bras de Quo qui sautait d’arbre en arbre avec l’agilité d’un écureuil volant.

Ils na tardèrent pas à rejoindre les deux Rats Chevelus, sous le couvert d’un épais bosquet dissimulé par une crête de rochers. Tête-de-Pie se tenait au chevet de Reyn la Rouge qui se plaignait de ses soins. « C’est bon, t’es pas ma mère, et c’est rien qu’une petite égratignure de rien du tout. Pas besoin de ta pommade à la noix.

─ C’est de l’écorce d’if mélangée à de l’ortie. Ça t’évitera de devenir zinzin quand les champignons auront poussé dans ta cervelle de pibleu. » La fée-lutin se détourna de sa patiente. « Jilam ! En vie et entier ! »

Le jeune homme rejoignit ses deux camarades, heureux de pouvoir les serrer dans ses bras.

« Quel sacré veinard. On peut dire que tu l’as échappé belle, déclara Tête-de-Pie en lui pinçant la joue.

─ Comment ça ? s’étonna-t-il. Tu t’étais évanouie. »

Un museau de rat sembla pousser du bec de la fée-lutin tant la ruse parée d’orgueil s’empara de ses traits. « Mon jeu t’a plu ? Plutôt convaincante, non.

─ Tu feignais ?

─ Tu sais que les pies font le mort quand elles sont en danger, pour tromper les prédateurs en faisant croire que leur viande est avariée.

─ À quel moment t’as cru que t’allais duper des trolls ? intervint Reyn. Ils sont pas finaux, ça oui, mais c’est pas comme si que tu sois morte allait les empêcher de te désosser pour jouer aux osselets. »

Tête-de-Pie dressa les épaules, insensible aux arguments de sa cheffe de clan. « Troll ou pas, faut tout essayer, même quand y a pas de solution. C’est ce que disait toujours Maman.

─ Ouais, bah ta mère, c’était sans doute le genre à se faire plumer. Aïe ! »

La fée-lutin venait de décocher un violent coup à la tête meurtrie de l’elfe. « Si t’avais eu une mère, elle t’aurait appris à fermer ton groin.

─ Allons, allons, intervint Quo. Le moment n’est pas propice aux disputes. Les trolls ne tarderont pas à se lancer à notre poursuite. Notre sorcière ne les retiendra pas éternellement. Mieux vaut ne pas traîner. Les trolls ont des jambes solides et la colère les rend plus hargneux qu’une démonifée éconduite. Sans compter qu’ils sont parfaitement nyctalopes. Alors inutile de compter sur l’obscurité pour les semer.

─ En attendant, ma farce a marché, ajouta Tête-de-Pie, torse bombé. Grâce à la diversion de Jilam, les trolls nous ont complètement oubliées. » La diversion de Jilam ? s’enquit ce dernier à part lui. « Dire qu’il a fallu que je traîne tes grosses fesses jusqu’à ce que Quo débarque. Quitte d’un remerciement, tu pourrais au moins m’épargner tes caprices d’elfette. »

L’elfe aux cheveux de feu se rembrunit, visiblement touchée au cœur de sa fierté. Quant à Jilam, il n’en revenait toujours pas d’être en vie.

Le petit groupe s’éloigna sans plus s’attarder, à travers bois, attentif au moindre bruit. La pluie magique avait cessé, les nuages s’étaient dispersés comme autant de moutons effrayés par le loup, et une averse d’étoiles inondait le ciel nocturne au centre duquel trônait le disque de Maman Lune, tournant à moitié le dos à ses enfants.

« Nous devrions atteindre Morbani quand elle sera pleine, après son retour du pays du néant, commenta Quo, Jilam juché sur ses épaules.

─ Qu’est-il arrivé à Silène ? demanda ce dernier, inquiet.

─ Elle va bien. Je l’ai récupérée des mains d’un vilain troll.

─ Comment tu as fait ?

─ Je lui ai d’abord demandé avec le plus grand respect en usant des termes adéquats. Toujours employer la diplomatie en premier, Jilam. C’est très important.

─ Mmh. Et après ?

─ Il s’est montré rude. Voilà pourquoi j’affirme qu’il était vilain.

─ Et ensuite ?

─ Je suis partie avec Silène.

Visiblement, la démone borgne ne souhaitait pas s’attarder sur les détails. Jilam l’avait déjà remarqué. Si Quo n’avait aucune honte à faire étalage de sa nature, elle répugnait toutefois à la violence quand celle-ci intervenait en dehors de la nécessité de se nourrir. Qui n’avait jamais entendu parler d’un démon pacifique et philosophe ?

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