Chapitre 40 : Sel marin

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– Au moins vous pourrez refaire la décoration et mieux agencer le magasin, commenta Rubis.

Rubis, Loënia, Rashnoé, Matze et Braken étaient en voiture. Le prince était derrière le volant. Ils se dirigeaient au fin fond de Cryset, dans un parc naturel situé près de la mer et du port de commerce.

Braken parlait très peu et marmonnait dans sa barbe dès qu’il devait rétrograder. Les routes de Cryset étaient parsemées de panneaux stop, de feux rouges et de priorités à droite.

Loënia avait posé sa tête sur l’épaule de son petit-ami. Ils étaient tous les deux à l’arrière avec Matze. La fée était courbaturée après l’entraînement qu’elle avait mené avec les vampires.

Quand ils s’étaient rejoints au palais, Rubis avait couru jusqu’à la voiture pour réserver sa place à l’avant. Braken ayant les clés (et surtout la voiture), personne n’avait protesté. Des gardes les suivaient dans une seconde automobile.

Après un week-end à vider, ranger, laver, aller à la déchèterie et à débarrasser Lent-Sorceler ; après un week-end où même Braken Terralin avait mis la main à la pâte ; après un week-end de travail acharné, Rashnoé réussit à sourire.

– Comme ça, la décoration ne te plaisait pas ? Lui demanda Rashnoé, un poil pincé.

– Non, j’aimais bien, mais il était quand même difficile de circuler avec tout ce bric-à-brac.

– Tu t’enfonces, rit Matze.

Il était plus concentré sur son téléphone portable que la conversation, mais il y participait tout de même.

– J’ai appelé Thaïs ce matin pour le remercier, reprit Rashnoé. C’était très gentil de sa part d’être venu nous aider.

Loënia posa sa main sur sa cuisse.

– Il a vraiment eu de la peine pour toi et ta famille. Par ailleurs, il viendra au rassemblement avec d’autres vampires. J’ai hâte de voir combien nous serons !

Rubis se retourna, un sourire plus grand que jamais sur le visage. Elle avait attaché la moitié de ses cheveux roux pour former un chignon.

– Nous devrions être une bonne centaine, selon nos sondages sur Mistigri.

Matze acquiesça plus faiblement. Il releva la tête de son téléphone portable.

– Disons entre quatre-vingt et cent cinquante personnes.

– L’intervalle est grand, commenta Rashnoé d’un ton maussade. Je ne suis pas sûr que nos efforts payent.

Loënia prit un air choqué.

– Nous allons améliorer les relations entre les créatures magiques de Bretagne. Pense à l’effet papillon. Ce rassemblement sera la première pierre, le premier grain de sable qui mènera à une meilleure entente et moins de préjugés. Cela va très bien se passer. De toute façon, la seule chose qui pourrait me faire changer d’avis serait un signe très clair du destin.

Loënia n’eut pas à attendre très longtemps. Cinq secondes après la fin de sa phrase, un corbeau percuta de plein fouet le pare-brise de leur voiture. Rubis et Matze crièrent de surprise. Braken fronça les sourcils et activa les essuie-glace pour effacer les traces de sang laissées par l’oiseau.

Rashnoé haussa les sourcils, Loënia le foudroya du regard.

– On arrive quand ? Grommela la fée en se tournant vers le conducteur.

Elle croisa les bras sur sa poitrine, mécontente. Elle était très superstitieuse, comme beaucoup de sorciers et de fées.

Braken réalisa un magnifique créneau sur la bordure d’une route.

Le groupe sortit de la voiture, plus ou moins excité. Matze s’étira à côté de Rashnoé qui scrutait les lieux. Au bord d’une dune, Loënia et Rubis observaient la plage. Leurs yeux brillaient d'une telle joie qu'on aurait pu croire qu'ils étaient emplis de magie. Braken marchait jusqu’aux gardes qui les avaient escortés jusqu’ici. Ils étaient trois.

Ils se trouvaient sur la façade maritime de Cryset. Loin des architectures de métal du port de Brest, la plage était immense. Elle était agréable avec ses parcelles de coquillage et de sable épais. Beaucoup de famille y venaient toute l’année, pour se promener ou pour se baigner. La dernière fois que Loënia s’y était rendu, c’était avec Raison pour lui changer les idées. Sa sœur venait de rompre avec Amare à cause de leur mère adoptive.

– C’est formidable, s’exclama Loënia, ceux qui voudront se baigner le pourront. Cela fera une activité de plus !

Loënia et Rubis mirent leurs lunettes de soleil.

– Il y a peu de places de parking, protesta Rashnoé.

– Tu fais preuve de mauvaise foi, le rabroua Braken en se rapprochant du groupe. Quand les gens vont à la plage, ils se garent n’importe où. La route est large, ça ira comme ça. Bon, fit-il en posant sa main sur le pommeau de son épée. On est ici uniquement pour repérer les lieux. Le rassemblement aura lieu après-demain. Je compte sur chacun de vous.

Loënia sortit un bloc-note de son sac en toile. Elle comptait bien ramener un peu de douceur pour apaiser les tensions entre Rashnoé et Braken.

– Alors… Attendez deux secondes, je n’arrive pas à me relire. (Elle mit ses lunettes de soleil sur sa tête). Rubis et Matze s’occupent des jeux collectifs. Balles aux prisonniers, cache-cache enchanté, pétanque, pêche aux canards et œufs à la cuillère. Matze, tu t’occupes d'ensorceler le matériel, si j’ai bien compris ?

Le sorcier aux yeux jaunes acquiesça.

– Le matin même nous irons récupérer des jeux dans une association, fit Rubis qui sautait presque d’excitation.

– N’oubliez pas de mettre ensemble deux personnes d’espèces différentes, n’est-ce pas ? Leur répéta Braken.

Ils hochèrent la tête, Loënia reprit.

– Rash et moi nous occupons la nourriture. Sa mère nous préparera trois gâteaux. Avec Thaïs, j’en cuisinerai autant, puis nous amènerons des apéritifs. Nous aurons aussi des boissons dont du sang, bien sûr. Adrien accepte de nous donner une partie de sa réserve personnelle. Nous espérons que les boîtes isothermes seront efficaces. Thaïs viendra avec nous, il sera là au début de l’après-midi. D’autres vampires du clan d’Adrien devraient venir également. Amare, Raison et toi, Braken, vous occuperez de la partie dialogue. Raison et Amare sont en train de disserter et de chercher les thèmes à la maison. Liséa devrait également passer au rassemblement avec quelques amies.

Loënia releva la tête de son bloc-note. Rubis et Matze se dévoraient du regard en chuchotant. Ils n’avaient rien écouté.

– Je vais aller repérer les lieux, fit le prince.

Aussitôt, ses gardes le suivirent. Ils étaient autant là pour assurer sa sécurité extérieure que pour vérifier qu’aucun membre du groupe n’allait lui sauter dessus et attenter à sa vie.

Rashnoé plaça sa main dans celle de Loënia.

– Et si nous allions inspecter les bancs que je vois là-bas ?

La surface du terrain était vaste. Il ressemblait à une aire de camping. Il y avait un barbecue, cinq ou six tables avec des bancs en bois et un parc de jeux pour les enfants. Ils imaginaient parfaitement comment s’organiser. Une seule table leur suffirait pour disposer tous les gâteaux et les boissons.

– Comment te sens-tu ?

Rashnoé promenait son regard sur les pins. Leurs branches battaient l’air continuellement depuis une demi-heure.

– Désoeuvré. J’ai perdu mon travail probablement à cause de personnes malveillantes. Heureusement, nous sommes assurés. Mon père se demande si ce n’est pas à cause des actions que nous essayons de mener. Je ne compte pas baisser les bras mais… Loënia, je ne suis pas comme ton cousin. Si je perds ma boutique encore une fois, je suis ruiné, et mon père ne pourra pas m’offrir un autre emploi.

Loënia acquiesça lentement. Elle savait qu’il avait raison. Rashnoé pâtissait des actions qu’ils menaient, et il était le seul.

– Ta boutique sera reconstruite et tu retrouveras ton emploi dans quelques semaines, lui assura Loënia, foncièrement optimiste. Quant à ce qui s’est produit… J’aimerais te promettre que cela n’arrivera plus mais je ne peux pas. J’espère simplement que toi, en particulier, n’aura plus à en pâtir.

Rashnoé serra un peu plus fort sa main.

– Je t’aime, tu sais ?

Loënia sourit.

– Moi aussi, Rash. Moi aussi, je t'aime.

Ils rejoignirent Matze et Rubis et s’assirent sur le sable chaud. Braken ne tarda pas à se joindre à eux.

Loënia eut envie de rester là pour toujours. La brise était agréable et caressait leurs cheveux. Le soleil fondait dans les vagues. La température n’était ni trop chaude, ni trop froide, juste parfaite pour s’allonger dans le sable, avec des amis, et profiter du silence de la mer.

Voici les notes que je m'étais laissée avant la rédaction de ce chapitre :

chapitre 18 début

Et oui, il y a bien un moment où il faut écrire.

R.I.P

Bois de l'eau

En tout cas, buvez de l'eau ou de l'eau aromatisé, peu importe,

J'espère que vous avez apprécié ce chapitre,

Jane Anne

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