La femme kabyle, symbole de tous les souffrances faites aux femmes ?
La vieille femme avait le dos brisé. Toute sa vie durant elle avait servi de mulet pour son homme. Elle marchait péniblement, comme si la charge à laquelle la vieille femme était habituée était encore présente. Il n'y a qu'en Kabylie où une femme montre sa souffrance avec une telle clarté, une telle évidence à celui qui reste perplexe. Et pourtant elle marche, elle gravit les chemins sans gémir, sans se plaindre. Et d'ailleurs, se plaindre à qui?
Nulle part ailleurs qu'en Kabylie on ne peut que voir ces femmes courbées, portant une croix invisible, une croix qu'elles ont portée et assumée durant toute leur existence sans rien attendre en retour. Femmes brisées. Femmes mutilées. Femmes martyrisées. Mais jamais femmes libérées. La cruauté de la société kabyle passe par le travail infligé aux femmes. Elle enfantent et elles crèvent.
Parce qu'il faut qu'elles crèvent. C'est leur destin de crever et d'enfanter.
Adrien de saint-Alban
Annotations
Versions