Mon cauchemar magique
de
I.O

Bon bah ... On y est.
Dernière soirée dans la solitude, à Lisbonne.
Mon aventure prend fin ici.
C'est rigolo. J'ai passé des mois à attendre que ce cauchemar s'arrête, et que ma période d'emprisonnement prenne fin, et maintenant que c'est terminé, Je ressens presque une … nostalgie.
Je suis arrivée dans cette ville pleine de rêves, pleine d'ambitions, pleine d'espérances. Et il m'a fallu que quelques semaines pour tomber amoureuse de l'autre extrême. De l'extrême maudite. De l'extrême tueuse.
Dans ces 83.7 km², je me suis regardée m'écrouler, petit à petit, emportant avec moi mon désir de vivre et ma faim de réussite. Me briser, morceau par morceau, libérant la moindre lueur d'espoir de mon corps. Me couper, veine par veine, me laissant vider de mon sang noir, jusqu'à la dernière goutte.
Dans cette merveilleuse capitale, Je me suis observée Mourir.
Et là, je repars, je retourne dans mon pays, dans ma ville, dans ma maison, dans mon école, avec mes proches, avec mes amis.
Là, je retrouve ma vie d'avant.
Sauf qu'il y a un petit bémol. Ça veut dire quoi ma vie d'avant ?
Car, voyez-vous, apparemment, je n'ai même pas été capable de garder mes souvenirs enfermés derrière les barreaux. Même ma mémoire m'a trahie, m'abandonnant avec mes peurs et mes appréhensions comme seule compagnie.
Alors oui, c'est vrai. Je suis excitée. Excitée comme une puce. Mais pas parce que je vais retrouver mon ancienne vie. Juste parce que je vais quitter celle-là. Et comme ma mère n'a cessé de me le répéter, Quoiqu'il se passe, je ne pourrai trouver pire que cette misérable chose qu'on a nommé une expérience. Mon expérience.
J'ignore comment je vais pouvoir quitter mon lit tous les matins, en ayant autre chose à faire, à part lever les yeux vers ces quatre coins qui m'ont prise en otage, et m'effondrer en larmes, avant de me rendormir m'enfuyant pour retrouver mes rêves.
J'ignore comment je vais pouvoir ouvrir la porte de ma chambre en trouvant ma famille, et prononcer de nouveau un " bonjour " tous les matins sans flipper de me retrouver avec des personnes que je ne méprise pas, et à qui je n'essaie pas de rendre la vie difficile.
J'ignore comment je vais pouvoir me préparer dans ma chambre, devant mon miroir, et me faire belle pour sortir de la maison, et non pas trainer en pyjama sous une couverture, avec les yeux cernés, la peau sèche et les cheveux en pétard.
J'ignore comment je vais pouvoir aller en cours tous les jours, en ayant des gens qui m'adressent la parole, des " potes " avec qui je parlerai, sans avoir une réaction agressive ou un geste brutal.
J'ignore comment je vais pouvoir me tenir droite dans l'amphi, en me présentant aux cours, retenir mon stress, ma nervosité et ne pas être capable de quitter la salle à n'importe quel moment, parce que je ne peux plus me contrôler.
J'ignore comment je vais retrouver mon meilleur ami, tous les jours, et " parler ", engager une conversation, sans que je ne le blesse par mes propos à la con.
En résumé, J'ignore comment je vais pouvoir vivre de nouveau en communauté.
Je me sens, comme un animal sauvage qu'on aurait enfermé dans une cage depuis longtemps, et qu'on est sur le point de libérer, avec toute la rage et la violence qu'il peut avoir. Malgré tous les désastres et les dégâts qu'il peut causer.
Je ne sais pas comment je vais faire pour ne pas attaquer la moindre personne qui me dérange.
Je ne sais pas comment je vais faire pour me retrouver de nouveau en groupe: Que ce soit pour une sortie de groupe, ou une lamma familiale.
Et surtout, je ne sais pas comment je vais pouvoir écouter toutes ces questions sur ma " fabuleuse " expérience à l'étranger, mes impressions sur Lisbonne, mes résultats scolaires, les potes que je me suis faite, les activités auxquelles j'ai participé, les soirées auxquelles j'ai assisté, et tout ce délire auquel NORMALEMENT je devrais avoir une réponse.
Je suis venue avec mes ambitions et mon plan de vie parfaite, de succès professionnel, et d'existence épanouie, et je repars en stade de " dépression grave ", découvrant que j'étais maniaco-dépressive, avec comme seul choix de survie, arrêter tout, et faire un travail sur moi-même pour me soigner, avant que toute cette merde cause ma perte.
J'appréhende. J'appréhende énormément.
Je suis inquiète. Effrayée. Terrorisée par ce qui m'attend.
Mais bon, au moins, une chose est déjà sure,
Ce cauchemar est fini.
Et je ne suis pas prête d'en refaire un. Pas pour le moment. Pas avant très très longtemps.
- I.O
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Commentaires & Discussions
Mon merveilleux cauchemar | Chapitre | 2 messages | 8 ans |
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