Chapitre 2, La route .

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Jean-Thomas chevauchait en tête avec son nouvel ami. Il avait immédiatement fraternisé avec Louis, le guide, un Américain du même age que lui. Un homme de la plaine. De sa mére, une Hidatsa, il avait hérité d'un nez busqué, d'un menton volontaire et de sa peau mate. Il avait par contre les cheveux chatains et les yeux clairs de son pére, un trappeur Canadien. Il ne savait ni lire ni écrire mais il s'en fichait, il savait pister un cheuvreuil, chasser l'élan et l'ours, il connaissait les herbes qui trompaient la faim dans le désert et les feuilles qu'on faisait bouillir dans de l'eau pour guérir de la diarhée. Le jeune Provençal l'amusait, il lui lisait, des passages entiers de bas de cuir, le héros de fénimore cooper, cette vision de l'ouest sauvage romancée à souhait, le faisait rire aux éclats. Au fond les deux garçons étaient pareils, deux êtres simples, aimant la nature et les plaisirs simples de la vie.

Maureen avait essayée à plusieurs reprises de chevaucher auprés des deux hommes, mais elle avait remarquée une réticence de la part du métis. Lorsqu'elle s'approchait, il s'éloignait ou se taisait. Elle s'en était plainte auprés de son mari, le soir, lors du premier bivouac. Il n'avait pas su que répondre, il avait éludé la question en parlant d'autre chose. Elle n'avait pas insisté, ce n'était pas trés important, mais elle serait plus vigilante à l'avenir, elle n'avait aucunement l'intention de jouer la femme taiseuse et soumise, qui se cantonnait aux taches domestiques dans la journée. Elle alla se coucher plus tôt ce soir là cependant et repoussa ses avances quand il la rejoignit sous la couverture.

  • Pas ce soir, Jean-Thomas, je suis fatiguée.

Son mari ne fût pas dupe, il la questionna:

  • Maureen, tu me le dirai si j'avais fait quelque chose qui ne t'avais pas plu ?

Elle continua cependant à lui tourner le dos et lui répondit d'une voix froide

  • Non, tout va bien, je t'assure...
  • Non, je n'en crois pas un mot, si je te chatouille, là et là... dit il en joignant le geste et la parole tout en essayant de remonter sa chemise de nuit.

Elle continua de résister encore un peu , elle allait céder, même si elle n'avait pas trop envie de lui donner ce plaisir ce soir, elle savait qu'elle allait céder, mais voulu résister un peu, par principe,Il faudra bien qu'il comprenne qu'elle n'était pas sa chose. elle repoussa ces mains audacieuses et se descida à parler, avant de craquer, elle avait tant envie et besoin du corps chaud de son mari ce soir, elle en avait révée toute la journée

  • Oui, ça va pas, Jean-Thomas, j'ai passé une journée horrible, je ne trouve pas ma place avec les autres femmes, elle parlent toutes un sabir incomprehensible, restent entre elles et ne parraissent ni ouvertes sur le monde qui les entoure, ni ouvertes aux autres. Les hommes eux, non plus ne brillent pas par leur ouverture d'esprit, certains, même me font peur, ils ont des regards lubriques de chien en chaleur, même les vieux, mêmes les chefs de famille, ne devient jamais comme ça mon chéri, sinon je te le dis tout net , je te quitte.

Elle pleurait maintenant, elle se jeta dans les bras de son mari et lui dit

  • Oui, même si je suis fatiguée j'ai envie de tendresse ce soir...mais j'ai besoin de parler aussi, que tu m'écoutes, que tu me répondes. J'ai bien vu, quand tu est avec Louis, tu ne t'interresse plus du tout à moi, je ne suis pas juste une chose à carresser, tu rie avec lui, j'ai essayé...mais vous ne m'acceptez pas . Vous voulez rester entre hommes.
  • Ho! tu ne va pas faire l'enfant, c'est donc ça que tu me reproche ! écoute, c'est dur pour tout le monde , cette marche épuisantes ennuyeuses à mourir, cette poussiére, les Allemands ou les Italiens non plus je les comprend pas, je ne les supporte pas, je suis allé aider cet aprés midi les Schmidt, ils avaient un probléme avec un de leur chariot, une de leur femme, une fille plutôt s'est approchée un peu trop de moi à leur gout, un homme, un grand sec, l'a rabrouée, j'ai cru qu'il allait lui taper dessus, comme si j'allais lui faire la cour, elle était môche en plus... Il m'a regardé d'un air mauvais aprés ça, il m'a fait comprendre qu'ils n'avaient plus besoin de mon aide.
  • Oui, mon mari, ça va être compliqué de voyager avec ces gens là, Mais c'est pas une raison pour m'ignorer, faire comme si je n'étais pas là quand... on vient juste de commencer un périple de plusieurs moi et tu deviens quelqu'un d'autre !
  • Tu sais quoi Maureen, dit Jean-Thomas un peu plus brusquement que ce qu'il aurait voulu, Je crois que je vais prendre l'air dehors, fais la tête si ça peut te faire plaisir, moi j'ai envie de prendre un peu l'air.

Maureen qui ne comprit pas ce qui venait de lui arriver, se ratatina dans son coin et ravala ses larmes améres.

Il chercha ses bottes à tatôn, se rappella qu'il les avait déposé au pied de la roulotte, les enfila brusquement, il se rappela , un peu tard les conseils de Louis qui lui avait dit ce matin :

Les bottes, si tu ne peux pas les mettres dans le chariot, tu les attache en l'air, et lorsque tu les enfile, tu fais bien attention à ce qu'elles soient vides, les serpents adorent les bottes qui puent des pieds, marcher en chaussette sur un crotale, c'est la mort assuré.

Heureusement, les bottes étaient vides cette fois ci. Mais il y pensera la prochaine fois. Surtout, il le savait, en Provence, il faisait les mêmes gestes, il prenait ses chaussures et les renversait en tapant dessus, ce n'était pas pour les crotales, mais pour les scorpions, ça faisait mal, une piqure de scorpion.

Il regrettait déja son geste d'humeur, il la comprenait, elle n'avait pas dû passer une journée interessante, mais il n'avait pas envie de se laisser marcher sur les pieds, une femme disait son pére et ses fréres autrefois, ça doit rester à sa place. Il lui faudra être pus attentif à l'avenir, il lui faudra être plus à l'écoute de sa jeune épouse. Mais, il n'était plus ni à Nice, ni à New-York, chez sa tante. Il ne fallait pas qu'il lui donne l'occasion de...il ne savait quoi au juste. Mais un homme, ça commande, c'était lui qui n'en avait pas envie ce soir, enfin plus envie, il l'avait vue venir de loin avec ses gros sabots, ces yeux de biches au abois et ses petits seins fermes qui semblaient dire : je ne veux pas que tu me touche, je te défend de le faire, mais prend les dans tes mains...

Il désobeit une nouvelle fois aux ordres que leur avait dicté Louis à leur arrivée dans le groupe.

Surtout ne pas quitter l'enceinte protectrice des chariots, s'ils étaient disposés en cercle, c'était pour la protection des gens du convoi, un homme hors des chariots la nuit était un homme vulnérable.

Fort heureusement il n'avait pas été repéré par le métis, il n'avait pas envie de lui rendre des comptes ce soir et il avait envie de respirer l'air frais de cette douce nuit de printemps.

La lune éclairait la prairie, à une centaine de mêtre devant lui se dressait un petit bois de saule, oui il se rappelait ce qu'avait dit le guide...un bosquet, une butte, un gros buisson pouvait cacher un ours, un couguar, ou un parti d'indiens en maraude. Mais là, on venait tout juste de quitter Indépendance, surtout, il les aurait vu les indiens s'il y en avait. Il avait envie qu'on le laisse respirer ce soir

Alors qu'il écoutait les bruits de la nuit, le hululement d'une chouette, le chant des grillons, le hurlement d'un coyotte au loin, il se remémorra cette nuit de décembre, lorsque perdu dans le brouillard et la neige il cherchait sa route dans le ciel, il reconnaissait certaines étoiles, elles n'étaient pas toutes à leur place, la grande et petite ourse, l'étoile polaire, celle qu'ils appelaient chez lui l'étoile du berger, ce ciel qui brillait de mille feu c'était toujours aussi magique, que ce soit ici dans cette vaste prairie déserte, ou la bas, a quelques centaines de mêtres d' Aups, en pleine guarrigue !

Tout à sa contemplation, il ne la vit pas arriver. une brindille ou des feuilles séches crissérent à quelques métres à sa droite, il se retourna brisquement, une ombre gliqssa derriére un buisson. Ce n'était pas possible, pensa t'il, ce ne pouvait être un animal sauvage ou pire un indien. Il l'entendait respirer dérriére un saule. Il avait été imprudent, il en payait les conséquences, il n'était même pas armé comme lui avait conseillé louis,quel fameux pionnier il était; il allait se faire trouer le ventre dés la premiére journée.

Elle ne put se retenir de pouffer, il reconnut soulagé le rire de gorge de sa compagne, honteux, il essaya de sa grosse voix de la rabrouer.

  • Si on peut pas être tranquille !

Elle le bouscula en riant de plus belle, et d'une voix bizarre dit

  • C'est fou cheune homme, je szui la belle allemande , arh, j'éttouffe dans ce carcan, venez abuser de moi Cheune fougueux franzozeun !
  • Tu fais quoi Maureen, tu m'as fait une de ces peurs, j'ai cru que c'était un indien
  • Les sauvages indiennes, les allemandes corsettées, les italiennes débraillées, il te les faut toutes, Allez Jean-Thomas, je n'ai pas envie qu'on se fache tous les deux, je te laisserai jouer à l'homme qui commande dans son couple désormais, mais je t'en pris, faisons la paix, profitons de cette belle lumiére et de cette chaude nuit de printemps, viens, je t'attend !

Alors là dans ce bosquet, ils firent enfin la paix. Un indien sauvage, une bête monstrueuse aurait pu venir, ils ne l'auraient pas entendus. ce n'est qu'au petit matin que crottés, fourbus mais rayonnants d'amour l'un pour l'autre, et rempli de joie de vivre qu'ils rentrérent au campement. Louis les attendait, il aurait voulu les sermoner mais n'eut pas le coeur à le faire; il se contenta de dire

  • Pour cette fois je dis rien, mais la prochaine fois... quand vous serez en territoire indien hostile...

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