J'ai acheté un nouveau carnet. Je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai ressenti, à nouveau, ce besoin de noter ce que j'avais en tête sur du papier avant de tout dématérialiser sur un PC.

Sans vraiment connaître d'où cela me vient, j'ai toujours eu le sentiment qu'écrire sur du papier et noircir une page blanche était plus sincère que les mots tapés sur un clavier quand il s'agissait d'exprimer ses pensées, sa propre voix. Cela provient sûrement du fait que l'on pèse plus ses mots, même quand cela vient à nous naturellement, pour éviter les ratures qui entacheront la feuille, ce qui n'arrive pas sur un ordinateur. L'impact y est moindre en tout cas.

Je ne connais pas ce que j'y noterais, quand j'écrirais, mais je sais que ce nouveau carnet m'accompagnera. Cela me poussera peut-être à sortir plus, quitter le cocon protecteur que j'ai créé à travers mon studio. Peut-être est-ce ce besoin de m'aérer, de redécouvrir le monde qui parvient à me dégoûter et, quelque part, m'effrayer qui me pousse à lancer ce projet.

Bien que cette peur n'est pas viscérale, je me suis plongée dans une telle solitude, me sentant mieux ainsi que j'ai perdu tout intérêt à être isolée malgré la présence d'une foule autour de moi. Quitte à être seule, autant rester dans un endroit où l'on se sent bien et en sécurité, non ? Mon petit appartement est tout cela à mes yeux : le confort, la sécurité, la tranquillité et un certain équilibre.

Pourtant, je sais que la vie est loin d'être juste cela. Même si je me sens bien ainsi, par moments, je sens aussi que je n'avance pas. Ou, du moins, pas comme je le souhaiterais. Je me sens presque piégée dans mes propres envies malgré mon précaire équilibre existant. Après tout, je suis une fille du littoral qui recharge ses batteries au contact de la nature, près des vagues de l'Océan Indien et non entre les 4 murs d'un studio.

C'est dans ces instants où ma prison dorée prend trop de place que sortir et écrire me sauve de cette monotonie installée. L'amour de l'aventure et de la découverte – de la nature ou de moi-même – me reviennent avec force.

Voilà peut-être l'une des raisons qui expliquent le besoin de ce carnet, de me confier, même de manière décousue. J'ai besoin de ce retour avec une part de ma conscience qui ne s'exprime qu'à travers un stylo et une page blanche.

Laisser vagabonder mes pensées, mes mots. Écrire ce qui me vient, ce qui doit sortir sans trop réfléchir. Tout ceci est une sorte de thérapie qui me fait du bien. Elle me convainc aussi qu'écrire est l'une des composantes de mon être. J'aurai pu trouver une manière bien différente de m'exprimer, mais rien n'est plus efficace, car les mots ont autant, voire plus, d'impact que n'importe quel acte physique. Ou que n'importe quel coup donné à un adversaire. Il peut briser ou reconstruire quelqu'un, volontairement ou non.

Alors que mes pensées se mélangent, je termine mon café. Cet élément risque d'être un point essentiel pour que je noircisse les autres pages de ce carnet. Il est un facteur permettant une sortie, une nouvelle expérience et un changement d'ambiance.

Moi qui pensais que je serais déconcentrée à l'extérieur par les musiques que je n'aurais pas choisies ou les conversations d'inconnus autour de moi, je dois admettre que je m'étais trompée. Tout au contraire, il y a quelque chose qui donne un autre aspect à ma volonté d'écrire. Comme une vague d'inspiration, ce genre de projet me vient ou j'ai une autre manière de voir avancer des manuscrits déjà en cours. La vie est étrange, n'est-ce pas ?

Voilà que je me perds à nouveau. Peut-être est-ce le signe que je devrais arrêter pour aujourd'hui.

À ma prochaine aventure.