Chapitre 13 : Premier jour

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— Relevez-vous, bande de fainéants !

Syreene avait crié cela à l’ensemble des nouveaux scouts dont elle avait la charge. En ce premier jour d'entraînement, elle leur avait concocté une série d’épreuves physiques plus difficiles les unes que les autres. Galata était loin de s’imaginer qu’une femme aussi belle et élégante pouvait être un instructeur aussi sec et impitoyable, malgré les avertissements de son maître.

Dès leur entrée au vestiaire, où leurs nouvelles tenues leur avaient été distribuées, elle leur demanda d’apprendre par cœur le règlement intérieur pour la semaine prochaine et de retenir dans la minute qui suivit les règles vestimentaires dans l’enceinte du quartier général.

Les scouts n’avaient pas le droit de porter leur uniforme ou un quelconque signe distinctif permettant de connaître leur affiliation aux Space Rangers en dehors de l’enceinte, tout comme les vêtements civils lorsqu’ils se trouvaient sur les terrains d'entraînement ou dans le quartier général pendant leurs heures de présence ou de garde.

Les tenues d'entraînement étaient des plus simples : un pantalon de sport rouge bordés de noir, des baskets blanches et un t-shirt blanc orné de l’insigne des Space Rangers. En revanche, la tenue d’usage était composée d’un pantalon et d’une chemise dorés, de chaussures noires et d’un béret de scout. Pour les cérémonies, les filles avaient également une jupe descendant aux genoux. Tout manquement aux consignes vestimentaires était passible d’un blâme suivit d’un travail d’intérêt.

Tout retard était également sévèrement réprimandé, comme ce fut le cas pour deux nouveaux scouts qui arrivèrent trois minutes après l’ordre de ralliement.

— Vous avez cinq minutes de retard, jeunes gens ! gronda la jolie capitaine des Rangers. Faites-moi immédiatement cinq tours de terrain, et que ça saute !

Un tour de terrain par minute de retard, ainsi était la règle. En cas de récidive, c’était un tour supplémentaire par minute, et cumulable sur l’année.

Après seulement vingt minutes d’échauffement, les nouvelles recrues étaient déjà exténuées. Galata était parmi les trois seuls encore debouts, haletants mais toujours énergiques.

— Et vous avez tous gagné un championnat d’art martiaux ? s’étonna Syreene sur un ton sec. Permettez-moi d’en douter ! On dirait des larves amorphes ! DEBOUT !

Les jeunes se levèrent avec difficulté en soufflant.

— Vous allez maintenant passer ce parcours d’obstacles, dit-elle en leur montrant un terrain où étaient disposés différents panneaux en bois, des rondins qui passaient par-dessus des tranchées et des tourniquets qui faisaient tourner de gros sacs lourds.

À la vue de ce chemin de l’enfer, plusieurs cadets reculèrent. Voyant le peu d’entrain de leur part, Syreene se montra menaçante :

— Je vous préviens que si aucun de vous ne se lance d’ici quatre secondes, ça sera une série de vingt pompes chacun !

Ne voulant payer la couardise de ses pairs, Galata leva la main pour se proposer à y aller.

— Parfait, Galata ! Montre-leur l’exemple !

Oh non ! gémit-elle. Pas de favoritisme, s’il-vous-plaît…

Trop tard ! Les autres scouts la regardèrent avec un regard noir, la cataloguant ainsi de fayotte dès le premier jour.

Ignorant leur mépris grandissant, elle se positionna au début du parcours et analysa les obstacles. Le premier était un rondin de bois traversant une tranchée de trois mètres de profondeur avec une échelle permettant de recommencer si l’on venait à tomber, suivit d’un second, en métal cette fois-ci puis, d’un panneau en bois d’une hauteur de quatre ou cinq mètres avec des cordes pour grimper. S’ensuivit ensuite un champ de barbelés à traverser en rampant contre terre et enfin trois tourniquets qui venaient de se mettre en mouvement.

Ce n’était pas la première fois qu’elle devait traverser un tel parcours, cela ne lui faisait absolument pas peur. Elle craignait seulement la réaction des autres scouts si elle réussissait ou si elle échouait.

Bon, après tout, si je veux accéder au rang de Ranger, autant y aller à fond…

Elle s’élança au signal donné par Syreene.

La difficulté du rondin en bois était son instabilité car il était seulement posé à même le sol, sans support ou fixation. Elle passa malgré tout assez vite mais se rendit compte que le suivant était déjà plus compliqué. Le rondin de métal était en fait un tube maintenu à chaque extrémité par un axe tournant, l’obligeant à passer lentement sans le faire tourner au risque de tomber dans la tranchée.

Syreene remarqua à quel point Rayzen l’avait bien formée. Elle possédait un parfait équilibre et savait réagir rapidement au changement de situation. Il n’avait donc pas menti sur ses capacités.

Cependant, elle créa l’hilarité générale lorsqu’elle agrippa une des cordes de l’épreuve suivante et se retrouva par terre. En observant mieux, elle comprit que les six cordes étaient en réalité seulement trois, suspendues par des anneaux et qu’en tirant l’une d’elle, une autre remontait. Sans attendre, elle chercha où était l’autre bout de celle qu’elle tenait dans la main, s’en saisit et grimpa en s’aidant des deux à la fois.

Arrivée au champ de barbelés, elle constata qu’ils étaient bien trop bas pour passer en dessous mais remarqua que des plots étaient disposé un peu partout dans le champ.

Il faut sauter dessus, comprit-elle. Mais pas sur n’importe lesquels, il y a un chemin à prendre…

Elle sauta sur le premier plot. Il n’était que d’un diamètre de vingt centimètres, l’obligeant à rester sur un pied et à garder un certain équilibre. Tomber dans une tranchée était encore surmontable, mais dans des barbelés aux pointes acérées…

Elle sauta sur les suivants, puis se ravisa sur le dernier, remarquant qu’il était trop loin du bord. Une fois après avoir traversé le champ épineux, il ne lui restait plus que les tourniquets qui faisaient tourner ces gros sacs de sable plus vite qu’elle ne l’avait cru auparavant. Elle ne pouvait également les contourner car le chemin passait par des passerelles sans bord traversant un grand fossé.

Ils ne tournent pas au même rythme, remarqua-t-elle. Il n’y a aucune possibilité de passer sans prendre un sac dans la face. A moins que…

Elle s’élança de nouveau et, arrivée au niveau du premier sac, le frappa du poing en y mettant toute sa force. Le tourniquet parti alors dans l’autre sens, pris par l’élan contraire exercé par Galata.

Ça marche !

Elle fit de même avec les deux autres, ce qui lui permit d’atteindre la fin du parcours. Mais alors qu’elle savourait sa victoire, elle se fit frapper par un sac du dernier tourniquet derrière la tête, l’envoyant à terre et créant une nouvelle hilarité parmi les scouts.

— Très bon parcours, dit Syreene lorsque Galata les rejoignit en se massant l’arrière de sa tête. Mais tu as été trop confiante à la fin, pensant que tu avais terminé.

— Je… je suis désolée, marmonna Galata.

— Ça sera trois tours de terrain pour avoir été aussi négligente ! s’écria le capitaine. Et quant aux autres, à votre tour !

Galata était sidérée. Elle ne s’imaginait pas que l'entraînement des scouts était aussi dur ni aussi impitoyable.

Lorsque vint l’heure du déjeuner, les scouts soupirèrent enfin, soulagés de pouvoir s’arrêter.

— C’est tout pour aujourd’hui, annonça Syreene. On remet ça demain matin à la même heure. Et aucun retard, ne l’oubliez pas !

Dans les vestiaires, Galata, ainsi que les deux autres filles du groupe, prirent leur douche.

— Je n’arrive même plus à lever le pommeau de douche, se plaignit l’une d’elle, une jeune fille brune du nom de Jane. Je vais avoir mal partout demain… pourquoi c’est si dur ? Je n’étais pas préparée à ça, moi !

Enveloppée d’une serviette, Eylsa, la troisième fille du groupe avec des cheveux verts coupés courts sortit de sa cabine, l’air exaspérée.

— Ça ne va pas ? lui demanda Galata qui allait entrer dans la sienne.

— C’est elle qui me saoule à se plaindre comme une gamine, répondit-elle d’un ton sec.

— Hein ? De quoi ? s’exclama Jane.

— T’as très bien compris ! C’est le premier jour et t’es déjà naze, je vois pas ce que tu fais là, chez les Rangers !

— T’as un problème avec moi ? répliqua Jane, éberluée de la réaction d’Eylsa.

— Ouais, j’ai un problème ! Je ne supporte pas les capricieuses comme toi !

Elle s’habilla rapidement, en enlevant sa serviette sans gêne devant les deux autres filles. En sortant, elle s’arrêta sur le pas de la porte :

— Si c’est pour vous comporter comme des princesses, alors restez dans vos lycées de bourges ! Ici, on est là pour devenir des soldats entraînés à se battre contre des démons !

Elle sortit en claquant la porte. Jane lui tira la langue.

— Non mais, pour qui elle se prend, celle-là ? marmonna-t-elle. Elle sait que son attitude n’est pas digne des Space Rangers ?

— Je t’avoue que je ne comprends pas sa réaction, répondit Galata.

Mais dans quoi je suis tombé encore ? Ce n’est pas ce que je m’imaginais…

Le capitaine Sanders entra soudainement dans le vestiaire :

— Vous n’êtes pas encore prêtes ? s’étonna-t-elle, énervée. Je vous rappelle que vous devez être au huitième étage pour votre formation à 13h exactement. Dépêchez-vous !

— Oui m’dame ! s’écrièrent les filles en s’activant.

Galata prit sa douche en seulement deux minutes, se rinçant en même temps qu’elle se savonnait. Syreene les guida ensuite avec le reste du groupe jusqu’au réfectoire où ils prirent leur repas.

Voyant la masse informe de la purée qu’on leur servit, certains comme Galata firent la moue.

— Ils veulent qu’on reprenne des forces avec ça ? s’étonna un garçon du nom de Glen. C’est répugnant !

— C’est pas si mauvais, dit un autre dénommé Vektor après une bouchée. Ça a un goût sucré…

— C’est un mélange protéinique, expliqua Syreene. Il y a, à l’intérieur, tous les nutriments dont vous avez besoin après une séance de sport. Vous vous sentirez en pleine forme après le repas.

Galata trouva également la substance assez bonne et fut effectivement surprise de se sentir dans une certaine forme physique après le repas. C’était comme si les efforts effectués le matin n’avaient été qu’une simple promenade de santé.

Le repas terminé, le capitaine Sanders les emmena ensuite au huitième étage pour la suite de leur formation. Ils entrèrent dans une grande pièce circulaire faiblement éclairée. Au milieu, un autre officier était là, assis en tailleur, qui les attendait. C’était un homme d’une quarantaine d’années, maigre et les cheveux grisonnants. Son visage exprimait la sérénité, un sourire apaisé aux lèvres.

— Voici le lieutenant Marcus, présenta Syreene. Il se chargera de vous apprendre à utiliser votre potentiel luminique qui s’est révélé en vous depuis hier. Lieutenant, je vous les laisse.

Utiliser son potentiel luminique ! Enfin !

— Merci Capitaine Sanders, remercia Marcus. Bienvenu chez les scouts de l’espace ! Venez, prenez place autour de moi, en cercle. Pour ce premier jour, nous allons simplement effectuer quelques expériences amusantes, mais non moins intéressantes, pour commencer. Cela vous permettra de découvrir la lumière qui est en vous et de commencer à l’utiliser de manière très simple. Vous ne ferez aucun dégât ni d’explosion pour l’instant, tout au plus quelques étincelles au bout des doigts. Tout d’abord, il est important de vous informer que le pouvoir qui vous a été donné est à utiliser pour servir la justice et non pour commettre le mal. Mais vous devez être conscient que ce pouvoir n’est pas à utiliser en toute circonstance. Les traits de lumière qu’un Space Ranger est capable de générer peuvent détruire les sans-lumières, mais aussi faire du mal à un être humain. Il vous est strictement interdit d’utiliser votre lumière contre un quelconque animal ou être humain, sous peine d’être banni de l’ordre des Rangers. Avez-vous bien compris ?

Les scouts hochèrent la tête. Jane leva la main.

— Je vous écoute, jeune fille.

— Je pensais que les humains ne craignaient pas la lumière envoyée par un Ranger ?

— C’est assez complexe, répondit Marcus. Un Ranger, un être humain qui a donc reçu le pouvoir de la lumière, est beaucoup moins sensible face à la lumière émise par un autre Ranger. Mais vous n’êtes pas sans savoir que l’homme, de manière générale, est imparfait et commet parfois des erreurs qui entache son âme. Or, la lumière détruit tout ce qui est mauvais et corrompu. Quelqu’un qui a commis des atrocités dans sa vie, sera intégralement détruit face au pouvoir de la lumière d’un Ranger, surtout s’il ne regrette en aucun cas ses actes. Mais même pour le pire des criminels existants, vous ne devez pas utiliser votre lumière, car cela entache également votre cœur et votre âme. Vous êtes autorisé à l’appréhender, même s’il faut user d’un peu de force pour cela, mais sans utiliser votre lumière sur lui. Vous comprenez ?

— Il n’existe donc personne capable de résister à la lumière d’un Ranger ? demanda Galata, bien qu’elle connaissait déjà la réponse.

— Eh bien… certains rapports datant déjà de plusieurs siècles, font mention de personnes ayant survécu à des vagues de lumière lancées par des Rangers, bien que de manière non-intentionnelle. Mais cela est extrêmement rare et nous n’avons pas vu ça depuis fort longtemps. Nous n’avons pas de preuve tangible à ce jour. D’autres questions ?

Les scouts firent non de la tête.

— Est-ce que la règle la plus fondamentale des Space Rangers est assez claire pour tout le monde ?

Les scouts firent oui de la tête.

— Eh bien, dans ce cas… passons à la pratique ! Essayons de nous rapprocher les uns des autres, suffisamment pour tendre une main au-dessus de celle de votre voisin de droite… voilà parfait. Maintenant, tout en tenant vos mains tendues ainsi, vous allez fermer les yeux et vous concentrer sur les vibrations que vous ressentez dans votre corps depuis hier.

Les recrues se regardèrent, étonnés.

— Oui, oui, je suis parfaitement au courant de ce que vous ressentez. Les plus attentifs auront compris que cela a commencé après la cérémonie d’adoubement. Essayez de contrôler ces vibrations, comme si elles étaient créées par votre corps. Sentez la résonance au plus profond de votre être et déplacez-la jusque dans vos mains. Concentrez-vous…

Galata ressentait effectivement ces vibrations, comme la résonance d’une centaine de tambours dans son ventre. Mais comment les contrôler ? Hier soir, elle avait bien réussi à faire apparaître quelques boules lumineuses au bout de ses doigts mais sur le moment, c’était comme si elle n’avait eu qu’à tendre la main. Elle s’imagina l’intérieur de son corps comme une grande galerie d’où résonaient les tambours et que les vibrations ainsi causées se déplaçaient sur les parois jusqu’à l’extrémité de ses mains.

Rien ne se produisit.

Elle se concentra un peu plus mais fut tentée d’ouvrir un œil pour voir comment les autres s’en sortait. Du peu qu’elle voyait, tous étaient dans la même situation.

— Concentrez-vous, répéta le lieutenant. Mais restez calme, apaisez votre esprit et ne vous affolez pas. Cela va venir très simplement. Respirez profondément, évacuez le stress qui est en vous…

Galata retourna à sa concentration. Elle tenta de visualiser de nouveau cette résonance en elle, les tambours vibrants sur un rythme effréné le long de son corps, jusqu’au bout de ses doigts…

Au bout de quelques minutes, elle s'aperçut que sa respiration jouait sur les vibrations. Plus elle respirait profondément, plus la résonance ralentissait. Voilà comment il fallait faire pour la contrôler !

Et c’était d’une facilité enfantine : plus elle forçait sa respiration, plus la résonance devenait grave, comme le souffle d’un tuba d’orchestre. Au contraire, si elle soufflait lentement et calmement, elle devenait plus aiguë. Après plusieurs exercices respiratoires, elle sentait qu’elle pouvait déplacer cette résonance dans la moindre partie de son corps, comme si Galata l’avait domptée.

On va voir si ça marche…

Elle souffla doucement, ressentit la résonance dans ses entrailles et tenta de la déplacer dans ses bras. Elle la sentit remonter le long de son torse mais, arrivée à la base de son cou, elle se déploya mollement dans ses bras avant de s’éparpiller comme un vol d’insecte.

Galata recommença plusieurs fois avec le même résultat. Elle finit par avoir des vertiges à force de respirer de plus en plus fort, les muscles de ses bras commençant à avoir de sérieuses crampes. Comment avait-elle fait la veille ? ça avait été si facile et maintenant, ça demandait des efforts presque surhumains.

— Ce sera tout pour aujourd’hui, déclara le lieutenant Marcus. Je vois que plusieurs d’entre vous fatiguent, mais je sens que vous n’êtes pas loin d’y arriver. Même si rien ne s’est produit, j’ai pu ressentir ces fameuses vibrations résonner jusque dans mes mains. Vous êtes sur la bonne voie, nous reprendrons le même exercice demain. Nous ne pourrons aller plus loin tant que vous n’aurez pas maîtrisé cette étape. Sur ce, reposez-vous bien.

Les scouts se levèrent et sortirent de la salle. À leur grand étonnement, ils virent que le soleil était déjà derrière les gratte-ciels du centre-ville.

— Il est déjà si tard ? s’étonna Jane.

— Je n’ai pas vu le temps passer, ajouta un garçon nommé Vektor en frottant ses bras endoloris.

Le lieutenant Marcus s’amusa de voir l’étonnement des nouvelles recrues. Le temps passait toujours plus vite pour les exercices de concentration, probablement dû à la méditation que cela demandait.

Pour la dernière partie de la journée, il les emmena dans une salle située à côté d’un immense amphithéâtre. Il leur expliqua que ce dernier était utilisé lors des présentations de grosses manœuvres et mission importantes. Pour l’heure, étant un petit groupe, les dernières instructions allaient leur être données dans une des salles de briefing pour les missions de petite envergure.

Le Capitaine Sanders était déjà là, accompagnée d’un Ranger. Celui-ci ne semblait pas être beaucoup plus âgé que le groupe de scouts. Il était blond, aux cheveux mi-long mais courts sur les côtés, les yeux très bleus et au visage en diamant. Il se tenait plus droit qu’un piquet, les bras croisés dans le dos.

Les scouts prirent place sur les chaises autours d’une longue table blanche. Syreene s’adressa alors à eux :

— J’espère que cette première journée a été bénéfique pour l’ensemble d’entre vous. Avant que vous ne partiez, je voulais vous informer du déroulement de votre formation estivale. Durant deux mois, vous suivrez le même entraînement qu’aujourd’hui : exercices physiques le matin, maîtrise luminique l’après-midi, tous les jours sauf les weekends. Cependant, vous serez libre de venir vous entraîner en complément le samedi et le dimanche si vous le souhaitez. Les salles et terrains sont à votre disposition, tant que vous ne dérangez pas les Rangers qui s'entraînent également. Vous serez tous ensemble pendant quatre semaines puis, nous formerons des petits groupes sous la tutelle de différents Rangers. À la fin de l’été, avant que vous ne puissiez intégrer pleinement nos rangs en tant que scouts officiels, vous effectuerez un stage pratique d’une semaine sur une autre planète, accompagné d’un Ranger qualifié. Ce stage aura pour but de tester vos capacités apprises durant les entraînements. La destination ne vous sera communiquée qu’au dernier moment.

Un stage pratique ? jubila Galata. Ouuuuuuh, je sens que ça va être l’extase !

— Pour terminer, vous devez savoir que si vous échouez à ce stage, vous serez entièrement recalés et non-admis chez les Space Rangers. Est-ce que c’est clair pour tout le monde ?

Stupeur dans la salle. Il était donc possible d’être recalé ? Personne ne leur en avait parlé…

— Aussi, pour ceux qui ne se sentent pas de rester parmi nous, qu’ils le disent immédiatement et rentrent chez eux. Je vous laisse une minute de réflexion.

Chacun se dévisageait, cherchant à comprendre. Les mots du capitaine Sanders étaient durs et leur mettaient une pression énorme. Qu’est-ce que cela pouvait cacher ? Il y avait-il une difficulté supplémentaire à laquelle ils ne s’attendaient pas ?

Une main se leva, hésitante.

— Mademoiselle Galata ? s’étonna Syreene, en dissimulant sa surprise. Vous désirez abandonner ?

— Heu… non, madame…

— Capitaine, rectifia Syreene.

— Pardon. Capitaine, non ce n’est pas ce que je veux… mais j’aimerais comprendre… hier nous avons passé un test d’admission, que nous avons, d’ailleurs, tous réussi. Alors, pourquoi encore un test où nous pouvons encore être recalé ? Notre potentiel luminique n’est-il pas suffisant ?

Le jeune Ranger aux cheveux blonds semblait offusqué de cette question d’après ses yeux écarquillés, comme si Galata avait été odieuse envers le capitaine.

— Votre question est pertinente, admit Syreene. Mais pour devenir un véritable Ranger, vous serez mis à rude épreuve. Ce n’est pas qu’une question de potentiel luminique, mais le quotidien d’un Ranger est beaucoup plus difficile que vous ne pouvez l’imaginez. Des soldats meurent sur le front face aux hordes de sans-lumière ! Vous devez être préparés à ça, physiquement mais surtout psychologiquement. Ceux qui n’auront pas de résultats convainquant lors de ce stage de survie, je vous garantis que vous ne survivrez pas longtemps dans nos rangs.

Le blondinet tourna vivement la tête vers son supérieur, l’air effaré. Avait-elle dit quelque chose qui ne fallait pas ?

— C’est… c’est un stage de survie ? demanda Jane.

Le capitaine Sanders la dévisagea sans comprendre puis, son visage prit soudain un air espiègle :

— Oh ! C’est ce que j’ai dit ? Pardon, je pensais en même temps que je parlais, je suis désolée mais je crois que j’ai fait une bourde, hi, hi, hi !

Tout le monde manqua de tomber de sa chaise. Même le Ranger à ses côtés s’en trouva fort mal à l’aise.

Galata rentrait chez elle d’un pas lent, la tête perdue dans ses pensées. L’annonce du capitaine Sanders l’avait laissée perplexe, comme pour les autres scouts. En sachant la difficulté que représentait la vie d’un Space Ranger, elle se demandait pourquoi maître Rayzen l’avait laissé suivre cette voie. Si mama savait les risques qu’elle prendrait lorsqu’elle serait une vraie Ranger, elle ne s’en remettrait sûrement pas. Elle se faisait déjà tellement de soucis depuis ces deux derniers jours…

Tiens ? Je me demande ce que fait maître Rayzen d’ailleurs. Je pensais qu’il serait là depuis ce matin pour m’accompagner mais je n’ai pas de nouvelle de lui… Qu’est-ce qu’il peut bien faire ?

Elle arriva à la station de tram et monta dans le premier qui passait. Elle s’assit sur un siège et laissa sa tête reposer sur la vitre derrière elle. Son téléphone se mit à vibrer. C’était un message de Mayt qui lui avait envoyé une photo de lui et Laylah à la plage avec écrit juste en dessous : « J’espère que ta première journée était cool ! On a bien pensé à toi ».

Elle s’en trouva alors démoralisée. L’été avait démarré et tous les jeunes de son âge en profitait déjà, ainsi que ses amis, pendant qu’elle devait chaque jour s'entraîner au quartier général. Elle lui répondit : « Je suis exténuée. Cool que vous vous soyez amusé. Je vous rejoindrai pendant les weekends. Bisou. »

Elle soupira en rangeant son téléphone dans son sac. Avait-elle fait le bon choix ? Elle avait déjà sacrifié de nombreuses choses dans sa vie pour l'entraînement. Bien souvent elle avait refusé de partir en weekend avec ses amis ou avec l’école pour apprendre les arts martiaux auprès du maître. Elle vivait pour le combat car elle aimait ça, bien qu’elle ne ferait jamais de mal à quelqu’un en dehors d’un tatami. C’était sa raison de vivre pour atteindre son objectif : devenir un Space Ranger.

En se remémorant son ambition, Galata savait que oui, son choix était toujours le bon et elle était toujours aussi déterminée. Mais elle avait peur que cela ne dure pas, qu’elle finisse par changer d’avis ou de découvrir que devenir un Ranger de l’espace n’était pas ce à quoi elle s’attendait.

Elle secoua la tête pour chasser ces idées négatives. Non, cela ne changera pas, pas après ces années de dur labeur, à travailler avec acharnement, après avoir sué sang et eau dans des conditions parfois difficiles.

Je ne m’arrêterai pas comme ça ! Je m’entraînerai encore plus s’il le faut, mais je deviendrai encore plus forte et je réussirai ce stage de survie, quoi qu’il en coûte !

DECOUVREZ LA SUITE DU TOME 2 DE GALATA ODYSSEY SUR AMAZON, FNAC, DECITRES, CULTURA ET BIEN D'AUTRES ENCORE !!!

Merci pour votre soutien et votre lecture. Le tome 3 arrive dans son intégralité pour sa bêta lecture sur scribay, je compte sur vous ;)

L.A. Traumer

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