Chapitre 3

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Les rayons de soleil filtrent à travers les rideaux légers, baignant la pièce d'une lueur douce et chaleureuse. Je sens la chaleur emprisonnée sous la couette, qui me fait transpirer légèrement. J'ai du mal à me rendormir, alors j'ouvre les yeux et fixe mon regard sur l'interface occulaire, une technologie futuriste implantée directement dans mes yeux.

L'heure s'affiche dans un coin de mon champ de vision : il me reste environ une petite heure avant que le réveil ne sonne. Je soupire doucement, réalisant que je vais devoir quitter le confort de mon lit. Je décide de me lever, laissant derrière moi cette chaleur enivrante.

À peine mes pieds touchent le sol, la lumière de ma chambre s'allume automatiquement. C'est une lampe à capteur, connectée à un système d'intelligence artificielle qui détecte ma présence et ajuste l'éclairage en conséquence. Je me retrouve face à ma chambre vide, les murs recouverts de posters colorés et les étagères alignées de livres et d'objets personnels.

Je m'approche de la fenêtre, attirée par la lumière du jour qui filtre à travers les vitres. À côté de celle-ci, un bouton discret attire mon attention. Curieuse, j'appuie dessus et observe avec fascination le paysage extérieur se métamorphoser. Les immeubles modernes de la ville laissent place à une magnifique image de forêt luxuriante. Les arbres majestueux et les rayons du soleil filtrant à travers le feuillage apaisent mon esprit.

Pour une fois, je ne me souviens pas de mon rêve, ce qui est inhabituel pour moi. Mon esprit est préoccupé par autre chose. Les paroles privées du principal résonnent en boucle dans ma tête, éclipsant tout le reste. Une envie irrépressible de m'échapper de cette ville m'envahit, mais je sais que ce serait futile. Avec tous les composants électroniques intégrés dans mon corps, ils me retrouveraient rapidement. Malgré les modifications apportées à la moitié de nos os, nous sommes encore des êtres humains. La seule différence entre nous et les IA, comme Rick, ce sont nos émotions, mais même celles-ci peuvent être simulées. Je ne sais pas pourquoi ces pensées me traversent l'esprit maintenant. C'est la première fois que je me compare aux androïdes. Paradoxalement, j'ai l'impression que nos pouvoirs nous rendent plus humains qu'auparavant.

Soudain, sans avertissement, le réveil retentit bruyamment, me tirant de mes réflexions. Je réalise que je viens de faire un rêve dans un rêve, mais est-ce la réalité ou une simulation ? La seule façon de le savoir, c'est d'aller aux toilettes.

Je me lève rapidement et me précipite vers la salle de bains. J'atteins les toilettes et m'assois sur la lunette, laissant mes pensées s'évanouir alors que je me soulage. Les sensations sont bien réelles, me rappelant que je suis encore ancrée dans le monde physique. Après avoir terminé, je prends du papier toilette pour m'essuyer et me dirige vers le lavabo.

Je regarde dans le miroir, m'attendant à voir mon propre reflet, mais au lieu de cela, je suis surprise de voir le visage de ma lienneuse. Perplexe, je ferme les yeux un instant, puis les rouvre, espérant que la vision se dissipe. Cette fois-ci, je me vois moi-même, avec mes cheveux en bataille, fixant la fille qui semble avoir des hallucinations étranges. Un frisson me parcourt l'échine.

Décidée à me réveiller complètement de cette confusion, je décide de prendre une douche. J'ajuste la température de l'eau et je laisse les gouttes chaudes caresser ma peau, m'immergeant dans une sensation agréable qui me fait presque oublier le passage du temps. Cependant, un bruit sourd à la porte interrompt ce moment de détente.

  • C'est maman, chérie. Est-ce que tout va bien ? s'inquiète-t-elle depuis l'autre côté de la porte.

Je jette un coup d'œil à l'horloge affichée sur le mur de la salle de bains, constatant qu'il est déjà cinq heures et demie. Normalement, je ne me lève que dans trente minutes. Je rassure ma mère à travers la porte :

  • Je vais bien. J'avais juste besoin de prendre une douche.
  • Chérie, tu as oubliés tes vêtements dans la chambre, je te les ai rammener. Je te les poses sur le meuble dans le couloir.
  • Merci beaucoup.
  • Je t'attends au petit déjeuner.
  • J'arrive dans dix minutes maman.
  • Prends ton temps, tu en as largement aujourd'hui.

Ce n'est pas faux. J'entends ses pas s'éloigner et je termine de me laver, profitant de la sensation apaisante de l'eau qui coule sur ma peau. Une fois lavée, j'enveloppe mon corps d'une serviette et je sors de la salle de bains, me dirigeant vers le meuble où ma mère a posé mes affaires.

Je choisis de m'habiller avec un simple pantalon souple et mon tee-shirt préféré, sur lequel est inscrit : "Vivre comme tu l'entends, c'est ta réalité". Je savoure la texture douce du tissu contre ma peau et je respire le léger parfum de propre qui en émane.

Une fois prête, je quitte à nouveau la pièce, mais cette fois pour me diriger vers la cuisine. Ma mère m'y attend, mais mon père est absent. Nous nous installons à la table et entamons notre petit déjeuner dans un silence paisible. La télévision est éteinte et l'absence de Rick, notre assistant IA habituel, se fait remarquer.

Je déguste tranquillement ma tasse de thé chaud, la saveur apaisante se répandant dans ma bouche. Le bruit des cuillères remuant les bols de céréales ajoute une ambiance familière à la pièce. Une fois ma boisson terminée, je me lève pour laver ma petite vaisselle, appréciant la sensation de l'eau chaude sur mes mains.

Puis, je me dirige vers la salle de bains pour me brosser les dents, sentant la fraîcheur de la pâte dentifrice envahir ma bouche.

Finalement, l'heure du départ est déjà arrivée. Je me rends dans ma chambre pour récupérer la valise que j'avais préparée la veille. Mes yeux parcourent chaque coin de la pièce, prenant conscience que c'est peut-être la dernière fois que je la vois ainsi. Une sensation mélancolique s'installe en moi, me donnant l'impression que je ne reviendrai pas dans cet endroit familier. Je détourne le regard et, à ma grande surprise, ma mère se tient dans l'encadrement de la porte.

  • Chérie, je vais t'accompagner, car je ne sais pas si nous aurons l'occasion de nous revoir. C'est dommage, ton père aurait aimé être là, mais le travail l'a appelé en urgence, me dit-elle avec une pointe de tristesse dans la voix.
  • Je comprends maman, c'est gentil de m'accompagner.

Elle saisit la valise que j'avais préparée et je prends une veste pour me protéger du frais matinal. Ensemble, nous sortons de la maison et nous dirigeons vers la voiture qui nous attend, prête à nous emmener au collège.

Nous montons dans la voiture, ma mère s'installant derrière le volant et moi prenant place sur le siège passager. Le moteur ronronne doucement lorsque ma mère démarre, nous lançant dans notre trajet vers le collège.

À travers la fenêtre, je contemple le paysage qui défile. Les rues de la ville animée sont bordées d'immeubles modernes et de panneaux publicitaires lumineux. Des voitures autonomes glissent en silence le long de la chaussée, tandis que des piétons marchent d'un pas pressé sur les trottoirs. L'air est teinté d'une légère brise matinale, portant avec elle les senteurs variées de la ville : le café fraîchement moulu et l'odeur métallique de l'électronique omniprésente.

Ma mère, d'une voix douce, entame une conversation légère pour apaiser l'atmosphère durant notre trajet vers le collège. Elle évoque quelques souvenirs et anecdotes qui font remonter des sourires sur nos visages.

  • Te souviens-tu de cette fois où nous avons fait une excursion en famille dans les montagnes ? me demande-t-elle avec un brin de nostalgie dans la voix. Le paysage était à couper le souffle, et nous avons tous partagé un pique-nique joyeux au sommet.
  • Oh oui, c'était incroyable ! Je me rappelle encore du vent frais sur mon visage et de la vue panoramique qui s'étendait devant nous. C'était l'une des meilleures journées en famille.

Nous continuons à échanger des anecdotes et des souvenirs, chacun de nous apportant sa touche personnelle à la conversation. Pendant que nous parlons, je reste attentive au paysage urbain qui défile à travers la fenêtre. Je remarque les graffitis colorés qui ornent les murs, certains véritables œuvres d'art urbain, qui apportent une touche de vivacité à la grisaille urbaine.

  • Regarde ces graffitis ! m'écrié-je avec enthousiasme. Ils sont tellement expressifs et remplis de couleurs vives. Cela donne une atmosphère artistique à la ville.

Ma mère sourit, appréciant également le spectacle urbain qui s'offre à nos yeux.

  • Oui, c'est fascinant de voir comment l'expression artistique peut se trouver partout, même dans les endroits les plus inattendus. Ces artistes ont une façon unique de partager leur vision du monde.

La conversation continue ainsi, mêlant nos échanges joyeux avec les observations de notre environnement en constante évolution. Alors que nous nous approchons du collège, ma mère tourne son regard vers moi avec une expression solennelle. Ses yeux brillent d'une tendre inquiétude.

  • Même si nous ne sommes pas physiquement l'une à côté de l'autre, je veux que tu fasses très attention, ma chérie, déclare-t-elle d'une voix douce mais ferme. Je serai toujours présente dans ton cœur et dans ta tête. Je veux que tu te sentes soutenue et en sécurité, peu importe où tu te trouves.

Je lui rends son regard, saisissant l'importance de ses paroles. Mon expression se teinte d'une détermination empreinte de gratitude.

  • Je comprends, maman", lui réponds-je, affirmant ma compréhension de ses préoccupations. "Je sais que tu es toujours là pour moi, même lorsque nous sommes séparées physiquement. Je vais faire très attention et rester vigilante. Je veux te rendre fière.

Un sourire tendre se dessine sur les lèvres de ma mère. Elle saisit ma main et la serre légèrement, transmettant ainsi tout son amour et son soutien.

  • Je suis déjà fière de toi, ma chérie, murmure-t-elle avec émotion. Je crois en toi et en ta capacité à affronter chaque défi qui se présente à toi. N'oublie jamais que tu as en toi la force nécessaire pour réussir.

Ces paroles résonnent en moi, me rappelant la confiance que ma mère a en moi. Je lui adresse un sourire sincère, sachant que même si nous ne sommes pas physiquement ensemble, notre lien est indéfectible.

  • Merci, maman, lui dis-je d'une voix douce. Je vais garder tes paroles à l'esprit et me rappeler que tu es toujours là, tout près de moi, où que je sois. Je te promets de rester vigilante et de prendre soin de moi.

Ma mère acquiesce, une lueur de fierté dans les yeux. Elle lâche ma main et se concentre à nouveau sur la route, continuant à me guider vers mon prochain chapitre au collège.

Nous arrivons finalement à proximité du collège, et ma mère se gare près de l'entrée. Je prends une profonde inspiration, me préparant mentalement pour la journée qui m'attend. Ma mère pose une main chaleureuse sur la mienne et me souhaite bonne chance en me donnant le bracelet qu'on a reçus la veille. Je lui adresse un sourire reconnaissant et place l'objet dans ma poche.

Le moment est venu de franchir la porte du collège, mais je m'arrête avant de sortir complètement. Je regarde ma mère à travers la vitre, ressentant sa présence réconfortante. Nos regards se croisent et nous échangeons un dernier signe de tête, comprenant que même séparées physiquement, nous sommes connectées par le lien fort qui nous unit.

Je pousse la portière de la voiture avec empressement, me hâtant de rejoindre l'entrée du collège. L'excitation mêlée à une pointe d'appréhension monte en moi alors que je m'apprête à entamer une nouvelle journée remplie de découvertes et de défis.

Cependant, avant même de franchir le seuil de l'établissement, un des surveillants se poste à l'entrée pour vérifier que tout le monde porte son bracelet d'identification. Je réalise soudain que je ne l'ai pas encore mis. Ma mère se trouvant à mes côté, me lance un regard légèrement réprobateur.

  • Maman, je suis sûre que ça ne va pas du tout avec ma tenue d'aujourd'hui. Tout le monde va me regarder bizarrement ! protesté-je en glissant rapidement le bracelet autour de mon poignet.
  • C'est important de le porter, ma chérie. C'est pour ta sécurité et celle des autres. Les règles sont les mêmes pour tout le monde, me dit-elle avec un sourire d'encouragement.

Les surveillants, arborant des expressions sérieuses, entament une fouille minutieuse de tous les élèves qui se présentent à l'entrée du collège. Leur silence renforce l'atmosphère tendue qui règne autour de nous. Sans donner d'explications claires, ils ouvrent les valises et les sacs, fouillant chaque recoin à la recherche de tout objet pouvant potentiellement être utilisé comme une arme.

Alors que je me tiens dans la file d'attente, j'observe avec appréhension les ceintures, les bretelles des soutiens-gorge, les foulards et les écharpes qui sont systématiquement retirés des élèves. On demande même aux élèves de se changer, les obligeant à revêtir des tenues fournies par l'école, afin de s'assurer qu'ils ne portent rien qui puisse blesser autrui. Les filles et les garçons sont séparés, conduits dans des zones distinctes pour subir cette fouille complète.

Je me retrouve ainsi aux côtés de Florianne, qui semble prendre toute cette situation à la légère. Elle ajuste ses cheveux avec assurance et lance un regard amusé dans ma direction.

  • Eh bien, Aurora, c'est une façon originale de commencer la journée, non ? On dirait qu'ils pensent qu'on va tous sortir des couteaux de nos sacs à dos !

Je hoche la tête d'un air préoccupé, ne pouvant m'empêcher de ressentir une certaine tension.

  • Je trouve ça un peu étrange quand même... Je veux dire, pourquoi doivent-ils fouiller nos affaires de cette manière ?

Florianne haussa les épaules avec désinvolture.

  • Je suppose que c'est pour notre sécurité. Avec tout ce qui se passe dans le monde, ils veulent s'assurer qu'il n'y a aucun danger ici. Mais bon, tant que ça se fait rapidement, je ne vois pas trop de problème.

Alors qu'elle termine sa phrase, une surveillante s'approche de moi. Son regard scrutateur se pose sur moi, et je me sens vulnérable, exposée à cet examen minutieux de ma personne. Elle fouille méthodiquement mes vêtements, vérifiant chaque poche, chaque pli. Mon cœur bat la chamade, tandis que je retiens mon souffle, priant pour qu'elle ne trouve rien de suspect. Finalement, elle termine sa vérification et je suis autorisée à me rhabiller.

Florianne, qui attendait son tour à côté de moi, plaisante en lançant :

  • Eh bien, j'espère que tu n'as rien de compromettant dans tes poches, Aurora. Je ne voudrais pas que tu te fasses arrêter avant même d'entrer en classe !

Je lui adresse un sourire crispé tout en remettant mes affaires en ordre.

  • Ne t'inquiète pas, je suis une citoyenne modèle. Pas de couteaux de poche ni d'explosifs dans mon sac à dos !

Je me rabille et remarque que les bretelles de mon sous - tient - gorge sont enlever. Je demande à Florianne :

  • Il ne te manque rien dans tes affaires ?
  • À part mes bretelles et ma ceinture, non. Les pantalons en bas du cul sont de retour
  • Super, on va devenir des loup-garous...

Nous sortons des toilettes habillés, l'une à côté de l'autre et en retournant dans la zone de fouille, nous sommes confrontées à une scène plutôt gênante. Les surveillants continuent de fouiller les bagages des élèves, et cette fois-ci, je remarque avec indignation qu'ils enlèvent les bretelles des soutiens-gorge devant tous les garçons de la classe de 6e. On se regarde avec Florianne et avant même que je prennes la parole, elle lance :

  • Attendez une minute ! Vous ne pouvez pas faire ça ! C'est humiliant de retirer les bretelles de soutien-gorge en public !

Le surveillant nous toise tour à tour et réplique :

  • C'est le règlement, ma petite. Nous devons nous assurer qu'il n'y ait rien de dangereux dissimulé dans les vêtements.

Agacée de cette réponse, je lui dis sans réfléchir :

  • Eh bien, il est évident que vous n'êtes pas une fille ! Un soutien-gorge sans bretelles ne sert à rien, vous savez ! Peut-être devriez-vous demander à votre mère comment elle fait, hein ?

Le surveillant contrarié ne sait plus quoi dire, à part "Je te demande pardon ?". Heureusement pour nous, Louïse accompagnée par toutes les filles se joint à nous deux pour "éduquer" le surveillant :

  • Écoutez, monsieur le surveillant, un soutien-gorge sans bretelles ne fournit aucun soutien. Il est inutile dans notre cas. Vous feriez mieux de demander à votre mère comment elle se débrouille sans bretelles !

L'ultime goutte d'eau déposé par Louïse qui fait débordé le vase. La situation devient tendue, mais heureusement, la surveillante des toilettes intervient pour calmer tout le monde. Elle rappelle aux surveillants de respecter la dignité des élèves lors des fouilles. Les filles sont alors autorisées à récupérer leurs bretelles de soutiens-gorge.

En attendant que les bus arrivent, les surveillants nous demandent à tous de faire un silence complet. Je m'efforce de garder ma voix éteinte, tout comme mes camarades. Nous restons muets, nos souffles retenus, tandis que l'anticipation grandit à l'approche des bus. Chaque classe a son propre bus, et nous sommes divisés en petits groupes. Quatre bus au total. Je monte dans le bus assigné à ma classe, rejoignant mes camarades dans un silence pesant. On nous demande de ne pas échanger un mot, même virtuellement. Une consigne étrange qui ajoute une tension supplémentaire à l'atmosphère déjà chargée. À l'intérieur du bus, le silence est lourd, uniquement brisé par le vrombissement régulier du moteur.

J'observe mes camarades autour de moi, leur visage trahissant à la fois la curiosité et l'anxiété. Certains se perdent dans leurs pensées, d'autres fixent le paysage défiler par la fenêtre, mais tous semblent en proie à une certaine appréhension. Pour ma part, je me plonge dans la lecture de mon unique livre, celui qui parle des Lienneurs, ces êtres qui vivent leur vie à travers nos rêves. Mes doigts caressent les pages usées, et mon esprit s'évade progressivement dans cet univers captivant, cherchant refuge dans les mots qui prennent vie devant mes yeux.

Le bus avance doucement sur la route, nous berçant dans une tranquillité précaire. Mais soudain, tout se bouscule. Le chauffeur freine brusquement, et la porte avant du bus s'ouvre violemment. Le chauffeur descend de son siège et nous lance :

  • Les enfants, veuiller rester seul et en silence.

Personne n'écoute. Un frisson d'excitation parcourt les rangs, et nous nous précipitons hors du bus, le groupe de six élèves formant la queue.

Les chauffeurs se positionnent en avant de chaque groupe d'élèves, comme une barrière protectrice, tandis que le principal du collège apparaît avec une arme à feu. Son visage est marqué par un mélange de détresse et de détermination. Ses mots tremblants se frayent un chemin jusqu'à nous, laissant une empreinte indélébile dans nos esprits.

  • C'était nous ou vous, murmure-t-il avant de commettre l'irréparable.

Les détonations résonnent, emportant avec elles les vies des chauffeurs et celle du principal lui-même. J'assiste à cette scène avec une horreur mêlée de terreur, clouée sur place, incapable de détourner le regard.

Angie, pétrifiée par la peur, reste immobile, impuissante face à ce cauchemar devenu réalité. Le principal était son père. Louise se précipite près d'elle, cherchant à la réconforter dans cet océan de chaos. Les autres élèves, une marée d'enfants désorientés, s'approchent dangereusement d'Angie, leurs voix se mêlant dans une cacophonie étourdissante.

Notre groupe se serre autour d'Angie, formant un rempart fragile dans cette mer tumultueuse. Nous restons silencieux, désireux de la protéger, de l'entourer de notre présence rassurante. C'est alors qu'un coup de feu retentit, brisant le tumulte ambiant. Tous se retournent, cherchant l'origine de ce son déchirant.

Un groupe de militaires s'approche, nous encerclant d'une manière imposante. Un sentiment de vulnérabilité m'envahit, mais je m'efforce de garder mon calme, de ne pas céder à la panique. Le chef des militaires se positionne devant nous, sa voix autoritaire emplissant l'air chargé de tension. Ses paroles résonnent dans le silence oppressant qui nous entoure.

  • Enfants, retournez dans les bus immédiatement ! Pas de discussions, pas de résistance ! ordonne-t-il d'un ton dur et déterminé.

Nous obéissons, les pas hésitants, la peur palpable dans l'atmosphère. Alors que nous nous dirigeons vers les véhicules, je perçois une voix tremblante s'élever parmi nous.

  • Pourquoi ? Que se passe-t-il ? demande un élève, sa voix trahissant l'anxiété générale.

Le chef des militaires se tourne vers lui, ses yeux durs reflétant une lueur de compassion mêlée de fermeté.

  • Nous sommes ici pour vous protéger, pour vous mettre en sécurité. Il y a eu un incident grave, mais nous sommes là pour vous aider à traverser cette épreuve. Maintenant, montez dans les bus sans poser de questions.

La confusion et l'inquiétude se lisent sur nos visages, mais nous n'osons pas répliquer. La présence des armes à feu et l'autorité indiscutable des militaires nous intimident suffisamment pour nous inciter à l'obéissance silencieuse.

Chacun d'entre nous gravit les marches du bus, se frayant un chemin à travers les rangées de sièges. Les militaires restent vigilants, observant chaque mouvement avec une méfiance palpable. Le chef des militaires monte à son tour, son regard scrutant attentivement chacun d'entre nous.

Lorsque tous les élèves sont à bord, le chef des militaires se tourne vers nous, sa voix résonnant dans le bus confiné.

  • Assurez-vous que les fenêtres soient bien fermées. Pas un seul interstice ne doit être laissé libre. Votre sécurité dépend de cela.

Nous obéissons rapidement, vérifiant fiévreusement les fenêtres et les verrouillant avec soin. Le bruit étouffé des vitres qui se ferment résonne dans le véhicule, renforçant encore l'atmosphère oppressante qui règne à l'intérieur.

Un second militaire, équipé d'une bonbonne énigmatique, nous rejoint dans le bus. Ses yeux dissimulés derrière un masque, il observe attentivement chaque recoin de l'espace, confirmant que tout est en ordre. Un silence tendu nous enveloppe alors que nous attendons l'inévitable.

Finalement, le premier militaire ferme la porte du bus, scellant notre sort. L'appréhension grandit parmi nous, nos cœurs battant la chamade dans notre poitrine. Les murmures de peur se font plus audibles, mais ils sont rapidement étouffés par la présence menaçante des armes à feu pointées vers nous.

Le militaire manipule la bonbonne, et un gaz insaisissable s'échappe lentement, se répandant dans l'habitacle. Une légère brume envahit l'espace, se mêlant à notre respiration. Les premiers effets se font sentir alors que les personnes les plus proches de la source s'effondrent, leurs corps succombant à une somnolence irrésistible.

Un calme étrange et irréel s'installe alors que nous sommes enveloppés par cette brume hypnotique. Nos pensées se brouillent, nos paupières s'alourdissent, et bientôt, nous nous abandonnons tous à un sommeil profond et mystérieux. Avant de me laisser emporter par l'obscurité qui m'envahit peu à peu, mes yeux se figent sur la porte qui s'ouvre une fois de plus devant moi, dévoilant un mystère qui s'échappe à ma portée, dans le monde qui m'attend au-dehors.

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