Journal - Paul Lorens - 19.01.2021
Ecrire comme on respire, écrire tout, tout ce qui passe par la tête, en faire une seconde personnalité. Une seconde, deux secondes, trois secondes. Donner forme au chaos (Castoriadis). Tout lâcher, en sachant qu'il n'y rien de plus(baisse la dose sur les superlatifs, le sens n'en pâtira pas) gardant à l'esprit qu'entre le raté et le génie, la différence ne tient qu'à un point de vue. Un léger point de vue, Nieztsche, ne pas chercher à écrire quoi que ce soit, ne pas fixer de direction à cette journée. Elle suivra son cours, qui n'existe pas encore mais qui prendra forme au fur et à mesure.
Donner forme à n'importe quoi, écrire n'importe quoi, juste écrire, encore et encore et encore.
Nieztsche (Ecce homo), pointait du doigt que c'est la force artistique qui lui transmettait de la force physique, encore un putain de (tu te crois dans Peaky Blinders hein ?) renversement.
Hier, sur le pallier du 3ème étage du 18, rue royale, je fixais (toujours immobile hein ?) glissait sur une idée, un soupçon d'idée disons : l'angoisse constitue le début, le milieu et la fin de ma force. Sans elle, je végète.
Le problème (tu fais des mathématiques maintenant ?) penchant naturel quand j'écris ce journal, c'est que je me contente du présent, du flux qui passe, alors que je pourrai construire n'importe quoi. Regarde :
Une cathédrale
Hauteur : 300m ; Style : baroque ; Vitraux : verre (de bouteille) ; Orientation : sud-ouest, pente à 30 degré avec risque d'effondrement.
Et comment un écrivrain dresse-t-il une cathédrale ? Comment pourrai-je ne pas imiter Notre dame ?
J'imagine que ce salaud qu'on nous rabâche à toutes les sauces aurait écrit dans le style :
"Son immobilité n'avait d'égal que sa souveraineté, et les pierres se souvenaient. Rares étaient les batailles dont elle n'avait pas gardé traces. Dans le mur au nord de la nef principale, des burins l'avait percé de symbôles qui lui étaient étrangères. Dates, rois, éloges et oraison funèbre Les hommes l'avaient forcé à saigner pour s'imprégner d'une langue encore trop vulgaires pour une dame qui ne répond qu'aux cieux, au bord du blasphème."
Un Bukowski, qu'aurait-il vu (je ne l'ai jamais lu) ? :
"Avant, il y avait eu la beauté, avant que la mélasse touristique et le suintement des masses na viennent l'empâter, la cathédrale avait une position, une porte. J'avais essayé de m'habiller pour l'occasion en rendant hommage à son excentricité, j'avais emprunté un costume de bourgeois gentilhomme chez mon ami Douglas (un de ces vieils américains qui aimait à se croire francophile)"
Pas envie d'écrire, ça ne mène à rien, à rien. Fatigue, pas assez dormi, pas assez travaillé, aucune perspective, rien du tout. Dis le, tu es un petit élève déçu de ne pas avoir obtenu une bonne note. Bon élève, mauvais vivant. L'inverse aurait donné plus de couleur.
Pas de bien, pas de mal, aucune opposition entre les deux. Succession, immersion, parangon, réminiscence, éclosion, vitraux, arlequin, tissus, soie, rapiécer, passé du subjonctif, figure de style, armoire.
Mais l'angoisse, quel autre matériau, la décadence au quotidien, celle là, celle qui me tient aujourd'hui, mardi 19 janvier 2021 à 7h07, le mur contre lequel je me frappe la tête cinq fois par jour (ma prière à moi). Quand apparait-elle ? Tout le temps. Depuis combien de temps est-elle là ? Depuis toujours. Réagirait-elle à un examen analytique ? On ne lui a jamais accordé cet honneur. Si elle avait un nom ? Catharsis. Si elle était un bâtiment ? Une roulotte. Une sensation ? Une violence en négatif, qui disparait quand on l'appelle et réapparait quand on y pense pas. Ses effets ? Culpabilité, perte de moyens, intestins qui se vident, mauvaise prise de décision, sidération.
(Continue à écrire, keep pushing, encourage la chaos).
Alors, cette sensation ? Merde, on est au-delà de l'angoisse, du doute, et de tout ce champ lexical fadasse. Une MALADIE. Certains sont sujets aux migraines, je souffre (ai-je l'impression de souffrir ? Me suis jamais posé la question). Elle créée une fatalité, une certitude, mais elle ne s'est jamais réalisé. Elle ne se rattache à rien de réel. Elle ne se voit pas et désole l'entourage, qui n'y voit rien d'autre qu'une mégalomanie.
Alors, cette angoisse ? Qu'est-elle ? Que veut-elle ? D'où vient-elle ? (Change d'angle peut-être, elle ne répond pas pour l'instant). Mais maladie n'est pas le terme, ni angoisse, ni stress, serait-ce ma flamme ? mon génie ? ma came ? ma dopamine ? my soul ? Alors elle est ambivalente, car elle mobilise une forme de guerre. Une flamme, un feu, une brulure, une obsession, un renversement, un négatif de la réalité.
(Roule, roule, roule, ne t'arrête pas, la clé de l'ascension est là, dans le rythme, la constance).
Je quitte tout, skipper sur la mer des apparences, mon foil creuse la réalité, et je laisse derrière moi la petite bourgeoisie ignorante et son corset d'apparat, ces connaissances sans sagesse, cette morale qui trahit la plus grande violence. A vrai dire, (vas y écris le, tu peux tout te dire) j'abandonne, sur le sol, dans la boue s'il le faut, ma notation, je perds en un seul coup le gain de cent parties, je détruis devant l'ouvrage de ma vie, et je me mettrai à reconstruire sans un geste et sans un soupir.
Testament d'Arthur Sarazin
Si vous lisez ce testament, c'est que je suis mort. Une bonne nouvelle, rassurez-vous.
Je lègue les biens suivants à quiconque en voudra :
- mon infatiguable incapacité à vivre par moi même, sans règle et sans loi
- mon parcours scolaire et ses bénefices : réputation, image sociale, etc.
- mon rôle de chevalier blanc et la fille qui en a joui
- ma machine à percer les désirs
- une boussole cassée
- ma bibliothèque. Attendez, je ne la lègue pas, je préfère que vous la bruliez
- mes diplômes, à renvoyer aux institutions qui me les ont délivrés
Naissance de Paul Dolorens
Il est né le divin enfant, mange tes dents et rentre chez toi.
(Keep pushing, keep pushing). Tu vois, tu sais écrire de la merde, tu en as des torrents à déverser. Mais le génie c'est que tu peux continuer toute la journée, tu n'écris pas vraiment d'histoire (tu veux essayer de ne pas écrire une histoire, tu veux essayer de ne pas comprendre une notion), tu vivotes de tes petites combine (tu dramatises, le drame = inverse de l'auto-célébration, garde cette illusion en tête).
"Nous vous délivrons l'autorisation de tout abandonner, là, maintenant. Vous avez un passe-droit pour tous les mensonges. Préparez votre évasion s'il le faut. Brouillez les traces. Vous êtes majeurs, vous avez parfaitement le droit de changer d'air, et vous n'avez aucune responsabilité à ".
Laurie putain, laurie putain, tu n'en parles jamais mais elle doit être présente partout. Une prison au-dessus d'une prison. Et arrête d'essayer d'écrire de belles phrases, tu fais de prémaché. Ah t'as envie de prendre ce train dans le sens contraire n'est-ce pas ? D'aller voir Laurie, de lui donner son repas, avec le sac, et de sortir du train pour retourner à Lyon, dans ton cher vide.
Voilà, t'arrives au bord de la crise. En combien de temps ? Après une heure d'écriture, c'est pas mal mon cochon, pas mal. Tu n'arrives pas à écrire, sens bien comme rien ne vient sous tes doits, tu tapes, tu tapes, tu tapes, et rien ne changera. Regarde comment ta routine va se réinstaller juste après. En fait tu n'écris pas parce que tu es rongé par le fait de ne pas avoir rattrapé Laurie sur le trajet en vélo ce matin, parce que tu n'es pas d'humeur, parce que t'en as ras-le-cul, mais t'iras gentillement essayer de corriger/rattraper/réparer. Dès que tu respires, tu fais une erreur, et on te corrige encore, encore.
Tu es un être informe, et sans consistance, conçu pour obéir, conçu pour s'auto-détruire pour le bien des autres.
(Continue à écrire, keep pushing, keep pushing)
Ah toujours rien à écrire, La fêlure de Francis Scott Fitzgerald. Tu décris peut être à merveille la falaise qui cède sous son poids et qui se délècte de pouvoir enfin s'écraser au fond pour pouvoir regarder en haut après avoir tant regarder en bas.
(Continue à écrire, encore et encore)
(Bon, mon cochon, tu vas essayer de nous cracher quelque chose de consistant, où keep pushing).
Allez, ça devient insupportable d'écrire, de voir ne rien écrire, de sentir que tout se délie et que je tourne complètement en rond.
Qu'est-ce que ce serait de tout abandonner, qu'on me dise : "c'est fini maintenant, c'est inutile d'essayer de bien faire".
(Allez, encore et encore et encore).
Qu'est-ce que j'atteindrai à force de travail ? A me casser le dos comme je me suis déjà cassé la tête. Rappelle toi que le suicide est une option que tu as envisagé, vois le comme une simple possibilité qui a grandi longtemps dans un coin de ton esprit. Tu te réveilles dans une grande maison, au milieu de la nuit et tu ne sais pas comment en sortir.
Tu vis un mauvais rêve duquel tu n'arrives pas à sortir.
Et on peut continuer longtemps comme ça, je me sens vidé, complètement vidé.
Tout ça pour dire : "Non je n'ai pas envie, non je ne pourrai pas être là. Merci pour la proposition mais je ne serai pas disponible à cette date, malheureusement"
09:31h
En fait, Ca ne fait aucune différence que j'arrête tout ou que je ne fasse rien. Ca ne change rien. Pas facile à avaler comme connaissance. Je me sentirai mieux investi d'une responsabilité, ou au moins j'aurai quelque chose à vendre dans les conversations. Quelque chose à vendre ?! C'est exact, quelque chose à vendre. Mais là, que je veuille ou que je ne veuille pas faire quelque chose, que je souhaite ou que je ne souhaite pas faire quelque chose, quelle différence ? Que j'obéisse ou que je n'obéisse pas.
Là où l'expérience devient intéressante, c'est si on arrive à concevoir une telle idée (comment en résumer l'essence ? L'absence de libre arbitre ?) sans pour autant en être affecté (t'as pas plus général comme idée connard ?) être paralysé.
Expérience No1 : répondre à ses tous mes mails par la négative, à l'inverse de la bien pensance.
1. Annonce colloque en ligne sur les Métropoles résilientes avec la participation de 3 scientifiques UGA - 21 et 22 janvier 2021
Je supprime en temps normal. Je supprime de la même manière
2. Basecamp (Datactivist): Here’s the latest activity - Projet de cartographie des données des douanes
Là, je voudrai rapporter ma fraise alors que je n'ai rien à dire. Par la négative : "je ne voudrai pas rapport ma fraise même si j'ai quelque chose à dire". Je ne lirai pas donc. Ou je peux surement avouer que je ne comprends rien. Done, je viens d'avouer que je faisais une mission sur laquelle
Je ne comprends pas comment on va pouvoir donner du sens aux données grâce aux métadonnées...est-ce que ça va forcément éclaircir le paysage applicatif ?
3. Problème de facturation - Application Freeletics
Rien à foutre, je n'aurai pas l'application et c'est tant mieux. J'en ai marre de faire le con dans la terre sous 0 degré Celsius.
4. Arthur, you are on a 2 day problem solving streak
Là, j'aurai dit que je n'ai pas le temps, que c'est du loisir. Alors merde, je le fais.
C'était quelque chose à propos des fonctions récursives, je n'ai absolument rien compris. Ce qui est normal je suppose. Une question de minimum d'opérations permettant de découvrir dans un lot de pièce un faux...Réponse : 5 opérations au maximum sont nécessaires pour décourir cette pièce.
Ensuite, une question de triangle de Pascal. Je n'ai rien compris et je ne cherche pas à comprendre. C'est nouveau.
(Comment je me sens : attristé et à la fois je sens que le problème est parti se mettre quelque part dans ma tête. Je n'en suis pas attristé. Je ne comprends pas, je ne ressens rien, juste de l'incomplétude, et pourquoi pas, se sentir incomplet ? Au pire j'apprends la solution par coeur. Pourquoi je me sens presque heureux ? J'ai tué la perfection, j'en fait le deuil RIGHT NOW)
5. IA UGA : REINSCRIPTION ADMINISTRATIVE WEB ALLSHS (MM)
Facteur de stress administratif. Je vais dire que j'essaye de faire au plus vite. Jamais fait non plus : +1
6.Challenge Data du 15 au 19 Février avec l'ANCT et Sciences Po Saint Germain en Laye - EPCI de la Région HDF ?
Là, on arrive au moment du stress administratif : j'ai loupé encore une fois une réunion ? Non, c'est vendredi, en temps normal, j'aurai préferé laisser ce facteur de stress grandir par lui-même, pour ensuite exagérer la charge de mes responsabilités (en réalité insignifiante, je suis une petite main avec peu de compétences rares qui vient jouer des mécaniques avec une thèse en carton).
7. Call for papers PROLOG2021, 16-19 June, Nantes, France
Digitalisation de la supply chain, c'est super, je ne comprends rien. J'envoie une proposition d'article à Mathis.Done.
8. Les alertes Google sur l'open data
J'en ai plus rien à foutre, honnêtement
9. Message sur mon compte en banque
Il me reste 150 euros, on les 19, super. Toujours pauvre.
10. Overdue : Open Data Canvas
Mmm, oui, je suis en retard dans ce que j'avais prévu de faire, comme d'hab. Et comme j'ai l'impression que chaque tâche va nécessiter une réflexion profonde, à faire palir le travail de documentation de Victor Hugo, j'attends la forme optimale. (arrête tes conneries, tu pourrais faire ce que tu fais les yeux fermés, avec un balais dans le cul)
Conclusion de l'expérience No1 :
Pour la première fois, j'ai lu tous mes mails, rien d'intéressant, et j'ai répondu à l'inverse de ma réaction (pas à l'inverse de la bien pensance, mais à l'inverse de ce que ma réaction normale aurait été.). Maintenant on barricade le truc, aucune nouvelle info. Et le monde est toujours le même. A l'ouest, rien de nouveau.
Expérience No2 : m'inscrire aussi vite que possible à OkayDoc, en voulant être rejeté.
Done, en 46 minutes. Pas mal. M'en fous.
Expérience No3 : travailler sur le challenge data de manière aussi égoiste que possible.
Je vais être payé à faire ce que j'ai en tête, en suivant mon programme. Que le côté collaboratif aille se faire foutre.
Je prends donc ma base OpenData Work et je la documente
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