Chapitre 1.1 : L’Invitation du Président

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Natali Lonskaïa

Tandis que le président Atlas arrivait à l’aéroport à bord de sa limousine, Jérémy se tenait à mes côtés, vêtu d’un costume trois pièces bleu foncé. Il semblait nerveux, visiblement soucieux de faire bonne impression devant le président. Trois gouttes de sueur perlaient sur son front, malgré la fraîcheur ambiante, et il massait nerveusement son bras gauche, une habitude qu’il avait déjà à l’hôpital. Pourtant, son état de santé m’avait été confirmé comme parfaitement rétabli. À mes côtés, Vivian, tout comme moi, se tenait droite, en uniforme, les bras le long du corps, tandis qu’une foule de soldats patientait derrière nous.

Je gardais mon regard fixé sur Jérémy, froide et impassible. Il tenait à cette rencontre plus que tout. Pourtant, je pouvais sentir son malaise grandissant à chaque instant. Ses gestes trahissaient une légère nervosité, comme s’il savait déjà que la situation lui échappait.

Suite à sa demande — une promesse en échange de la fourniture d’une partie de sa technologie — il insistait pour retourner dans sa grange en France. Il répétait sans cesse qu'il devait "récupérer certaines personnes" et que "l’avenir de l’humanité" en dépendait, selon ses propres mots. Ces paroles me paraissaient presque risibles, mais je gardai mes pensées pour moi, laissant simplement apparaître un léger sourire en coin.

Le président Atlas revenait tout juste de l'Assemblée générale des Nations Unies, où il avait dû intervenir pour rassurer les autres nations. L’individu qui avait violé de nombreuses frontières, Jérémy Chapi, était officiellement détenu dans notre pays en attente de jugement ou d’un éventuel asile politique. Officieusement, cependant, il était l’invité du président, mais sous surveillance étroite.

La limousine du président s'arrêta devant le quai d’embarquement de l’avion, et un soldat alla lui ouvrir la portière. Je m’avançai vers lui, jetant un coup d’œil à Jérémy avant de lui donner une instruction :

« Ne bougez pas d’ici. »

Je me dirigeai ensuite vers le président et, une fois à portée, le saluai au garde-à-vous.

« Repos, soldat, » me répondit-il d'une voix calme.

« Il semble que vous avez réussi à apaiser en partie les tensions lors de l'Assemblée, » dis-je tout en avançant à ses côtés en direction de Jérémy.

« Vous savez très bien que tout cela n’est qu'une façade, » répondit-il, l’air pensif. « Cela nous donne simplement un peu de répit, le temps que les nations se préparent à ce qui va suivre. »

Lorsque nous arrivâmes devant Jérémy, Vivian se mit au garde-à-vous tandis que Jérémy, pris au dépourvu, tendit sa main maladroitement pour saluer le président. À ma grande surprise, le président Atlas répondit à son geste en lui serrant la main avec les deux siennes, une marque de respect qu’il ne réservait qu’à un cercle restreint de personnes qu'il connaissait bien.

« Heureux de vous rencontrer enfin, jeune homme. Je pense que nous avons beaucoup de choses à discuter, » dit le président Atlas en français, veillant à ce que Jérémy comprenne parfaitement ses paroles.

« Je vous remercie du fond du cœur de m’accueillir dans votre pays, » répondit Jérémy, s'inclinant légèrement devant le président avec respect..

« Bon, ce n’est pas tout ça, mais nous devons prendre la route, » ajouta le président Atlas, tournant les talons pour se diriger vers l’avion. Je le suivis de près, montant les marches derrière lui. Une fois à bord, je me retournai pour constater que Jérémy était toujours bloqué en bas de l’escalier, figé devant les marches.

« Un problème ? » demanda le président, notant mon hésitation.

« Rien que je ne puisse régler, monsieur. Je vais m’occuper de votre invité, » répondis-je en l'invitant à entrer dans l’avion, le rassurant d’un signe de tête.

Je descendis rapidement vers Jérémy, le regardant avec impatience. « Que faites-vous ? Vous ne vouliez pas aller en France ? » lançai-je d'une voix plus ferme, haussant légèrement le ton pour lui faire comprendre qu’il n’avait pas le choix.

Il sembla nerveux, hésitant, ses yeux fixés sur les marches. « Je ne pourrais pas plutôt prendre une voiture ? » demanda-t-il maladroitement.

« Vous plaisantez, j’espère ? Il nous faudrait plus d’une semaine pour y arriver par la route. Ne voulez-vous pas récupérer ce qui vous est si précieux là-bas ? » Ma voix trahissait un début d’agacement. Je n’avais ni le temps ni l’envie de gérer ses réticences irrationnelles.

Jérémy répondit, presque en chuchotant : « Disons que… les avions et ma famille, nous n'avons pas un passé très glorieux ensemble. » Il commença à monter lentement les marches, un pied après l’autre, le regard fuyant.

Je me souvins alors de son histoire. Sa famille avait péri dans un accident d’avion. C’était un détail que j’avais négligé, mais après tout ce qu’il avait vécu, entre voyages spatiaux et technologies avancées, je ne m’attendais pas à ce qu’il soit encore hanté par ce traumatisme. Cependant, le président attendait déjà à l’intérieur et je n’avais pas de temps à perdre avec ses peurs.

« Vivian, aide notre convive à embarquer, s’il te plaît, » ordonnai-je sans détour.

« Bien reçu, » répondit-elle promptement.

Vivian s'approcha de Jérémy, l'attrapant doucement par le bras. « Allez, monsieur, ce ne sera qu’un court vol, » dit-elle avec un sourire rassurant.

Jérémy rougit légèrement face à cette attention, mais ne résista pas. Vivian l’aida à monter les dernières marches, bien que cela ressemblât davantage à un semi-transport qu’à une montée volontaire. Une fois à bord, elle resta à ses côtés, l'escortant jusqu’à la cabine privée du président où il serait en sécurité et sous surveillance.

Je les observai brièvement avant de me diriger vers la cabine privée du président. La porte se referma derrière moi avec un léger claquement alors que l’avion s'apprêtait à décoller. Préparant un anti-vomitif, anticipant que Jérémy pourrait se sentir mal pendant le vol, je pénétrai dans la cabine où tous étaient déjà attachés à leurs sièges. Jérémy était installé près du hublot, Vivian à ses côtés, veillant sur lui comme convenu. Le président, lui, était assis face à son invité, également près d'un hublot, ses yeux fixés sur l'extérieur mais l’esprit manifestement concentré sur autre chose.

Je tendis le verre d'eau avec l'anti-vomitif à Jérémy pour prévenir tout incident pendant le vol. Sans un mot, il le prit et le but d’un trait, visiblement trop nerveux pour rechigner ou poser des questions. Il se laissa ensuite retomber dans son siège, le visage légèrement pâle.

Vivian, qui n’avait rien manqué de la scène, me fit signe de m’approcher. Une fois à sa hauteur, elle se pencha vers moi et chuchota, avec un sourire amusé : « Tu ne lui as quand même pas fait le coup du sédatif, si ? »

Je la regardai un instant, partagée entre amusement et sérieux, avant de répondre dans un murmure : « Non, pas encore. Le président veut lui parler avant quoi que ce soit. »

Vivian hocha la tête avec un petit sourire en coin, visiblement amusée par la situation. Nous savions toutes les deux que cette rencontre entre Jérémy et le président n’était qu’une première étape, un simple prélude à des événements bien plus grands.

Je m’installai à côté du président, face à Vivian. Le vrombissement des réacteurs de l’avion commençait à résonner, accompagné de légères vibrations. Nous pouvions déjà sentir l'appareil prendre de la vitesse sur la piste, et à travers le hublot, l’avion s’inclinait légèrement avant de quitter l’asphalte pour s’envoler dans le ciel. D’un coup d’œil rapide, je remarquai que Jérémy agrippait fortement les accoudoirs, son regard fixé sur le plafond et ses lèvres serrées. La peur de l’avion, bien plus forte que je ne l'avais imaginée, se lisait dans chaque fibre de son corps.

« Voyons, mon garçon, vous avez voyagé dans l’espace, et pourtant vous avez peur de voler en avion ? » lança le président Atlas d’un ton à la fois curieux et léger, brisant le silence avec une pointe d’amusement.

« Disons que, dans mon cas, c’est moi qui avais conçu l’appareil, » répondit Jérémy, sa voix teintée de nervosité alors qu’il s'accrochait encore plus fermement aux accoudoirs. Il essayait de rester stoïque, mais chaque turbulence semblait provoquer chez lui un malaise évident.

Le président resta impassible, mais je sentais qu’il observait Jérémy avec un certain intérêt. « Je comprends que ce soit difficile pour vous, » dit-il d’une voix plus grave, « mais vous devez réaliser que ce voyage est essentiel pour l’avenir de nombreuses personnes. »

« L’avenir de l’humanité, vous voulez dire, » répliqua Jérémy avec une ironie mordante, son regard fuyant celui du président. « Rien que ça, pas vrai ? » ajouta-t-il, comme si la pression pesait soudainement sur ses épaules.

À ce moment précis, l’avion traversa une légère turbulence, et je vis Jérémy blêmir, sa main crispée encore plus fort sur l'accoudoir, ses jointures devenant blanches. Il détourna le regard vers le hublot, mais son expression trahissait son angoisse.

Les secousses cessèrent, et l’appareil se stabilisa alors que nous atteignions notre altitude de croisière. Peu à peu, Jérémy prit une profonde inspiration, essayant de se ressaisir.

Une fois détachés de leurs sièges, le président Atlas se pencha en avant, joignant ses mains devant lui et fixant Jérémy avec une attention particulière. « Mon garçon, cela fait longtemps que je voulais te rencontrer, » dit-il, sa voix posée, mais lourde de sous-entendus.

Jérémy, toujours aussi pâle, esquissa un sourire forcé. « J'espère que vous ne vous arrêterez pas à cette première impression, » répondit-il d'un ton désinvolte, conservant son humour malgré une certaine nervosité.

Atlas esquissa un léger sourire en coin, posant sa main sur son menton. « Loin de là. Avec tout ce qu'on m'a dit sur toi, et après avoir lu plusieurs rapports... je ne m'attendais pas à rencontrer quelqu'un de tout à fait ordinaire. »

Jérémy se frotta la tête avec un air faussement modeste. « Eh bien, je suis content de l'entendre. Je n'ai pas vraiment envie de sortir du lot. »

Atlas redressa alors son regard, son ton devenant plus direct. « Bien, allons droit au but. Ta technologie contre notre soutien. »

Il fixa Jérémy intensément, attendant sa réponse. Ce dernier, sans se laisser déstabiliser, répondit calmement : « J'ai déjà discuté de cela avec Madame Natali. Je suis prêt à vous fournir certaines de mes technologies, mais il y aura des conditions. »

Atlas fronça légèrement les sourcils. « Pas d'armes. J'ai bien lu son rapport sur vos négociations, mais penses-tu vraiment que ce soit réalisable ? »

Jérémy se redressa, prenant une profonde inspiration. « Je connais les capacités des Anneaux célestes, mais ce n'est pas leur volonté. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour éviter que cela se transforme en une course aux armes. »

Le président haussa un sourcil, son ton devenant plus sec. « Et comment comptes-tu y parvenir ? »

Jérémy marqua une pause, choisissant soigneusement ses mots. « Je ne veux pas que l'on commence à créer des armes. Cela ne ferait qu'engendrer une escalade de violence, toujours plus dévastatrice. Cette technologie est destinée à offrir un nouvel avenir à l'humanité, pas à provoquer sa destruction. Si nous sommes destinés à nous entre-tuer, alors à quoi bon chercher la paix ? »

Atlas posa un instant son regard sur la fenêtre, contemplant les nuages à l’extérieur, avant de revenir vers Jérémy. Son ton devint plus réfléchi, presque mélancolique.

« Tu sais, Jérémy, l’humanité a toujours été prise dans cette spirale. Le progrès technologique a souvent été guidé par la guerre, par la peur de l'autre. L'arc et la flèche, la poudre à canon, la bombe nucléaire... Et pourtant, à chaque tournant de l'histoire, nous avons vu ce que la violence nous coûte. »

Atlas marqua une pause, laissant ses mots flotter dans l’air, avant de poursuivre avec une certaine gravité.

« L'utopie que tu décris, où ta technologie pourrait offrir un nouvel avenir sans violence, je la comprends. Et, quelque part, je la désire aussi. Mais l’humanité... elle est plus complexe que cela. Le conflit, malheureusement, semble faire partie de notre nature. »

Jérémy fronça les sourcils, sentant que les paroles d’Atlas prenaient une tournure plus philosophique qu'il ne s’y attendait.

« Vous voulez dire que la violence est inévitable ? » demanda-t-il, intrigué.

Atlas hocha lentement la tête. « Non, je ne dis pas qu’elle est inévitable. Mais elle est récurrente. Et ceux qui la refusent doivent être plus forts encore, non par les armes, mais par leur volonté. Si tu veux empêcher ta technologie de devenir une arme, alors tu devras te battre, non pas contre des ennemis, mais contre des idées. »

« Le véritable combat, Jérémy, n'est pas contre ceux qui cherchent le pouvoir ou la destruction. C'est contre la tentation de l'utilisation facile, contre la peur qui pousse les nations à choisir les armes plutôt que la paix. Si tu veux protéger cette technologie, tu devras aussi offrir une alternative à cette peur. Sinon, tôt ou tard, quelqu'un d'autre l'utilisera, et pas pour bâtir des ponts ou explorer de nouveaux mondes. »

« Je comprends ce que vous voulez dire, » répondit finalement Jérémy avec détermination. « Je ne céderai pas à la facilité. Je ferai tout pour protéger l’humanité avec ce que j’ai. »

Atlas hocha légèrement la tête, une approbation à peine perceptible. « Je compte sur toi pour protéger mon pays, alors. J’accepte tes conditions, mais je te préviens… un jour viendra où tu devras faire face à un choix impossible. Ce jour-là, tu devras choisir en pleine conscience, et vivre en paix avec cette décision. »

Je sentis que ces mots résonnaient profondément en Jérémy. Il ferma brièvement les yeux, comme pour mieux absorber la gravité de la situation. Vivian, à mes côtés, ne disait rien, mais je savais qu’elle suivait chaque mot avec attention, prête à intervenir si nécessaire.

Puis, Atlas changea brusquement de ton, ajoutant une note presque décontractée à l'échange. « Au-delà de ces discussions politiques, il y a autre chose dont j’aimerais parler avec toi. »

Jérémy rouvrit les yeux, visiblement intrigué. « De quoi voulez-vous parler ? » demanda-t-il, tout en restant sur ses gardes.

Je restais immobile, attentive. Vivian, elle, croisa les bras, adoptant une posture presque protectrice.

Atlas laissa un sourire énigmatique s’étirer sur ses lèvres. « Une nuit, lors d’une soirée, quelqu’un est venu me parler de toi. De ton avenir. »

Je remarquai que Jérémy se tendit légèrement, comme s’il cherchait à deviner où le président voulait en venir. « Je ne comprends pas. De quoi parlez-vous ? »

Atlas resta silencieux un instant, savourant visiblement le suspense. Puis, sans prévenir, il lâcha une phrase qui résonna dans la cabine comme une détonation. « Elle est magnifique, n’est-ce pas ? »

Jérémy fronça les sourcils, visiblement déstabilisé. « De quoi parlez-vous ? » demanda-t-il d’une voix hésitante. Je le voyais chercher à comprendre, à saisir le sens caché derrière les mots d'Atlas.

Vivian et moi échangeâmes un bref regard, tout aussi intriguées par ce tournant inattendu dans la conversation.

Atlas croisa les bras, un sourire toujours accroché à ses lèvres. « Séléné, » précisa-t-il finalement. « Elle t’appelle son petit archange, non ? C’est touchant, tu ne trouves pas ? »

Jérémy, visiblement choqué, perdit brièvement contenance. « Comment… comment la connaissez-vous ? » balbutia-t-il, la surprise et la gêne se lisant clairement sur son visage.

Atlas haussa les épaules avec une nonchalance étudiée. « De la même manière que toi. Tu penses être le seul à avoir ce genre de lien ? »

Jérémy secoua la tête, visiblement perturbé. « Je... Je n’ai rencontré que deux personnes en dehors de Séléné... » murmura-t-il, sa voix hésitante, comme s’il essayait de rassembler ses pensées face à cette nouvelle information.

Le président fixa Jérémy avec une lueur de compréhension dans les yeux. « Tu n’es pas aussi seul que tu le penses, Jérémy. Et pour rassembler tout ce beau monde, tu dois continuer. Sache que tu as tout mon soutien, dans la mesure de mes moyens. »

Puis, sans un mot de plus, le président se leva de son siège et tendit une main chaleureuse à Jérémy, un geste empreint de respect et d’amitié. C’était une manière claire de montrer son engagement à soutenir la cause de Jérémy.

Surpris, mais touché, Jérémy se leva également, hésitant un instant avant de finalement prendre la main du président. Pris par l'émotion, il l'enlaça amicalement, exprimant ainsi sa reconnaissance. « Merci pour votre confiance, et pour celle que vous lui accordez, » murmura-t-il, ses paroles restant quelque peu énigmatiques, mais empreintes de sincérité.

Pendant cet échange, Vivian, fidèle à son rôle de garde du corps, resta aux aguets. Lorsque Jérémy entoura Atlas de ses bras, elle eut un réflexe presque instinctif. En une fraction de seconde, sa main droite glissa vers son couteau dissimulé, prête à réagir. Pour elle, chaque mouvement de proximité avec le président était une menace potentielle, et son devoir était de protéger, coûte que coûte.

Elle avait déjà dégainé la lame lorsqu'elle perçut l'intention bienveillante du président. Un simple geste de sa part, une main levée dans un calme inébranlable, suffit à apaiser la situation. Vivian, professionnelle jusqu'au bout, réagit immédiatement à ce signal et cacha rapidement l'arme sous sa manche avant que Jérémy ne puisse remarquer quoi que ce soit.

Lorsque Jérémy se détacha du président, il tourna brièvement son regard vers Vivian. Il ne perçut rien d'anormal, seulement son sourire habituel et son air de calme maîtrisé. Pour lui, tout était sous contrôle, et il ne se doutait pas que Vivian avait été à un souffle de passer à l’action.

Le président, quant à lui, retourna à son siège avec une sérénité inébranlable, comme s’il avait anticipé et géré la situation avant même qu’elle ne devienne problématique. Le moment d'émotion passé, l’atmosphère dans la cabine redevint plus détendue, même si une certaine tension sous-jacente persistait.

« Nous avons encore beaucoup à discuter, » reprit Atlas, brisant le silence et recentrant l'attention sur les sujets à venir, tandis que l'avion continuait son vol vers sa destination.

De mon côté, Vivian et moi avons pris congé, nous retirant dans l'espace réservé au personnel pour préparer une collation pour le président et Jérémy. Mais c’était aussi l'occasion de discuter entre nous de ce qui venait de se passer, une scène qui avait soulevé plus de questions que de réponses.

Tandis que je m'avançais vers le mini-bar de l’avion pour préparer du thé, Vivian s'approcha discrètement derrière moi. Je sentis sa main se poser légèrement sur mon dos, un geste familier annonçant qu'elle voulait entamer une conversation privée. Tout en m’affairant à rassembler les tasses et les sachets de thé, elle me chuchota à l'oreille, d'une voix prudente :

« Quelle était cette conversation ? Es-tu au courant de quelque chose que je ne sais pas ? »

Je secouai légèrement la tête, tout en continuant de préparer les boissons. « Non, absolument rien. Le président n'a jamais mentionné cette Séléné devant moi. »

Je comprenais parfaitement sa confusion. Le président et Jérémy semblaient parler d'une personne dont nous n'avions jamais entendu parler auparavant, et pourtant, ils avaient manifestement tous les deux une connexion avec elle. Qui pouvait bien être cette mystérieuse Séléné, et pourquoi Jérémy semblait-il si affecté par sa mention ?

Vivian lâcha un petit rire sarcastique, mais je pouvais sentir l’anxiété dans sa voix. « Je vois que tes années passées derrière un bureau n'ont pas ralenti tes réflexes, Nana, » dit-elle en faisant référence à ma réaction rapide. En effet, dans l’ombre de l’échange tendu entre Jérémy et le président, j’avais presque dégainé mon arme sans même m’en rendre compte, par pur instinct de protection.

Je lui lançai un regard en coin tout en versant l’eau chaude dans les tasses. « Et toi, tu n’as pas trop réfléchi non plus, » rétorquai-je avec un sourire amusé, mais un peu accusateur. « Tu as presque tué l’invité du président, je te ferai remarquer. »

Vivian esquissa un sourire en coin, haussant les épaules comme pour minimiser son geste. « Je suis là pour protéger, non ? Je préfère agir plutôt que regretter. »

Je soupirai doucement, comprenant son point de vue, mais nous savions toutes les deux que l'atmosphère était tendue, et que ce qui s'était passé dans cette cabine était bien plus complexe que ce que nous pouvions saisir à cet instant.

La question demeurait : qui était Séléné, et quel rôle jouerait-elle dans les événements à venir ? Peut-être s’agissait-il d’un mot de passe, ou d’un lien avec la Déesse de la Lune. La lune... Cette pensée me hantait. Il était crucial que je mène davantage de recherches pour éclaircir ce mystère. Je devrais aussi envisager d’en discuter en privé avec le président, afin d’obtenir les réponses que je cherchais.

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