Dénouement

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Après une nuit passée à se reposer de la soirée précédente, La Bête (Maurice), fut réveillé par une musique presque douce, en comparaison de la veille. Belle s’était levée la première et avait été lancer I wish I had an Angel de Nightwish, une « quasi » ballade. Emergeant de son lit, les poils pas encore remis de leur danse folle, il arriva dans la cuisine pour voir son invitée aux fourneaux.

Elle avait découpé deux avocats (après les avoir pelés et en avoir ôté le noyau évidemment), les avait coupés en petits morceaux et déposé chacun sur une jolie assiette trouvées dans un des nombreux placards. Elle avait pressé des oranges qu’elle avait récupérées dans le bas du frigo et était en train d’observer le breuvage qui finissait de couler dans la cafetière.

  • Bonjour Belle, mmm ça sent bon…
  • Bonjour Maurice, je t’avais bien dit à charge de revanche, non ?

Il ne l’avait pas noté, mais effectivement, elle l’avait bien dit (relisez le chapitre précédent que je viens de corriger).

  • J’ai préparé aussi du thé si tu veux. J’ en ai trouvé avec un goût russe qui sent délicieusement les agrumes.
  • Je prendrai les deux, Belle. Je veux goûter à tout de toi…

Puis soudain, comprenant que ce qu’il venait de dire pouvait prêter à confusion, il rougit jusqu’aux pointes de ses oreilles.

  • T’es mignon quand tu rougis, Maurice, tu sais…

Elle ne put s’empêcher de le chambrer gentiment, de se moquouiller en fait. Bien entendu, il piqua un fard de plus belle, devenant carrément écarlate. Les poils aussi avaient pris une teinte rouge sombre.

  • Allez, assieds-toi et mange, lui dit-elle avec un énorme sourire.

Il ne se fit pas prier et dévora son avocat. N’oubliez pas qu’il était végétarien… Le pain beurré disparut lui aussi, ainsi que les différentes boissons chaudes et froides disposées à table.

Une fois le petit déjeuner englouti, elle lui présenta le programme de la journée. Il y avait encore une chose qu’elle devait lui faire découvrir :

  • Bon, Maurice, il me reste encore un truc à te montrer, pour que tu deviennes un vrai métaleux.
  • Un vrai métal, euh ?
  • Non, métaleux, les fans de musique métal.
  • Ah oui, Nightwish, Kopriklaani et le punk celtique ?
  • Oui, mais pas que, Maurice, je vais aussi te faire découvrir de la musique de l’autre côté de la terre : le métal japonais et le métal maori.
  • Oh chouette ! J’aime beaucoup que tu me fasses découvrir de nouvelles musiques !

Son enthousiasme enchantait Belle. Elle n’avait encore jamais initié personne d’aussi passionné. Plus il en apprenait plus il voulait en savoir. Qui aurait pu supposer que la Bête qui terrorisait toute la région s’emballerait pour le métal sous toutes ses formes ?

  • Et puis surtout, je vais te faire découvrir le pogo !
  • Le pot go ?
  • Oui, la danse spécifique du métal. Y en a plein d’autres, mais à deux, on va être ridicule et ça va être nul, voire impossible…
  • Ah bon ?
  • Oui, il y a aussi le slam, dans lequel des gens se font porter par la foule des spectateurs, ou le circle pit dans lequel tous les spectateurs tournent en rond dans le même sens… Mais bon, à deux…
  • Alors, explique-moi le pogo, Belle.
  • On se tient verticalement, les bras le long du corps et on saute sur place, des fois on se cogne, les uns les autres.
  • Mais dis-moi, ça peut être violent ça, non ?
  • Non, Maurice, tu sais, les vrais métaleux sont tout sauf violents. Quand dans un concert, un des spectateurs tombe, il est aussitôt relevé par ceux qui sont autour, pour qu’il ne soit pas piétiné. Bien sûr, il y a quelques abrutis qui en profitent pour décharger la violence qu’ils ont entre eux dans ce genre de concert. Mais ils sont très vite écartés par l’ensemble des autres métaleux.
  • Les métaleux sont sympas alors ?
  • Toutafé, Maurice !

Elle se leva et alla lancer Ningen Isu, sans conteste son groupe de métal préféré. L’intro à la guitare seule de Heartless scat envahit la pièce et la remplit durant plus d’une minute, à peine troublé par quelques coups de gong, puis la musique s’énerva, prenant un rythme plus soutenu et marqué. Elle se leva l’entrainant au milieu du salon.

  • Fais comme moi, Maurice, saute en musique !

Et il sauta, sauta, faisant virevolter l’ensemble de sa toison dans tous les sens. Elle sauta aussi et ce sont deux cabris bondissant au rythme de la basse et de la batterie de Ningen Isu qu’ils se lancèrent dans un pogo endiablé. De temps en temps, par des mouvements incontrôlés, il heurtait la jeune fille et s’excusait aussitôt :

  • Je suis désolé, Belle, pardon…
  • C’est rien, Maurice, enchaîne ! entendait-il systématiquement comme réponse.

Après les Japonais, vinrent les Maoris, avec tout d’abord Alien Weaponry et leur Rapautu, puis Sheperd Reign avec Le Manu.

Un peu hors d’haleine, Maurice se tourna vers Belle à la fin du morceau.

  • On peut souffler un peu, Belle ? J’ai plus 20 ans, moi…
  • Oui, Maurice, bien sûr. Tu sais, J’ai pas 20 ans moi non plus, dit-elle avec un grand sourire et un clin d’œil appuyé.

Elle se dirigea vers la chaine HiFi et sélectionna un morceau bien particulier. Les premières notes de piano de la fameuse chanson While your lips are still red de Nightwish s’élevèrent. Belle tendit sa main à Maurice et l’enlaça :

  • Je vais t’apprendre le slow maintenant.
  • Il faut faire quoi ?
  • Juste m’enlacer et te laisser porter par la musique. Ne l’écoute pas qu’avec tes oreilles, mais aussi avec ton cœur, Maurice. Ferme les yeux.

Il le fit et commença un lent mouvement (en rythme quand même) avec Belle dans ses bras. Assez vite elle posa sa tête contre la poitrine velue, respirant les effluves mâles qui s’en dégageaient après leurs pogos endiablé. Elle se sentait bien, en sécurité dans ses bras poilus. Elle reprenait son souffle. Mais ça n’était pas que cela… Maurice, de son côté respirait aussi la chevelure noire de Belle, se prenant à rêver d’une vie plus douce, sans faire peur à tout le monde. Entre les pogos, le métal et le jardinage, sans oublier les petits déjeuners pantagruéliques et les slows maintenant, avec Belle dans ses bras… Une belle vie en somme.

Au beau milieu de ce morceau, il y eu soudain un énorme fracas venant de la porte d’entrée du château.

  • Tu as entendu Maurice ? Qu’est-ce que c’est ?
  • Je ne sais pas Belle, arrête la musique, je vais aller voir.

Elle s’exécuta sans discuter, inquiète de ce qui allait suivre. La Bête disparut par une porte du salon, au même moment où son père entrait, suivi d’une troupe d’hommes en armes.

  • Papa ? Mais qu’est-ce que tu fais là ? demanda belle, surprise par cette irruption en plein slow.
  • Je suis venu te sauver Belle, de cette bête immonde !
  • Mais de quelle bête parles-tu ?
  • Celle qui m’avait capturé et qui m’a libéré contre ton propre enfermement.

Il se jeta sur sa fille et la serra dans ses bras

  • Par Dieu, heureusement, elle ne t’a rien fait. elle n’en a sans doute pas eu le temps

Elle se dégagea vivement et son père interloqué lui demanda :

  • Que t’arrive-t-il ma fille ?
  • Mais enfin que font tous ces gens ? Pourquoi sont-ils armés ? lui demanda Belle un peu angoissée.
  • Pour te délivrer de cette bête, Belle, pour te sauver !

On entendait les hommes derrière lui vociférer (d’autant plus que la Bête n’était pas là).

  • Oui, on va le crever !
  • À mort la bête !

(Je vous passe le reste mais c’était pas jojo…)

  • Mais qu’est-ce que tu racontes ? Qu’est-ce qu’ils disent tous ?
  • Dis donc ma fille, tu ne comprends pas vite, elle t’a droguée ou quoi ? On vient te tirer des griffes de cette bête affreuse ! C’est clair, non ?
  • Tu parles de Maurice ?
  • Ah, parce qu’elle, enfin… Il a un prénom maintenant ?
  • Ben oui, il s’appelle Maurice… Si quelqu’un avait pris la peine de lui demander, il se serait présenté.
  • N’empêche qu’il te séquestrait et qu’il m’a enfermé dans un cachot…
  • Enfin, Papa, dans une chambre et tu étais venu voler des roses dans son jardin. Peut-être que tu aurais pu juste lui demander ?
  • C’est une Bête immonde quand même, non ? Demanda le père ne comprenant pas ce qui se passait entre la Bête et sa fille.
  • Bon, il est où ? hurla la foule en délire (enfin, les cinglés derrière le père).
  • Il est parti par-là, fit le père en désignant une porte restée ouverte.
  • Allons-y les gars, transformons cette bête en descente de lit !
  • Oui, en carpette !
  • En chaussons !
  • - En oreiller !

Bon, là aussi je vous passe les idées de cette foule assoiffée de sang et de poils mais il y avait du grand n’importe quoi. Qui aurait eu envie d’un oreiller poilu ? Sans déconner… Ils partirent donc tous à sa recherche dans les couloirs du château.

Le père et la fille se retrouvèrent seuls. Il la tenait fortement dans ses bras, l'empêchant de rejoindre Maurice :

  • Il ne t’a pas fait de mal au moins ?
  • Mais non, il est très gentil, Maurice.
  • Ne me dis pas qu’il gagne à être connu !
  • Mais si, au contraire. Je lui ai fait découvrir ma playlist de métal et il a adoré.
  • Il a aimé ta musique ? C’est bien ce que je disais, il est cinglé…
  • Papa !
  • Désolé ma fille, mais j’ai vraiment du mal à te croire.

On entendait des cris, des chocs de métal contre la pierre des mures, des vociférations au loin.

  • Mais qu’est-ce qu’ils vont lui faire ?
  • Ben qu’est-ce que tu crois, ce qu’ils ont dit, une descente de lit, une carpette, …

(Oui, c’est bon, on a compris, le père…)

  • Ils vont le tuer ?
  • Tu sais, une descente de lit, c’est pas très vivant, Belle…
  • Mais je ne peux pas les laisser faire, moi ! s’écria-t-elle

Se liberant des bras de son père, elle s’engouffra dans les couloirs à la suite de la bande de soudards décidé à le transformer en… (Ça va, on a bien compris, je crois).

Hélas, trois fois hélas (ça fait bien dramatique, ça, non ?) elle arriva trop tard. Maurice avait été acculé dans un coin et malgré une résistance héroïque avec une épée un peu rouillée, il n’avait pu tenir face à une dizaine d’abrutis armés de lances et autres piques. Pas assez d’allonge, c’était bête… pour la Bête.

Belle arriva comme une furie et par ses cris les fit fuir.

  • Mais vous êtes complètements tarés ! Qu’est-ce qu’il vous a fait ? Vous avez juste peur parce qu’il est différent de vous ? Vous ne supportez pas la différence, bande de nazes. Foutes moi le camp, dégagez !
  • Mais, et notre carpette…
  • Barrez-vous bande de cons !
  • Mais je vais dire quoi à ma femme ?

Le père, qui venait de les rejoindre, intervint :

  • Partez maintenant !
  • Mais… mes chaussons…
  • Du balai ! hurla le père à son tour.

Belle s’était agenouillée à côté de Maurice mourant et avait posé la tête de la bête sur ses jambes. Elle lui caressait les poils tendrement.

  • Pardonne leur, Belle ils ne savent pas ce qu’ils font (Eh, citation de la Bible s’il vous plait.. ça le fait, non ?)
  • Leur pardonner ? Mais ce sont des imbéciles, des criminels ! dans un sanglot.
  • Je t’ai entendu, Belle, tu as raison, ils ne supportent pas la différence, lui répondit-il dans un souffle
  • Oh Maurice…
  • Belle, tu m’as fait vivre les plus beaux instants de ma vie, ces derniers jours.
  • Avec le métal ?
  • Non, juste avec toi, ta douceur, ta tolérance, toi qui a su voir au-delà des apparences…
  • Maurice, j’étais si bien dans tes bras pendant ce slow.
  • Moi aussi Belle, tellement bien…

À cet instant, il se produisit un phénomène extraordinaire : alors que la vie quittait le grand corps poilu de la Bête, celui-ci redevint le beau prince qu’il était à l’origine, le fameux prince Maurice (le débile du début, mais en moins con, nettement moins…).

  • Adieu Belle, lui dit-il dans son dernier souffle (de prince ce coup-là).
  • Adieu Maurice, mon prince lui dit-elle en embrassant ses lèvres miraculeusement apparues maintenant que toute la pilosité avait disparue.

Puis se retournant vers son père :

  • Quand je pense que ces couillons ont zigouillé un Prince, MON prince… quelle bande de débiles, je te jure…

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