Question 1188
Avez-vous récemment contacté des gens de votre groupe d'âge que vous avez fréquenté durant votre jeunesse ? Récemment, j'ai participé à la réunion des anciens élèves de mon lycée (école secondaire au Canada), et c'était notre 20e anniversaire depuis la remise des diplomes. J'ai décidé de leur écrire cette petite lettre ouverte, deux semaines après l'événement. Je vais modifier certains termes pour que vous puissiez comprendre certaines expressions qui ne passeraient pas en France, puisque je l'ai d'abord écrites avec des régionalismes franco-acadiens, franco-québécois.
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Le temps passe, les relations vont et viennent, mais une chose ne change jamais : la résilience de l'être humain. On peut passer à travers les pires épreuves de notre vie, on va toujours trouver le moyen de retrouver une lumière au bout du tunnel. Que ce soit le sourire d'un être cher, l'affection d'un parent, un câlin, une bonne nouvelle. L'être humain vit d'espoir, comme il peut parfois se laisser influencer par la peur. Et je dois admettre que la peur a beaucoup influencé mes choix au cours de ma vie.
Je pense que plus le temps passes, plus certaines personnes ont peur de s’ouvrir aux autres, car ils ont peur d’être jugés et rejetés. Pour certains, ces sentiments sont plus forts que d’autres. Je me dis que chacun a ses propres pensées stressantes qu’on garde à l’intérieur, mais qu’on n'ose pas dire tout haut, de peur qu’on nous prenne pour un fou. La peur de ne pas y arriver financièrement, la peur de ne pas être un bon parent, la peur de perdre un être cher, même la peur de rater quelque chose qui pourrait être insignifiant pour une autre personne. Mais bon, le stress ça fait partie de la vie. Ma plus grande source de peur cette année aura été que mes douleurs chroniques empirent avec le temps. Ma deuxième source de peur était la réunion, qui finalement s’est mieux déroulée que je l’aurais imaginé.
Pour moi, l'expérience de trouver tout ce petit monde, il y a deux semaines, m'a permis de me donner un peu de courage et d'enfin faire face à certaines choses de mon passé. J'aurais aimé être plus ouvert, j'aurais aimé prétendre que j'étais quelqu'un de mieux, mais je ne pouvais mentir à personne sur ma condition. Quitte à passer pour un fou, j'ai choisi l'honnêteté et je remercie celles et ceux qui ont pris le temps de m'écouter, même parmi mes bégaiements.
Certains d'entre vous m'avez étonné par votre bienveillance et votre compassion. C'est sûr qu'on n'aura pas eu tout le temps du monde pour discuter, mais ces brefs instants m'ont fait du bien. Je ne suis pas quelqu'un pour qui il est facile de parler, puisque je suis quelqu’un de timide et de réservé ; mais quand vient le temps de réfléchir et d'écrire... c'est un peu plus comment je suis à l'aise de communiquer mes pensées.
Les mots me manquent pour exprimer la joie que j'ai ressentie en l'espace d'une soirée, un peu folle, énergique et chaleureuse. Et pourtant, je ne suis pas connu pour aller dans les bars.
Depuis maintenant quelques mois, mon objectif était de faire au moins de deux à trois heures de marche par jour, jusqu'à ce que vienne la réunion de notre 20e anniversaire. Je m'étais mis en tête que je maigrirais un peu et que j'étonnerais peut-être quelques personnes… Ha ha… je me suis trompé sur toute la ligne, parce que perdre des kilos, c'est difficile. En tout, j’en ai perdu quatre. J'aurais quand même appris à prendre mieux soin de ma santé. Au moins ça.
Les gens vont peut-être se demander, mais pourquoi Danny écrit-il encore des longs paragraphes ? Je l'ignore. C'est juste ma façon de vous dire merci. Ou bien, de vous dire que je vous vois, même si je ne vous connais pas tous. Ma manière de vous dire que même si on a tous nos petits bonheurs, nos petits malheurs, chacun d'entre nous mérite sa place sur ce monde. Et j'avoue que c'est cool de voir comment l'être humain peut évoluer au fil des années.
J'ai… été touché d'entendre certains témoignages au cours de cette soirée à laquelle j'étais parfois muet comme une carpe. Beaucoup d'entre vous avez passé à travers des étapes difficiles, mais vous n'avez pas abandonné, vous n'avez pas baissé les bras. Vous êtes ici, vivants, pour partager votre histoire, votre vécu avec le monde qui vous entoure. Et ça, c'est un exploit en soi. Beaucoup de personnes n'ont pas cette chance de vivre, en raison de la maladie ou de cruels accidents. Et malgré tout, on survit.
Où serai-je dans dix ans ? Je l'ignore. Serai-je à la trentième réunion ? Il est impossible de savoir comment le reste de notre vie se déroulera. Moi, je suis à l’éveil de la quarantaine comme vous tous et je sens mon cœur, mon horloge interne qui me chatouille dans la poitrine chaque jour. Un pouls qui me dit que je dois faire quelque chose de ma vie, marquer ma trace avant la toute fin. Je lutte pour vivre, je lutte pour trouver un sens à cette vie étrange qui nous est offert. Et il est possible que je ne connaisse jamais la réponse. Et c’est possible que je ne sois pas le seul qui vive cette crise existentielle.
Rendu à cette étape de notre vie, tout ce qu'on peut faire, c'est toujours faire de notre mieux, un pas en avant de l'autre. Je souhaite de tout mon cœur qu'il vous arrive de belles choses au cours de votre vie, même à la possibilité que la plupart d'entre nous ne se croisent plus très souvent. Ne laissons pas la cruauté du monde faire de nous des gens que nous aurions honte de présenter à nos versions du passé. Il y a aussi beaucoup de beauté et d'espoir en chacun de nous, ainsi que sur notre belle planète. Il suffit d'ouvrir son cœur et d’être patient.
Je me suis toujours demandé quel serait mon héritage sur Terre, j'espère y laisser un brin de compassion ; même si on s'entend que j'aimerais aussi que ma passion pour les mots puisse faire la différence dans la vie de quelqu’un. Pour le reste, c'est à moi de le découvrir, j'imagine. Mais ce n’est pas en restant isolé que je le découvrirai. J’espère aussi rencontrer de nouvelles personnes, me faire de nouveaux amis, peut-être rencontrer l’âme sœur.
Je garde espoir que d’ici à mes quarante-huit ans, j’aurais réalisé quelques nouveaux rêves et que j’aurais été capable de passer à travers la fameuse crise de la quarantaine. Je compte retourner en thérapie et continuer à lutter contre mes démons personnels. Comme on dit, la vie n’a pas besoin d’être parfaite. Parfois, juste être, juste exister, c’est suffisant. Par contre, je ne vous mentirai pas en vous disant que tout cela me fait horriblement peur.
Mon but l’année prochaine sera d’apprendre à lâcher prise, tout en continuant à prendre soin de ma santé physique comme mentale. Je vous remercie d’avoir pris le temps de lire ce message et vous souhaite une bonne fin de semaine.
Carpe diem,
Danny

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