Chapitre 24 : Deux montagnes, Deux destins.

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Après avoir traversé la cité de Stharvos, non sans encombre, Rui et Shizza arrivent au pied du mont Panargias. Il ne leur reste plus qu’à emprunter le sentier menant au temple d’Athéna pour arriver à destination.

Les dalles blanchâtres de la ville laissent place à présent à une pente irrégulière taillée en forme d’escaliers de pierre.

Les deux frères s’avancent prudemment. Le chemin, assez étroit, ne laisse aucune marge de manouvre en cas de rencontres indésirables.

Un peu plus haut, non loin du temple d’Athéna, se dresse un campement de fortune composé d’une dizaine de tentes, un feu de camp au centre, et enfin un peu plus en retrait, une guillotine.

Junon de Pheres sort de la plus grosse des tentes, l'air irrité, et se dirige vers le commandant de sa garde, assis près du feu :

- Alaros ! Je me suis reposé comme tu me l’as conseillé ! Je suis venu sur cette montagne alors qu’une suite royale m’attendait bien au chaud au palais, en bas, comme tu l’as voulu ! Maintenant j’en ai assez ! Finissons-en que je puisse retrouver des commodités de mon statut ! vocifère-t-il.

- Votre altesse, je suis navré de vous avoir causé tous ces désagréments mais comprenez ma méfiance envers les ithaquiens après ce qu’il s’est passé dans ce village, se justifie le commandant sereinement.

- C’est bien toi qui m’a suggéré de passer par là-bas, non ? Ma patience a des limites ! hurle-t-il.

Constatant que le prince bouillonne de colère, Alaros change de sujet : vous avez entièrement raison… Pour me faire pardonner je vous apporte donc une bonne nouvelle.

À ces mots le jeune noble se calme un instant : Je t’écoute.

- Le soleil est sur le point de se lever, il est l’heure d’appliquer la sentence.

Ce rappel donne le sourire au prince. Sans dire un mot de plus il se retourne puis se dirige vers le criminel. Alaros emboîte le pas suivis des soldats.

De loin, les deux frères, à mi-chemin, aperçoivent une masse se rapprochant d’un engin :

- Rui ! Ça doit être eux ! s’écrie Shizza.

- Pas de temps à perdre, on fonce !

- Oui, tant pis pour la discrétion !

Ils se mettent immédiatement au pas de course. La voie est libre. Il ne tarde pas à arriver au temple d’Athéna. Shizza ralentit en voyant, pour la première fois, la grande statue représentant la déesse de prés. Une étrange sensation le parcours. L’envie de s’en rapprocher le titille un instant mais son frère le rappel à la raison :

- Qu’est-ce que tu fous, Shizza ?! hurle-t-il.

- Je… J’arrive !

Ils bifurquent à gauche, suivant le sentier. Il ne leur reste plus qu’une centaine de marches à arpenter. Lorsqu’ils sont stoppés net par trois gardes, non loin de l’entrée du campement.

Pendant ce temps au sein du bivouac, tous étaient regroupés autour de la place d’exécution. Le nombre de soldats excédait ceux présents à Munt ce matin. Tandis que le bourreau se met en place, prêt à actionner la guillotine, Junon s’avance vers Ren :

- Pauvre fou ! Tu vas payer pour ton insolence… dit-il en se tenant la joue enflée, tu as levé la main sur moi ! Tu as osé abimer mon sublime visage… Estime toi heureux que je ne rase pas ton village !

À ces mots, Ren qui demeurait jusque-là silencieux éclate de rire :

- Hahaha ! Ton sublime visage ? singe-t-il en lui empruntant le ton de sa voix.

- Quoi ?! s’étonne le prince, irrité.

- Tous les nobles ont-ils de gros problèmes de vue ou est-ce seulement toi qui a du mal à voir ton reflet dans un miroir depuis que je t’ai mis mon poing dans la figure ?! ajoute-t-il d’un air provoquant.

Tout à coup, l’un des soldats qui se retient de rire, laisse malgré tout s’échapper un léger bruit qui ne passe pas inaperçu aux oreilles de Junon. Le prince se tourne vers le gaffeur, ce qui suscite un regard d’inquiétude partagé au sein de la troupe. Un court silence s’installe.

- Tu t'es moqué de moi ? demande le jeune noble d’un ton nerveux.

- Non, Non Messire ce n'est pas ça... panique le soldat.

Le jeune noble ne le laisse pas terminer sa phrase. Il arrache l’épée d'un autre de ses sbires et la lui plante dans la poitrine, ivre de colère.

Les autres hommes, apeurés face à la réaction de leur maître se redressent et reprennent un air sérieux, regardant droit devant eux, essayant d'ignorer le corps de leur compagnon gisant à terre.

- Sale monstre ! Vous les nobles, vous pensez que vous avez le droit de vie ou de mort sur nous ?! Tu le payeras un jour ! vocifère Ren.

- Cela suffit ! Comment oses-tu ?!

Non loin de la scène, les frères de Ren font face aux trois gardes leur barrant la route :

- Halte-là ! ordonnes l’un d’eux.

- On n’a pas le temps ! vocifère Rui.

Le jeune homme bondit le pieds en avant vers son interlocuteur qui se prend le coup en pleine figure et s’en va heurter le sol.

Les deux autres soldats s’avancent vers Rui, prêt à le prendre en tenaille. Mais Shizza se précipite sur le garde à terre et lui subtilise son arc et ses flèches. Tout en endossant le carquois qu’il vient de voler, il en extirpe une flèche. Il tend l’arc et place le projectile. Le temps d’un battement de cils et la flèche se retrouve logé dans le pied de l’ennemi, le faisant hurler de douleur.

Rui en profite pour désarmer l’homme blessé. Il se munit de son glaive et attaque le dernier opposant. D’un coup vif, il lui tranche un tendon.

Les ennemis sont immobilisés à présent.

- Ne perdons plus de temps ! rabâche-t-il.

Alors que le destin de Ren se joue, un conseil de grande ampleur va bientôt se tenir.

Au sud-est de Stharvos, devant le palais d’Odysseus, le polémarque Laetos s’apprête à prendre le départ. Revêtu de son armure scintillante et de son casque paré de plumes rouges, il enfourche sa monture, un pur-sang originaire des plaines de la thessalonie. Le capitaine Geros se fraye un chemin entre la troupe d'escorte et s'approche de son supérieur :

- Polémarque, le désigne-t-il, suivit d’un salut protocolaire.

- Tu viens me faire ton rapport Geros ?

- En effet ! Les délégations de l’archipel sont toutes arrivées. Ils se réuniront d’ici quelques heures au pinacle de la tour d’Alcomène.

- Bien. Il est temps de partir.

- Je... Veuillez m'excuser, mais personne ne m'a avertis de notre départ, je vais chercher mon cheval de ce pas, indique le capitaine.

Du haut de sa monture, le polémarque fixe le jeune homme un instant, puis relève la tête :

- J’aimerai que tu restes ici mon cher Geros.

- Mais… Vous me demandez de ne pas prendre part à l’un des conseils les plus importants pour notre île depuis des années ?

- Je ne suis guère rassuré de laisser le palais sans une autorité compétente en son sein. Si jamais j’ai besoin de toi je t’enverrai un messager.

- … À vos ordres, rétorque le capitiane l’air vexé.

J'ai plus l'impression que tu essais de m'écarter, Laetos ! Pourquoi ? se demande-t-il.

Sans plus attendre, le polémarque donne le signal de départ. Son convoi se met immédiatement en marche. Il s'élance en direction de la région du mont Neritos, situé en plein milieu d’Ithaque. En effet, c’est au pieds de la montagne, que se tient la célèbre tour d’Alcomène. Un édifice jadis construit par le père de l'illustre Odysseus afin de rendre hommage à la naissance de dernier. C’est à cet endroit que se réuniront les représentants des sept îles de la mer Enoliènne pour déterminer l’avenir de l’archipel d’Hexinion.

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