1.1 - Le Capitaine Markios

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Un jeune homme, légèrement musclé et aux cheveux blonds, ne tenait pas en place dans sa chambre. Il se préparait à recevoir une réponse de la part de ses supérieurs. Voilà des mois qu’il espérait cette nouvelle avec impatience.

— Non, mais je mets quoi, moi !? grogna-t-il.

Ce jour-là, une nouvelle brigade avait été formée – une équipe de personnes capables de combattre des monstres et de partir en missions pour aider la république de Baldt. Lui, Flint Markios, aspirait à devenir capitaine : le rang le plus important de ce groupe.

Il examina nerveusement sa montre et soupira :

— Bientôt l’heure du souper…

Il se tourna vers un homme plus grand derrière lui et souleva une chemise bleue et une autre noire. Il cligna des yeux.

— Gabriel ? T’en penses quoi ? demanda-t-il.

— Mets la bleue, Flint. Elle ira bien avec ton jean.

Son ami lui adressa un regard doux et lui mit une main sur l’épaule. C’était un grand gaillard barbu et bedonnant qu’il fréquentait depuis plusieurs années. Tous deux s’étaient fiancés, quelques mois plus tôt. Flint avait l’air d’un cure-dent aux côtés de Gabriel, tellement leurs corpulences étaient différentes. Il dormait à peine dernièrement, excité et impatient à l’idée de connaître son sort.

— Et si on ne me choisit pas… ? se dit-il.

Il commença à trembler.

— T’as une chance sur trois d’être pris, répondit Gabriel qui se frotta le front. C’est la même chose pour eux, non ?

— Ouais, mais mon oncle a aussi posé sa candidature. Tu sais comment le Conseil est avec lui… Ils le traitent comme s’il avait du sang royal !

— Ça ne veut rien dire ! Tu te débrouilles très bien pour combattre les créatures qui entrent dans cette ville et tu es capable d’appréhender des criminels sans l’aide de personne ! Et s’il y a bien quelqu’un ici qui se démène depuis des mois, c’est bien toi !

Il essayait de remonter le moral de son fiancé, mais Gabriel savait dans le fond que Flint n’allait probablement pas être choisi. Ce dernier était un peu trop impulsif et avait souvent de la difficulté à travailler en équipe.

Pourtant, Flint avait beaucoup travaillé durant les derniers mois et s’était assagi et rendu serviable. Même malade, il avait patrouillé les ruelles de Baldt, leur ville. Il avait tant cherché à plaire à leur gouvernement, le Conseil, qu’il avait fini par en perdre la tête… au grand dam de son entourage.

— Dis-toi que ce n’est pas la fin du monde, si tu ne deviens pas capitaine, cette année, ajouta Gabriel. Ton père va sûrement nous placer ensemble, toi et moi, donc…

— Pfft ! Arrête Gab… Ça me stresse !

Gabriel se pencha vers son amant et lui fit une bise sur la tête, pour essayer de le calmer. Il lui passa les mains autour de la taille, alors que Flint empoignait sa chemise bleue fermement. Flint se sentit rougir. Gabriel savait toujours comment lui remonter le moral, même s’il était un peu maladroit dans certaines situations.

— Oh… susurra le blond. Coquin…

Il pencha sa tête vers la gauche, alors que son fiancé lui bécotait la nuque. Ils restèrent ainsi un moment, jusqu’à ce que Gabriel recule et lui donne une petite tape sur les fesses. Flint pouffa de rire et sortit la langue à son partenaire.

— Va te changer, chéri, dit le châtain. Ton rendez-vous est dans quelques minutes.

— Bonne idée, formula son interlocuteur.

Flint lui passa une main sur la panse – une caresse par-dessus son large chandail de laine. Gabriel lui sourit et l’observa s’éloigner vers leur salle de bain personnelle. Cette pièce était reliée à leur chambre et ils pouvaient s’y rendre quand ils le voulaient. Pratiquement toutes les salles de cet étage étaient agencées de cette façon. Que ce soit le mobilier ou bien les pièces reliées, tout habitant du palais avait droit à son petit coin tranquille.

Gabriel s’approcha alors du grand miroir qu’on avait placé devant leur lit. Il tourna son visage à quelques reprises et frotta son menton, recouvert d’une épaisse barbe marron. Il se demandait s’il ne devrait pas se raser un peu, même s’il aimait sa pilosité faciale. Ses yeux verts lui rappelaient ceux d’un gros chien et il se sentait toujours mal à l’aise lorsqu’on lui faisait cette remarque. Il n’y avait que Flint qui avait cette permission. Il sentit ses joues rougir, alors qu’il y repensait.

— Les gens n’arrêtent pas de me dire que j’ai l’air effrayant avec cette bouille… pensa-t-il. Je ne suis quand même pas si moche que ça, hein ?

Il baissa alors son regard vers son ventre massif et le fit rebondir quelques fois. Sans que personne ne le sache, il avait appris à aimer ses formes et ne manquait plus une occasion pour s’admirer dans la glace et se trouver bel homme.

— Ce n’est pas grave si mon père me rejette… poursuivit ce dernier. Au moins mon chéri m’aime comme je suis… Ce n’est pas tous les jours qu’on tombe amoureux d’un gros golem adorable, après tout… Non ? Maintenant, si seulement je pouvais faire quelque chose avec cette barbe trop longue… Peut-être qu’en taillant un peu… ?

Gabriel avait été créé par la science, mais cela ne l’empêchait pas de se sentir humain. Rejeté par son créateur, il était devenu le serviteur des Markios et était tombé amoureux de Flint, quelques années plus tard. Jamais il n’avait pris une ride par la suite, son apparence avait peu changé. Seuls sa pilosité faciale et son tour de taille avaient varié, au fil du temps. Cela ne semblait plus le gêner du tout, ni sa famille adoptive qui avait abandonné toute tentative de le faire maigrir.

— Gab ! J’ai oublié mes fringues sur le lit ! héla la voix de Flint, à travers la porte de leur salle de bain. Peux-tu me les passer, s’il te plaît ? Je suis sur la cuvette !

Le grand homme bedonnant, qu’on surnommait aussi le colosse de Baldt roula des yeux et retourna au lit, afin de ramasser les articles de son fiancé. Après, il fit demi-tour et s’approcha de la porte et mit le tout près de leur lavabo. Flint était en train de s’essuyer, chose que Gabriel n’aimait pas observer. Le blond lui sourit bêtement alors que ce dernier retournait dans la chambre principale.

— Suis-je son fiancé ou son esclave ? soupira Gabriel, pour lui-même.

— Non, mais tu sais que j’entends tout, hein !? répliqua Flint, qui pouffa de rire.

— Mais euh…

Gabriel entendit des bruits depuis la salle de bain, il se dit que Flint s’était lavé les mains pour ensuite enfiler ses vêtements en vitesse.

Lorsqu’il ouvrit la porte, Flint avait un grand sourire aux lèvres. Il posa ses yeux bleu ciel sur le visage de son futur mari, avant de lui faire une pichenette sur le nez. Gabriel fronça des sourcils et poussa un petit grognement. Pourquoi fallait-il toujours qu’il se complique la vie ?

— Que t’ai-je dit sur les messes basses ? demanda le blond.

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