4.2 - Les premiers rapprochements

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Artael l’avait engagé pour servir de garde du corps à son fils, lorsqu’ils partiraient tous sept en missions. Il ne s’était pas encore familiarisé avec le jeune homme et son futur époux, mais cela n’avait pas vraiment d’importance. Du moment qu’il pouvait remplir son devoir, il serait payé et c’était tout ce qui lui importait.

— C’est tout ? râla Misaki qui tentait de provoquer son adversaire.

Ce dernier venait de tomber au sol et la guerrière lui avait planté délicatement le bout de son bâton sur le front. Le brigadier, qui lui avait servi de partenaire d’entraînement, était à bout de souffle. Shayne devait reconnaître qu’elle avait quand même beaucoup d’énergie, d’endurance. Elle maîtrisait bien son souffle.

— Désolé Miss, je n’ai plus votre jeunesse… dit l’homme qui se releva de terre.

Il s’essuya les mains sur le pantalon et ramassa son épée.

— Ça va, répondit son interlocutrice. Cette session m'a fait du bien. Par contre j’ai remarqué que j’ai toujours de la difficulté à parer les coups diagonaux. C’est embêtant… Si je devais me battre contre un véritable adversaire, je serais un fardeau pour mon groupe. Voulez-vous simplement m’aider à pratiquer une dernière fois ?

— J’aimerais bien, mais je commence à avoir mal aux bras. Pourriez-vous vous trouver un autre partenaire ?

Shayne s’approcha.

— Pas la peine de chercher plus loin, je suis là, annonça-t-il, calmement.

Cette déclaration fit sursauter Misaki, qui lâcha son arme. Le vieux brigadier prit peur et se cacha derrière elle.

— Monsieur Wolfe ! s’exclama l’albinos. Vous m’avez fait peur... Que faisiez-vous là ?

Elle haussa un sourcil.

— Je surveillais l’entrée du palais. On n’est jamais trop prudent.

— Je vois, dit-elle en plissant des yeux. Et, est-ce une habitude pour vous d’écouter les conversations des autres ?

— Pas vraiment, mais j’ai cru comprendre que vous cherchiez un partenaire d’entraînement. Voulez-vous que je le remplace ?

Misaki hocha la tête. Le brigadier salua cette dernière. Il ramassa l’arme de celle-ci, la remit entre ses mains, puis s’éloigna pour rentrer au palais. Shayne, de son côté, ôta ses vêtements, sauf son pantalon et ses souliers, et jeta ces derniers à terre. Il dévoila, par la même occasion, son physique effrayant, rappelant celui d’un monstre. Misaki se raidit, même si elle arrivait à lui trouver un côté charmant.

Shayne Wolfe était non seulement vampire, il avait en lui les gènes du peuple des lézards et des elfes. Il était une créature très étrange à voir. Il avait non seulement l’air d’un homme, mais aussi d’une bête à la fois. Ses crocs pointus brillaient à la lueur du jour et sa chevelure noire reposait sur ses épaules musclées. Sa peau était légèrement foncée et recouverte de cicatrices et d’anciennes brûlures de guerres. La guerrière se souvint qu’il avait déjà vécu quelques siècles ; certaines de ces cicatrices ne paraissaient presque plus.

Sous sa cape, il ne portait qu’un pantalon noir et des chaussures de cuir. De chaque côté de sa ceinture étaient attachées deux épées recouvertes de fourreaux. Elles étaient différentes l’une de l’autre. La première était sombre et avait une poignée avec un motif de crâne humain, l’autre n’était qu’une simple épée en argent qu’il s’était récemment acheté. Misaki cligna des yeux, en remarquant l’épée noire.

Le mercenaire retira celle en argent, qui reflétait les rayons du soleil en direction de la guerrière. Cela l’aveugla un instant. Elle se mit une main devant le visage, pour se protéger de cette diversion. Lorsqu’elle baissa celle-ci, l’homme avait disparu.

— Hein… ? dit-elle dans le vide. Mais où est-il passé ?

Elle sentit la lame de son adversaire lui passer près du cou, puis une main la prendre par la taille. Elle se contracta davantage et avala sa salive.

— Vous êtes rusé, dit-elle. Franchement malin…

— Que feriez-vous dans ce cas, dans un combat comme celui-ci ? Si j’étais votre ennemi, vous seriez déjà morte et j’aurais eu le temps de vous prendre votre arme. Vous devriez apprendre à être prête à tout, lorsque vous combattrez.

— Mmm… Tout d’abord, il est impossible que je lâche mon bâton pour essayer d’enlever la lame du cou, commença la guerrière. Ça vous donnerait du temps pour me trancher la gorge. Ensuite, me baisser serait du suicide. Je n’ai pas d’autre option que de tenter de vous frapper avec mes coudes ou bien de vous écraser un pied.

— En effet, soupira le mercenaire. Souvent, lorsque des gens se trouvent dans une situation comme celle-ci, ils n’ont pas le choix de s’en remettre à leur chance.

— Et si ça ne marche pas, mon âme sera expédiée tout droit en enfer… répliqua sarcastiquement la guerrière.

L’albinos sentit son cœur se débattre à pleine vitesse. Pour la première fois depuis son arrivée à la capitale, elle avait eu peur de quelqu’un. L’arme fut retirée de son cou. Shayne contourna la guerrière et se mit dans une position défensive.

— Avant de procéder à votre entraînement, j’aimerais examiner votre niveau de puissance de plus près, si vous le voulez bien, proposa-t-il. Frappez-moi avec le plus de puissance que votre corps vous le permettra.

— Très bien. C’est comme vous voulez.

Misaki remarqua que les yeux de Shayne étaient devenus aussi rouges que les siens ; plus tôt, ils étaient dorés. Avait-il bu du sang ? Elle n’avait pas de temps à s’attarder sur ces détails. Il lui avait donné un ordre alors, autant agir.

Elle prit une grande respiration, écarta ses jambes légèrement et se mit à courir en direction du mercenaire, tout en balançant son bâton vers lui. Shayne leva simplement son épée et para le coup de la jeune femme. L’arme de Misaki vibra sous le choc, mais elle parvint à le garder dans ses mains.

— Je vois, commenta le vampire. Je crois comprendre que vous misez le tout dans votre rapidité naturelle et des coups bien précis. Cependant, votre puissance et votre endurance n’ont rien à voir avec votre style de combat. Il serait préférable que vous vous entraîniez un peu plus. Avec un peu de chance, vous auriez pu me fendre le crâne.

— Ne vous en faites pas pour moi, Monsieur Wolfe. Je sais ce que j’ai à faire !

— Dans ce cas, poursuivons votre entraînement. Je vais vous aider à mieux comprendre comment parer les coups diagonaux.

Gabriel observait l’entraînement depuis sa position sur les marches. Il avait compris que Shayne était un adversaire formidable et aussi un excellent maître des armes. L’art du combat n’avait plus de secrets pour lui.

Flint devrait profiter de sa présence dans notre groupe, se dit-il. Lui qui ronchonne tout le temps qu’il manque d’assurance, ça serait une excellente opportunité.

Son fiancé vit alors Nash sortir d’une boutique. Il descendit les marches du palais et partit rejoindre son oncle.

Gabriel jugea qu’il n’avait pas besoin de les rejoindre. Il se contenta d’observer l’entraînement de Shayne et Misaki, et descendit à son tour. Il s’approcha tranquillement du binôme. Il avait toujours aimé observer les duels de ce genre. Il apprenait beaucoup en observant les gens.

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