5.2 - Le camp

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Shayne sourit. Ainsi donc, son protégé savait faire preuve d’empathie. Tout le contraire de sa très mauvaise première impression, plus tôt dans la journée. Nash avait donc eu raison de leur dire que Flint avait du cœur. Maintenant qu’il avait eu cette conversation avec lui, il se dit qu’il ne devait pas être si mauvais que ça.

— Ne vous en faites pas, répliqua simplement le mercenaire, légèrement nostalgique. J’ai raconté cette histoire des milliers de fois.

Flint ravala sa salive, puis baissa la tête, honteusement. Son cheval suivait tranquillement la route. Nash écoutait la conversation en silence.

— En tout cas, je n’ai jamais rencontré ma mère, non plus… Ça nous fait un point commun, déclara le blond.

— Pourtant je n’ai jamais été seul. Je crois comprendre que vous n’avez manqué de rien. Vous avez votre oncle, votre père et votre entourage…

— Certes, mais l’amour d’une maman est irremplaçable. Au moins, nous avions des nounous et Gabriel pour prendre soin de nous… Je conçois que ce n’est pas la même chose… Pourtant, ce n’est pas comme si nous avions manqué d’affection.

Shayne retourna son regard sur la route.

Ainsi donc, Gabriel représente pour lui plus qu’un simple fiancé… se dit-il. D’après ce que j’ai entendu au bar, ils sont ensemble depuis plusieurs années. J’avoue que je ne comprends pas tellement leur relation, mais ça explique beaucoup de choses.

Flint se passa une main dans les cheveux, embarrassé de s’ouvrir ainsi au vampire. Shayne avait dit, plus tôt, qu’il offrirait une oreille, si jamais on avait besoin de lui. Lui, le cadet des quadruplés Markios, avait donc sauté sur l’occasion. Il en avait beaucoup à dire et se sentait rarement écouté par sa famille. Cette présence était pour lui rafraîchissante, puisqu’il n’avait jamais songé à se confier à quelqu’un, à part Gabriel. Peut-être qu’il recommencerait, de temps à autre.

— De mon côté, mon clan m’a donné tout ce dont j’avais besoin, commenta l’elfe au teint basané. Je me suis séparé d’eux lorsque je suis devenu adulte car je voulais voler de mes propres ailes. Je n’ai plus jamais entendu parler d’eux par la suite. Je me suis dit qu’ils se sont fait tuer par des chasseurs de vampires.

— Je suis désolé d’entendre cela…

— Pas la peine de vous en faire pour moi. Comme je le dis souvent, tout ça c’est de l’histoire ancienne. Je vis ma vie au quotidien… Même si elle n’est pas évidente. Devenir brigadier pouvait me faire autant de bien que de mal, alors j’ai saisi l’occasion. Tout ce qu’il me reste dans le fond, ce sont mes souvenirs et ceux qui viendront. Ensuite, il y a cette question de mener une existence tranquille…

Shayne semblait perdu dans ses pensées pendant un moment, mais il reprit :

— Je ne crois pas que je serais capable de vivre paisiblement. Je suis un homme d’action après tout. J’aime bien rendre service en massacrant des bandits et en tuant des démons… Parfois, j’apprécie une bonne bouteille de vin près d’un feu de cheminée et écouter les gens ou bien des instruments de musique.

Flint rit. Voilà qui lui convenait parfaitement. Cet homme, aux vêtements ténébreux, n’était pas si effrayant que ça, tout compte fait. Certes, il vivait pour l’action mais avait aussi des goûts très simples… pour un vampire. Il délaissa le mercenaire pour rejoindre son oncle, avec son étalon.

— Nous ne sommes plus très loin, expliqua Nash, à haute voix. Au moins une heure et quelques kilomètres à franchir. Nous pourrions atteindre Kritz d’ici la tombée de la nuit. Toutefois, j’ai déjà prévu que l’on s’arrête à mi-chemin pour qu’on puisse souper. Je commence à avoir faim, pas vous ?

Voilà qui rassurait son neveu et le cocher. Flint hocha la tête.

— Je vais me contenter d’aller chasser, de mon côté, répondit Shayne. La pochette de sang que j’ai bue avant mon entraînement ne m’a pas suffi.

Ils avaient quitté la capitale, une trentaine de minutes plus tôt. Flint se doutait que ce trajet soit plus ou moins court. S’y rendre à pied leur aurait pris la moitié d’une journée. À dos de cheval, c’était beaucoup plus rapide.

Les plaines au sud de Baldt étaient grandes et recouvertes de hautes herbes. Celles-ci étaient infestées de petits animaux sauvages. Parfois, on arrivait encore à croiser de petits gobelins hostiles. Ces derniers s’attaquaient aux gens qui parcouraient les sentiers, mais ils n’étaient pas tellement résistants. Les voyageurs pouvaient s’en débarrasser facilement. Les cochers n’avaient qu’à rester sur les routes, pour éviter de croiser ce genre de créatures à tout bout de champ.

Vint le moment pour Nash de virer sa monture vers une intersection qui tournait vers les bois. Derrière eux se trouvait Kritz, sur d’autres plaines. Un sentier avait été bâti à travers ces bois, des années plus tôt. Des ouvriers avaient créé ce dernier, afin de faciliter les transferts des marchands et des voyageurs.

— Dis, mon oncle… demanda Flint. Que crois-tu que nous allons trouver là-bas ? Un trésor ? Un monstre ?

— Je l’ignore, mais normalement il pourrait s’agir d’un paquet qui pourrait intéresser les gens du Conseil. La majorité du temps, c’est ce qu’on fait le plus, en tant que brigadier. Le prêtre a décidé de demeurer discret, sûrement parce que c’est un objet qu’il ne souhaite pas ébruiter aux oreilles indiscrètes.

— Tout ça me donne la chair de poule. J’ai un mauvais pressentiment…

— Alors reste sur tes gardes. Il est fort possible que tu aies raison d’être soucieux.

Ce compliment toucha Flint, droit au cœur. Il n’était pas habitué à en recevoir de sa famille, surtout pas de Nash, son plus grand rival. Il sourit. Il ne l’admettrait probablement jamais, à cause de son ego, mais il admirait beaucoup son oncle et souhaitait devenir comme lui, plus que tout.

Ils s’arrêtèrent au milieu du sentier de la forêt afin de laisser les chevaux se reposer un peu. La rivière qui coulait jusqu’au lac baldtien procurait assez de poissons d’eaux douces pour la ville. Suivre cette dernière permettait à quiconque de retrouver la capitale, si on ne connaissait pas les environs.

Nash et Flint attachèrent leurs montures près d’un grand arbre, situé non loin des eaux, où ils purent lamper un peu d’eau fraîche. Shayne s’occupa d’aller faire boire les deux autres chevaux de sa voiture, alors que le reste du groupe se rassemblait autour du capitaine. L’estomac de celui-ci commença à grogner.

— On a passé l’heure du souper, dit-il. J’opte donc pour que nous nous installions ici et que l’on mange avant de repartir. Ces bois contiennent suffisamment de nourriture pour qu’on puisse y survivre. Je vais avoir besoin de volontaires pour aller ramasser des baies sauvages, des champignons et d’autres ingrédients.

— Si ça ne vous dérange pas, capitaine, formula Cassandra, d’une voix rassurante. Je peux très bien vous rendre ce service. Comme vous le savez déjà, je suis habituée à circuler en forêt et je sais reconnaître les aliments comestibles.

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