8.3 - L'esprit de la lumière

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— Ça me revient ! lança aussitôt Luna, qui venait de claquer des doigts.

Nash haussa un sourcil et tourna son regard vers sa protégée.

— Quoi ? dit-il.

— T’es un esprit élémentaire, répondit-elle, alors qu’elle examinait la louve. Plus précisément celui de la lumière, pas vrai ? J’ai cru détecter cet élément lors de ta transformation. On dit que l’une de tes formes précédentes était celle d’une renarde.

— Ah ! s’exclama Dia. Enfin quelqu’un qui dit quelque chose d’intelligent ! Bravo !

Un esprit élémentaire ? pensa le châtain, dubitatif. J’hallucine. Pincez-moi si je rêve.

Il se pinça et gémit de douleur.

— Mais pourquoi crécher dans cet entrepôt abandonné ? poursuivit Luna. Et pourquoi hantais-tu l’église, durant la nuit ? J’essaie de comprendre…

— Eh, c’est à moi de poser des questions ! rouspéta la louve. Je m’attendais à ce qu’on vienne à ma rescousse lorsque je me suis réveillée. Après tout, c’est moi qui ai passé tout ce temps ici, à me morfondre que personne ne voulait de moi…

— S’il te plaît, dis-nous pourquoi l’esprit de la lumière s’est retrouvé coincé sous une église, répéta l’adolescente, les yeux remplis de soif de connaissance.

La louve râla avant de se laisser choir au sol. Elle souffla des narines.

Elle observa la magicienne, puis celui qu’elle considérait comme son protecteur avant de leur dire :

— J’avais pour mission de trouver mon porteur. C’était la seule raison qui m’ait poussé à voyager dans cette région. Mais les choses se sont compliquées lorsque je suis arrivée près de Kritz. Un groupe de bandits m’a récupéré et l’un de leurs mages m’a jeté un sort, alors que j’avais pris l’apparence de cette magnifique épée. Ça m’a empêché de reprendre ma forme animale. Ils ont tenté de me revendre au village, mais les marchands n'arrivaient pas à déterminer ma valeur… Vous vous rendez compte ? Moi, une arme aux allures si exquises ! On m’a jeté comme un vulgaire déchet !

Nash cligna des yeux et Luna pencha sa tête d’un côté. La louve soupira.

— Cependant, reprit-elle, je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais les bandits m’ont oublié ici et sont partis. Le sort qu’on m’a jeté a commencé à s’affaiblir, mais il m’était impossible de retrouver ma forme d’origine. J’ai donc compris que la seule façon de sortir d’ici était d’invoquer mon futur détenteur… Donc je me suis mise à hurler durant la nuit et c’est probablement comme ça que les prêtres ont demandé de l’aide à la capitale… Ce n’était plus qu’une question de temps avant que vous ne me rencontriez ici… Donc, vous voilà… Et c’est ça mon histoire…

L’estomac de Dia se mit aussitôt à gargouiller. Elle rit nerveusement.

— Ce n’est pas tout, mais j’ai faim… dit-elle. Vous n’auriez pas un peu de nourriture à offrir à cette pauvre demoiselle qui a échappé aux griffes de la mort ?

Elle leur fit un regard de chien battu, déterminée à manger quelque chose.

Nash fronça des sourcils, puis sortit de son sac de voyage un bout de pain qu’il donna à la louve.

— C’est tout ce que j’ai, dit-il. Contente-toi de ça jusqu’à ce que nous sortions d’ici.

Ensuite, il fit demi-tour vers la sortie et essaya de retrouver son chemin dans l’obscurité. Il était dégoûté à l’idée d’avoir perdu du temps à venir à la rescousse d’un animal tout bête, qui se comportait comme une princesse. Peu importe si c’était un esprit élémentaire, le comportement de la louve lui tapait déjà sur les nerfs.

Il entendit des sanglots derrière lui. Luna le retint par la manche de son manteau. Résigné, Nash retraça ses pas et regarda la louve une dernière fois. Elle était en train de pleurer, peinée par l’hostilité du brigadier à son égard.

— Je suis désolée que tu me détestes… Snif ! couina Dia. Je ne voulais pas te contrarier…

— T’es étrange, lui dit la magicienne. Je n’ai jamais vu une louve pleurer…

— Peu importe, ajouta le capitaine, qui s’adressa à la louve. Tu vas devoir demander pardon au prêtre et aux gens que tu as empêchés de dormir depuis tout ce temps.

— Je suis une vilaine fille ! hoqueta l’animal. Une empotée… Mon porteur ne veut pas de moi ! Athéna va m’en vouloir…

Elle pleura à chaudes larmes et cacha son museau sous ses grandes pattes poilues. Elle faisait peine à voir. Cette fois, Luna s’approcha de Dia et lui caressa la tête tranquillement, pour essayer de la calmer.

— J’ai l’impression de vivre un cauchemar, marmonna le capitaine.

— Tu sais que c’est mal de faire pleurer une dame ? dit l’adolescente qui toisa son supérieur. La pauvre devait avoir peur...

Elle le taquinait. Cela l’agaçait au plus haut point.

— Ça va, ça va… râla-t-il. J’ai compris. J’ai été cruel. Pardonne-moi… euh… Mademoiselle la Louve.

Vexé, l’esprit releva son visage vers le capitaine et tourna son pif vers une autre direction. L’adolescente pouffa de rire.

— C’est Dia ! grogna la créature magique. D-I-A ! Rien de plus facile à retenir, mais tu t’en fiches ! Malotru ! Je te déteste !

Ensuite, elle rechigna et plaça son museau entre les deux genoux recroquevillés de Luna. L’adolescente continuait à caresser la fourrure de la louve et gloussa.

— Il vaudrait mieux que tu te mettes à genoux, Nash, plaisanta la magicienne. Nous avons affaire à une demoiselle.

— Tu veux rire ? s’exclama-t-il. Et me salir le pantalon ? Non merci…

— Écoute, je viens de le faire avec ma robe, ce n’est pas la fin du monde. Et puis, elle a vraiment besoin de notre compagnie…

Nash connaissait ces mythes et légendes des esprits élémentaires pour les avoir lu plusieurs fois aux quadruplés, sous forme de contes. Ce qu’il n’avait pas l’air de comprendre, c’était pourquoi la déesse l’avait choisi pour ce genre de tâche. Il avait du mal à accepter cette réalité… d’autant plus qu’il trouvait Dia très étrange.

— La déesse ne veut pas de moi comme porteur, marmonna le capitaine. C’est insensé.

— Ça n’a peut-être pas de sens pour toi, mais pour moi si ! répliqua la louve.

— Je n’ai rien de spécial. Je ne vois pas en quoi je serai la personne idéale pour accomplir ta quête.

— Ça n’a pas d’importance, soupira la magicienne. Elle t’a choisie. Soit tu réponds à son appel, soit nous périrons…

— C… comment ça ? demanda Nash.

La louve s’assit droitement, et se fit sérieuse tandis qu’elle fixait l’homme. Si elle voulait gagner sa confiance, il faudrait qu’elle se montre persuasive.

— D’après notre créatrice, le culte de Perséphone aurait des survivants, dans cette nation, dit-elle. Ils tentent de trouver différentes façons de ramener leur déesse parmi eux. S’ils réussissent, ça sera la fin pour nous les esprits élémentaires et ce monde, tel que nous le connaissons. Ils désirent changer Aeglys à l’image de leur divinité… C’est pourquoi depuis longtemps, ma fratrie et moi cherchons des gens dignes de représenter notre quête. Nous devons les rassembler avant le jour où viendra le temps de combattre l’ennemi de notre mère… Tu es l’un d’entre eux.

— La secte de Perséphone ?! s’exclama Luna. Elle a été bannie par la loi dans notre république. Plus personne n’a le droit de pratiquer cette foi, depuis plus de mille ans. C’est l’une des raisons qui a poussé Baldt à faire la guerre avec Lanartis… Ce n’était beau à voir, d’après les livres historiques. Mais des survivants ? Oulalah…

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