14.1 - Le subterfuge de l'albinos

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De l’autre côté de la cour du palais, près d’une section ténébreuse, Luna suivait discrètement Misaki, comme son mentor le lui avait demandé.

L’albinos s’était conduite bizarrement, toute la soirée. Elle avait contourné l’énorme bâtiment et touché quelques briques, ici et là. Elle avait essayé aussi de rentrer par les portes verrouillées. Luna l’avait surprise en train d’essayer de crocheter l’une d’entre elles, mais sa seule et unique épingle s’était brisée, suivi d’un juron qui avait fait sourire l’adolescente.

Misaki n’avait même pas remarqué Luna. Cette dernière avait décidé de se recouvrir d’une cape noire, ajustée à sa taille. Cela lui donnait un certain avantage en furtivité.

Déterminée, la guerrière continua ses fouilles, jusqu’au moment où elle tomba nez à nez avec un autre brigadier qui faisait sa ronde. Il transportait une lampe à huile et avait remarqué les déplacements suspects de la jeune femme, un peu plus tôt. Il avait décidé de la suivre. Luna s’était cachée derrière un buisson et observait la scène.

— Mademoiselle Megumi, que faites-vous ici ?! demanda-t-il, choqué. Vous n’êtes même pas supposée travailler ce soir. Vous devriez fêter, comme tout le monde ! Vous le savez, pourtant, qu’il est interdit de se promener derrière le palais, en pleine nuit ! Vous n’avez quand même pas oublié les précipices… non ?!

Elle hocha la tête bêtement. Le brigadier faisait mention du gouffre dans lequel on jetait à l’époque des prisonniers de guerres. On avait fait construire des parapets le long de la colline qui entourait le palais, mais les villageois n’avaient quand même pas le droit de se promener à cet endroit, lorsqu’il faisait noir à l’extérieur.

— Je suis sincèrement désolée de vous avoir contrarié, monsieur ! lui répondit Misaki. J’ai vu un chat se promener par ici et j’ai décidé de le suivre… J’ai perdu sa trace… Et s’il était justement tombé ?

— Laissez tomber ce stupide chat et faites demi-tour ! Vous pourriez tomber par-dessus les balustrades, si vous ne faites pas attention !

— Très bien, monsieur... Je tâcherai de m’en souvenir la prochaine fois que je ferai une promenade nocturne.

— Je devrais probablement vous enfermer afin de vous poser des questions. Vous êtes plutôt louche… Même les nouvelles recrues savent qu’il est dangereux de s’aventurer par ici, sans surveillance.

— Je vous jure que ça ne sera pas nécessaire, je voulais simplement retrouver ce chat débile… Je vous promets que je ne recommencerai pas.

Au moment où il allait empoigner le bras de Misaki, pour l’emmener avec lui, Luna jugea qu’il valait mieux jouer le jeu et de sortir sa collègue de cette fâcheuse situation. Nash voulait absolument en savoir plus sur les activités secrètes de la dame. Si elle se faisait mettre en taule, ce soir-là, ça risquerait de gâcher les plans du capitaine. L’adolescente n’avait pas envie de tout recommencer, une autre fois.

Miaaaaou ! couina Luna, depuis son buisson.

Le brigadier relâcha Misaki, puis décida de la croire. Il la regarda, toutefois, d’un air strict. Il décida de continuer sa ronde. La guerrière, prise au dépourvu, décida de partir dans une direction opposée. Luna la perdit de vue et dut retracer ses pas afin de ne pas être vue par l’homme qui patrouillait derrière le palais. Elle n’arrivait pas à retrouver Misaki et s’en voulait. Heureusement, ce faux miaulement avait laissé la chance à sa collègue de s’enfuir. Luna devait donc redoubler de prudence, si elle souhaitait s’en approcher. Elle regrettait de ne pas avoir préparé de filtre d’invisibilité ; cela lui aurait été d’une grande utilité. Malheureusement, elle n’était pas si douée que ça, en ce qui concernait la fabrication de potions. C’était plutôt le domaine de Cassandra…

Alors qu’elle sortait du côté est de la cour intérieure, Luna aperçut Shayne qui entraînait Gabriel. Tous deux échangeaient des coups de hache et d’épée. Le vampire semblait s’amuser, alors que le gros barbu était terrifié. L’adolescente préféra ne pas rester sur place et se déplaça rapidement, pour ensuite se mêler dans la foule, près de la fontaine. Il y avait un peu plus de fêtards qu’un peu plus tôt.

Luna tenta de repérer Misaki, mais en vain. Après plusieurs minutes passées avec les citoyens et les visiteurs de la ville, elle finit par voir la guerrière qui entrait discrètement à l’intérieur du palais. Elle venait de traverser la porte principale. La magicienne trouvait étrange de ne voir aucun garde présent, près de l’entrée.

Où sont-ils tous passés ? se dit-elle. Quelle bande d’irresponsables !

Après s’être assuré que sa cape la recouvrait entièrement, Luna entra à l’intérieur du palais, dont les portes étaient encore ouvertes. Elle se cacha dans les ombres, suivant Misaki de plus près. Elle la suivit jusqu’aux escaliers qui menaient aux sous-sols. Personne n’avait le droit de descendre par là. L’adolescente plissa des yeux. Elle se ferait sûrement gronder par quelqu’un si on la voyait, mais elle-même était curieuse de découvrir ce qui se cachait en bas du palais.

Encore une fois, Luna avait remarqué l’absence des gardes. Elle n’aimait pas ça du tout. La porte d’entrée du palais était toujours déverrouillée et n’importe quel civil aurait pu entrer et voler les biens personnels de ses habitants.

Ma collection de livres ! pensa-t-elle, figée sur place.

Elle secoua la tête et essaya de chasser ces idées irrationnelles. Il valait mieux pour elle de poursuivre ce que Nash lui avait demandé.

Luna suivit donc Misaki aux sous-sols. L’albinos tenta d’ouvrir une première porte, mais cette dernière était verrouillée. La seconde menait à un vieil entrepôt où étaient entreposés de vieux documents et des articles réquisitionnés aux criminels – que l’adolescente trouvait déjà intéressante. Une autre porte menait vers les cellules des donjons. On disait que ces derniers étaient solidement gardés en temps normaux. Luna avait entendu dire que personne n’avait réussi à s’en échapper jusque-là. Elle espérait ne jamais y finir ses jours.

Quelques minutes plus tard, Misaki semblait avoir trouvé ce qu’elle cherchait : un couloir qui menait à un autre étage du sous-sol, relié aux tuyaux et aux machines du palais. Luna était tout aussi curieuse de ce que la guerrière venait de découvrir.

Quelle invention étrange… se dit-elle, alors qu’elle se grattait la tête.

Cette même pièce était reliée à un étrange système hydromécanique, qui faisait tourner de grandes roues sous le palais avec de puissants flots d’eau. Cette dernière venait du lac situé près de la capitale. L’eau traversait une grande pièce, contournait les sous-sols, sortait de l’autre côté du lac et permettait ainsi au système de fonctionner sans interruption. Il y avait probablement des risques d’inondations, mais Misaki remarqua que l’on pouvait vider beaucoup d’eau à travers les bouches d’égout.

— Bingo ! s’exclama-t-elle, un sourire malicieux aux lèvres.

Personne ne pouvait entrer par les petites fentes, d’où s’écoulait l’eau du lac, mais si on ouvrait les bouches d’égouts, il serait facile pour quiconque de pénétrer à l’intérieur du palais. Le seul problème, désormais, c’était qu’il lui fallait traverser les canalisations de déchets et de selles humains. Elle avait l’espoir de trouver un chemin efficace à suivre pour son groupe. Maintenant, il lui faudrait plonger dans l’eau et nager jusqu’à l’une de ces bouches d’égout, ôter cette dernière et entrer dans les tunnels. Elle ne pouvait pas désactiver ce mécanisme tout de suite, sinon cela risquait d’attirer l’attention des soldats dans cette direction.

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