14.3 - Le subterfuge de l'albinos

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Pour l’occasion, le général - et capitaine de la Première Brigade - avait opté pour porter une armure légère en cuir, et une longue cape rouge. Il dévoilait fièrement sa crinière monstrueuse, sans se préoccuper de l’avis des gens. Il faisait pitié à voir.

— Dégage de ma vue, Artie… ordonna l’ivrogne.

— Il faudra me passer sur le corps, répliqua sèchement Artael.

Le conseiller se préparait déjà à un assaut frontal de la part de son aîné.

— Tu vas te taire oui ?! Dégage !

Comme prévu, Troyd fonça en direction de son frère tel un taureau. Le conseiller se tassa et fit trébucher son jumeau avant de faire apparaître des chaînes magiques dorées. Il utilisa celles-ci pour attacher ce dernier. Ce sortilège, d’une lueur étincelante, rappelait à Cassandra que le frère de Nash était un puissant magicien aux services pour la république. Elle comprenait enfin pourquoi Luna l’admirait tant. Peut-être qu’elle-même pourrait apprendre beaucoup de choses à ses côtés.

— Détache-moi ! beugla le général. Détache-moi tout de suite ou je jure par la déesse que je te tuerai et que j’attacherai ta tête à ma ceinture !

Artael se contenta de lui donner un coup de pied dans la tronche. Troyd perdit connaissance, puis son corps inconscient fut traîné jusqu’au palais avec les chaînes. La foule observa la scène en riant, en se moquant de l’ivrogne inconscient.

Nash, toujours installé près de la fontaine, se sentit recouvert de honte.

Pourquoi faut-il toujours que ces deux-là fassent une scène ? se dit-il.

Il soupira et se souvint que les quadruplés aussi avaient démontré ce genre de comportement bizarre, lorsqu’ils étaient plus jeunes. Flint et Gwen avaient souvent bataillé pour savoir qui des deux était le plus rapide ou le plus fort en tout. Parfois, ils en étaient venus aux poings, mais ça n’avait jamais duré trop longtemps.

Kyran, aux côtés de Nash, n’en croyait pas ses yeux. Autant était-il surpris que son père se pavane ainsi, autant semblait-il bouleversé que son oncle Troyd ait encore agi comme un imbécile. La fameuse rivalité des frères Markios allait encore causer une controverse pour des jours à venir et ça serait à lui d’encaisser toutes les remarques des conseillers et des habitants du palais. Il n’avait pas du tout hâte à la prochaine réunion du Conseil. Il secoua la tête, découragé.

Artael monta ensuite les marches du palais, alors qu’il traînait toujours son frère avec son sortilège actif. Quelques soldats étaient revenus des fêtes et s’étaient postés près des portes d’entrée du bâtiment. Le conseiller s’arrêta devant l’entrée et s’adressa à l’un d’entre eux, avec un sourire narquois.

— Mettez mon frère en cellule pour la nuit et veillez à ce qu’il n’en ressorte pas avant d’être complètement sobre, dit-il.

Il remit les chaînes magiques, entre les mains du soldat avec qui il avait commencé la conversation. Ce dernier était éberlué, mais répondit :

— À v… vos ordres Monsieur le Conseiller !

— Et si j’étais vous, je lui confisquerai ses armes… On n’est jamais trop prudent.

Kyran de son côté regardait Nash, accablé.

— C’est triste de voir que notre famille n’est connue que pour des controverses de ce genre, tu ne trouves pas ? dit-il, déçu. Si ce n’est pas Troyd qui fait des bêtises, c’est Flint ou bien Gwen qui font parler d’eux, ensuite il y a notre grand-père qui se comporte parfois bizarrement lors des séances du Conseil…

Le capitaine hocha la tête, du même avis que son neveu.

— Il est vrai que toutes les familles du monde ont leur lot de fardeaux à porter, mais la nôtre semble unique en son genre, déclara Nash, une main derrière la tête. Même si nous avons le devoir de protéger notre nation, nous devons aussi nous occuper des épines qui se trouvent dans nos rosiers…

— Cette métaphore colle bien à Troyd, en effet. Je vais te paraître cruel de dire ça, mais parfois je souhaiterais qu’il crève.

— Un jour, peut-être...

Derek avait observé Artael traîner son frère jusqu’au palais, comme tous les autres. Il sortit de ses pensées lorsque la brunette qu’il avait sauvée, attira son attention.

— Je tenais à vous remercier de m’avoir aidé un peu plus tôt, dit-elle.

— Oh… mais ce n’est rien, Miss, répondit le fermier qui rougit. Il s’en est déjà pris à ma sœur plusieurs fois, ce vieux porc ! Fallait bien que quelqu’un le punisse !

Elle lui sourit et gloussa. Les reflets de la lune faisaient scintiller les oreilles de l’elfe que le jeune fermier remarqua pour la toute première fois depuis qu’il l’avait rencontrée. Sans savoir expliquer pourquoi, Derek ressentit sa poitrine se serrer et une chaleur étrange lui monter jusqu’au visage. Il sourit bêtement.

— Ne soyez pas si timide, mon ami, dit l’elfe. Vous m’avez sauvé la vie. Je vous remercie du plus profond de mon cœur !

— C’est que… marmonna-t-il.

Avant même qu’il ne puisse terminer sa phrase, elle posa un baiser sur sa joue, puis s’éloigna quelques secondes plus tard. Elle se mêla à la foule, tout en le saluant d’une main. Derek resta là pendant un instant, touchant sa joue et cligna des yeux.

Didi, t’as un béguin… se dit-il en imitant la voix de sa sœur dans sa tête.

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