16.4 - Les aveux d'une guerrière

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Légèrement agacé, Nash ne pouvait quand même pas s’empêcher d’exprimer son inquiétude, lorsqu’il se tourna vers Misaki.

— T’aurais pu nous en parler plus tôt, non ? dit-il.

— Je… Je ne voulais pas nuire à notre brigade… Je…

— Tu ne voulais pas t’attacher à tes ennemis, c’est ce que tu essaies de me faire comprendre, n’est-ce pas ?

— Oui… Enfin… Non… Je ne sais pas… Tout est si confus… Je ne vous déteste pas, toi et les autres… Pourtant, j’en veux à votre république de nous avoir malmenés depuis tout ce temps… Ce n’est pas notre brigade que je déteste… Je veux simplement que ça change pour ceux et celles qui font partit de mon organisation… J’en ai marre de les voir souffrir sans pouvoir agir légalement… Chaque fois qu’on a essayé de communiquer avec Virgile, il a refusé de nous entendre ou bien ne prenait pas nos problèmes au sérieux.

— Je comprends, répliqua le capitaine.

Artael tapotait ses doigts à son pupitre. Il réfléchissait aux plans d’actions… Comment devraient-ils étouffer l’affaire du siège de Xu Fahn, en plus de Kritz qui était aussi menacé de se faire envahir ? Il devait agir et vite. Aussi fallait-il organiser une équipe, pour aller négocier avec le chef des rebelles.

Il se leva et fit les cents pas dans la pièce, alors que Nash et Misaki gardaient le silence. Ce fut le capitaine qui lui fit une proposition :

— Pourquoi ne pas nous envoyer, ma brigade et moi, à Xu Fahn ? Nous pourrions infiltrer leur ville en nous faisant passer pour des civils. On cachera nos armes dans une voiture. Ça réglerait un problème pour toi et ça nous donnerait l’occasion de discuter de toute cette histoire, sur la route.

Le conseiller hocha la tête. Il pourrait facilement envoyer quelques soldats vers Kritz avec des ouvriers, afin de garder un œil sur le village des fermiers. Il leur faudrait aussi trouver quelqu’un pour localiser le chef des rebelles et un autre groupe afin de l’escorter vers celui-ci. Il se gratta les tempes et médita sur ce qu’il ferait par la suite.

— Très bien Nash, dit-il. Prépare ton groupe et partez en mission à Xu Fahn. Soyez prudents. Faites-vous passer pour des marchands, trouvez de la marchandise pour camoufler votre équipement et tentez de protéger leurs citoyens. Durant la nuit, j’enverrai des soldats à votre secours.

— Que ferons-nous pour le reste ? ajouta le capitaine.

— Laisse-moi discuter de tout ça avec les conseillers qui me sont fidèles. Il ne faut pas que le président s’en mêle et surtout pas notre frère Troyd. Tu sais à quel point cette andouille adore guerroyer. Il nous faudra agir rapidement et avec l’intérêt de tous. Évitons de verser le sang, avant qu’il ne soit trop tard.

Misaki se mit à rougir, embarrassée. Elle fut soudainement emprise du charisme et des paroles rassurantes du conseiller. Elle n’en était pas amoureuse, mais elle admirait ce dernier. Il avait l’air de quelqu’un qu’elle pourrait suivre à travers les pires situations… Il semblait beaucoup plus diplomate que Daichi et surtout, beaucoup plus altruiste que leur président. Elle regrettait d’avoir trahi l’alliance, son époux et Daichi. Elle ne pouvait pas supporter l’idée d’une guerre civile…

Elle se leva de son siège et s’inclina.

— Vous êtes trop bons pour moi et mes amis, dit la guerrière. Je suis misérable à voir, Monsieur Markios. Mais je vous en supplie, aidez-moi à sauver ces gens de la misère. Nous avons besoin de votre aide et surtout de votre générosité. Je vous suivrai jusqu’en enfer s’il le faut, mais il faut absolument mettre un terme à cette folie !

— Ainsi donc vous nous prêter serment d’allégeance ? demanda Artael, intrigué.

— Tout pour sauver ma famille et ma culture, ainsi que celle des autres !

— Vous savez que vous n’avez pas besoin de m’obéir au doigt et à l’œil, répliqua celui-ci, amusé. Nous sommes une démocratie – du moins, nous étions supposés l’être. Vous êtes libre de rester parmi nous, du moment que vous ne fassiez aucun mal à personne. Tout ce que je vous demande, de mon côté, c’est de ne plus mentir à personne, ni de cacher la vérité car cela compterait aussi pour un mensonge. Vous devrez tout avouer aux membres de votre brigade et faire en sorte qu’ils comprennent que ce que vous êtes en train de faire, c’est pour protéger votre famille… Sans oublier les gens qui comptaient sur vous. Quant aux lois en ce qui concerne votre trahison… Je constate que vous n’êtes pas une menace directe pour notre capitale. Ainsi donc vous n’irez pas en cellules et personne n’aura besoin de savoir que vous êtes mon informatrice.

Artael prit une courte pause avant de regarder son frère. Il lui dit :

— À moins que tu n’y trouves quelque chose à rajouter ?

— Non, c’est parfait, répondit Nash. Tout ceci me convient parfaitement. Quand devons-nous partir pour Xu Fahn ?

Le conseiller haussa les épaules.

— Le plus tôt serait le mieux, dit-il. La ville se trouve à quatre heures de route en calèche. Prenez le temps de déjeuner et partez. Vous avez ma permission.

— Très bien, Artie.

Misaki se leva et serra les mains d’Artael dans les siennes. Elle pleurait encore et le remercia du plus profond de son cœur. Un moment plus tard, elle sortit.

Nash suivit cette dernière, mais avant, il jeta un dernier coup d’œil vers son frère :

— Surtout sois prudent de ton côté. Je n’aimerais pas qu’il t’arrive malheur.

Le conseiller approuva d’un hochement, puis salua son cadet.

Lorsqu’il se rendit aux couloirs, Nash vit Misaki qui l’attendait, près de l’entrée des bureaux administratifs. Elle voulait lui parler.

— Qu'y a-t-il ? demanda le capitaine.

Elle rougit légèrement, alors qu’elle essuyait ses larmes.

— Depuis quand on se tutoie ? ajouta celle-ci. T’as commencé à me parler de façon plus familière au bureau… J’ai trouvé ça étrange.

Nash haussa les épaules.

— Ça vient naturellement, il faut croire, dit-il. Cassandra est la seule qui soit encore gênée de m’adresser de la sorte. Ça ne me dérange pas, en fait. Nous sommes habitués, au palais. Tout le monde est très familier, l’un envers l’autre.

— Ah… bon ? dit la guerrière. Je l’ignorais.

Le capitaine hocha la tête, puis salua cette dernière. Il était temps pour lui d’aller parler des nouvelles directives, au reste du groupe.

Quelques minutes plus tard, Artael s’apprêtait à sortir des bureaux administratifs lorsqu’il croisa son fils dans les couloirs.

— Flint ? Ça tombe bien, j’ai à te parler…

— Qu’est-ce qu’il y a encore ?

Flint était loin de se douter que son père avait déjà une mission à lui confier. Le jeune homme entra donc avec Artael dans une salle vide, où ils discutèrent en privé.

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