19.2 - La chasseuse et la crécerelle

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Cassandra et Misaki avaient fini par se séparer au milieu de l’après-midi, une fois leurs commissions terminées.

Bien que fatiguée et sur le point d’aller se coucher pour faire une sieste, l’elfe avait reçu un avis important d’un messager. Le Conseiller avait besoin de ses services.

De son côté, la guerrière était partie rejoindre Gabriel et ensemble, ils escorteraient Artael. Apparemment, les espions du gouvernement avaient pu localiser le campement du chef des rebelles tout près des bois, au nord de Kritz. Une bonne dizaine de personnes faisait partie de ce cortège. Sans plus attendre, ils étaient partis une fois la formation complétée avec le colosse et l’albinos.

Cassandra se retrouva seule avec le document qu’elle lut attentivement.

Artael, avant de partir, avait reçu un colis important qu’on devait remettre à Osbourg, à l’est de Baldt. Il fallait transmettre celui-ci au maire de la ville et les autres brigades étaient tous occupées à d’autres tâches. La chasseuse devait ramasser le colis au bureau administratif sans plus tarder et livrer celui-ci dans un délai de soixante-douze heures, maximum sinon le produit allait expirer. Elle ignorait ce que le colis pouvait contenir, mais sur la boite, elle put lire les mots : fragile, ne pas secouer. Il y avait une lettre adressée au maire pour l’accompagner. À travers la boite se dégageait un fort arôme de vanille. Cassandra comprit qu’il s’agissait d’un dessert et qu’il ne fallait pas le briser. La boite faisait au moins trente centimètres de grandeur et de largeur. Ce qui voulait dire qu’elle devrait être prudente en portant le paquet. Après s’être préparé un thermos de café pour la route, elle se chargea donc d’aller atteler une jument à l’écurie et prit la plus petite charrette qu’elle trouva pour accomplir cette livraison.

Autant partir maintenant si je veux avoir une chance d’arriver avant la tombée de la nuit, pensa Cassandra.

Selon les légendes urbaines, il était dit que les dunes qui entouraient Osbourg étaient infestées de monstres qui aimaient surgir des sables lorsque le crépuscule se pointait. L’elfe n’avait pas peur de combattre. Toutefois, elle se souciait davantage de la sécurité de la jument que de la sienne. Elle s’arrangeait pour mettre le paquet entre des briques, contre un mur du véhicule, pour être certaine que la boite ne bouge pas trop. Une fois qu’elle se sentit prête, l’elfe ordonna à l’animal de partir.

Tranquillement, elles longèrent le long des trottoirs du quartier marchand, ce qui laissa à l’elfe la chance de voir quelques citoyens qui sortaient de la ferme des Doyle en compagnie de Gretta, cette dernière voulait qu’on lui fiche la paix et qu’on la laisse s’occuper des animaux de sa ferme. Cassandra ne comprenait rien aux gestuelles de ces gens, et ne pouvait pas les entendre, mais devinait que la fermière avait besoin d’espace et de tranquillité afin de se remettre de ses émotions.

Après être passée près de la ferme, la voiture passa au quartier résidentiel de Baldt où plusieurs maisons avaient été installés en parallèles, de chaque côté de la grande rue. Celle-ci servait à tous pour les circulations de voitures et de piétons. Au fond du quartier se trouvait la gigantesque porte que tous traversaient afin d’entrer ou bien sortir de la ville. Durant la nuit, on la fermait, mais les brigadiers et les gardes de la ville étaient autorisés à utiliser l’une des portes qui était gardée par les tours de surveillance. Il y en avait une de chaque côté des murailles, autour de la capitale.

Il n’y avait qu’en arrière du palais où les fortifications ne semblaient pas autant protégées qu’en ville, sauf que le palais se dressait en haut d’une énorme falaise. Cassandra avait été mise au courant par Misaki qu’elle avait été sermonnée la nuit dernière, durant ses recherches, parce qu’un garde devait faire en sorte que les gens ne s’approchent pas trop de cette section de la ville. Trop souvent, les gamins de l’orphelinat allaient se promener derrière le palais présidentiel et cela inquiétait le Père Shalom. L’elfe était ravie que son amie lui ait confié tout ça.

Les créatures et les voleurs n’osaient pas s’approcher du rempart naturel car au fond se trouvait un précipice de plusieurs kilomètres qui débouchait dans un lac. Tenter de grimper la falaise serait suicidaire, à moins bien sûr d’en connaître long au sujet de l’alpinisme. Même là, il était fortement déconseiller de s’approcher de cette gigantesque pierre au relief acéré.

Cassandra repensait à l’histoire de la fondation de Baldt alors qu’elle observait les bâtiments de la ville. Même si elle n’avait jamais connu de la république, son père adoptif était souvent sorti de la forêt pour marchander.

Maintenant que Cassandra pouvait visiter cet endroit historique librement, elle ne pouvait cesser d’imaginer la vie d’antan pour le peuple baldtien. Elle se demandait s’il n’y avait pas des historiens dans cette ville qui pourraient l’aider à retrouver les traces de son peuple. Tout ce qu’elle savait des elfes, c’était qu’ils avaient leurs propres sociétés par le passé, leurs propres langages, habitudes de vies et plus encore. Mais tout ça, c’était malheureusement de l’histoire ancienne et désormais on ne racontait plus que des légendes à leurs sujets.

Elle avait rencontré plusieurs personnes racistes et xénophobes au cours de sa courte vie, mais s’était résolue à changer de mentalité par sa douce voix, sa diplomatie et ses talents de guérisseuse. Elle s’était donnée pour mission d’ouvrir les yeux à ces gens, de sorte qu’ils puissent évoluer. Elle souhaitait leur faire comprendre que dans le fond ; ils étaient tous pareils à l’intérieur et ils avaient tous une âme, malgré leur apparence. Malheureusement, certains gens étaient difficiles à convaincre.

Cassandra était très spirituelle et amicale, ce qui permettait aux gens de l’apprécier rapidement. Certes, elle avait plusieurs défauts comme sa naïveté par moment ou bien le fait qu’elle soit légèrement sotte durant certaines situations, mais elle apprenait rapidement à retomber sur ses pattes lorsqu’elle faisait des erreurs. Sa personnalité douce et chaleureuse était un atout important au sein de la Septième Brigade et elle commençait à comprendre pourquoi Artael l’avait choisie. C’était quand même grâce à elle, qu’on avait pu dénicher le secret de Misaki…

Sa présence permettait aux membres de sa brigade de communiquer plus facilement grâce à sa diplomatie. Cassandra avait l’esprit conciliant. Elle n’aimait pas les disputes et encore moins quand les gens se sentaient à l’écart des autres. Elle était empathique, mais s’en faisait un peu trop pour tout le monde. Parfois, elle n’arrivait pas à contrôler ses manières et on lui reprochait de ne pas se mêler de ses affaires. Toutefois, c’était comme ça qu’elle avait été élevée, à aider les autres sans jamais attendre quoi que ce soit en retour. Ce boulot à la capitale l’aidait cependant à se faire un peu d’argent pour survivre. Ces derniers temps, elle s’était fait quelques amis et commençait à y prendre goût. Peut-être était-ce ça, sa destinée… aider autrui.

Avec la jument, ils avaient déjà fait quelques kilomètres à l’est, à travers les sentiers boisés de la république. Dans ces bois, les moines et les sœurs de l’église baldtienne venaient souvent faire des cueillettes de champignons et de fruits, tout ça avec les orphelins de la ville. Cassandra ignorait que c’était aussi par ici que Shayne était passé, la nuit dernière, afin de chasser du lapin. Elle ne remarqua même pas la cape de l’étrange meurtrier derrière un buisson avec ce qu’il restait de la mystérieuse seringue. Sa monture continuait leur trajet au même rythme qu’ils étaient partis de la capitale. Elle devait reconnaître qu’ils nourrissaient bien les chevaux, à Baldt, puisque sa jument était en parfaite santé, en plus d’être forte.

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