19.5 - La chasseuse et la crécerelle

5 minutes de lecture

— Ce que tu as fait pour moi depuis quelques minutes est la raison pour laquelle ma créatrice voulait que tu me protèges, dit l’oiseau. Elle a vu en toi une âme pure et a compris que tu saurais prendre soin de moi. Si tu veux que je parte, je comprendrai…

— Non… non ! Ne dis pas des sottises ! Il est hors de question que je te laisse seule face aux membres du culte. Tu seras en sécurité avec moi, c’est promis. Je ne laisserai personne te faire du mal.

Windy gloussa, puis commenta :

— Dans ce cas, je te fais confiance.

Cassandra rougit. Elle en avait presque oubliée son autre mission. Alors, elles reprirent la route avec la jument.

— Vous retrouver n’a pas été si difficile que ça, je n’avais qu’à suivre les traces de Nox et Dia à travers la forêt, expliqua Windy. Vos derniers combats ont laissé des traces un peu partout. J’ai cru comprendre que vous vous dirigiez vers une communauté de fermiers, pas vrai ?

Cassandra approuva et dit :

— Nash et Shayne sont de chics types. Dia et Nox s’entendent bien avec eux, jusqu’à présent. J’ai cru comprendre que la louve était prisonnière d’une grotte souterraine avant qu’on la retrouve.

— C’est bien ma sœur, ça ! soupira la crécerelle. Elle a tendance à se retrouver dans des situations vraiment embarrassantes…

— Quelque chose me dit que tu aurais été mieux avec leurs porteurs. Ils sont beaucoup plus expérimentés que moi en combats.

Calmée de son dernier combat, l’élémentaire du vent déplia ses ailes et prit son envol au-dessus du chariot afin de profiter de cette occasion pour se dégourdir.

— Je pense que tu te sous-estimes ! lança l’animal au-dessus de l’elfe.

— C’est aussi ce que je me dis. C’est une seconde nature chez moi. Je n’ai jamais vraiment eu confiance en mes propres capacités. Mon père me dit que je suis trop modeste… Il est rare que je me sente bien dans ma peau lorsqu’on me fait des compliments. Des fois, j’ai tendance à prendre le blâme pour à peu près tout, même si je sais que c’est injustifié de penser de la sorte. Papa m’a souvent répété que je me faisais du souci pour rien, quand j’étais gamine. C’est sûrement pour ça qu’aujourd’hui je suis capable d’analyser tous les petits détails qui m’entourent.

— Ton père adoptif… C’est l’homme tigre que j’ai vu dans ton esprit, pas vrai ? dit l’oiseau, sur un air léger. Rappelle-moi de ne pas m’en approcher, hein ? J’ai peur qu’il veuille me manger.

— Oh, rassure-toi, Windy ! Il n’est pas du genre à manger les animaux de compagnie du monde, surtout s’ils sont octroyés de paroles.

L’oiseau flotta au-dessus de la calèche légèrement et chercha un endroit où s’accrocher. Elle battit des ailes avant de mettre ses griffes dans la bordure métallique qui reliait le toit de la voiture au reste du véhicule. Cassandra lui offrit alors son épaule où l’animal bondit, et essaya de ne pas enfoncer ses serres dans la chaire de la jeune femme. Au contact, elle se transforma en arc.

— Pour le moment, il vaudrait mieux que je reste sous cette apparence… dit l’oiseau. Ce véhicule n’est pas approprié pour moi. Comme arme, je te serai plus utile.

— Rappelle-moi de m’acheter des gants lorsque nous arriverons à Osbourg. Nous risquons d’en avoir besoin pour les mois à venir.

— Très bien. J’essaierai de m’en souvenir.

Cassandra jeta un coup d’œil en arrière de son véhicule. La capitale n’était plus à portée de vue. La jument l’avait déjà conduite de plusieurs kilomètres. D’ici un quart d’heure, la température commencerait à changer et deviendrait un peu plus chaude, ce qui leur indiquerait que le désert ne serait plus très loin. Les dunes s’étendaient vers le nord du continent et on y retrouvait des oasis à quelques endroits et plusieurs ossements de créatures étranges.

Au milieu de ce désert, on avait construit une grande ville à partir des ossements trouvés, on l’avait appelé Osbourg. Cette ville était aussi située près d’une grande mine où l’on pouvait trouver plusieurs gisements de pierres précieuses que l’on pouvait raffiner afin d’en faire des bijoux et les revendre un peu partout dans la province. Le reste des gisements contenaient une huile combustible que les gens revendaient pour allumer des lampes ou bien des poêles, un peu partout dans la république. Bref, cette communauté du désert était très important pour l’économie et c’était pour cette raison qu’on y envoyait souvent des soldats et des brigadiers pour y faire des patrouilles, ainsi que divers achats.

Au sud du désert, on pouvait y trouver une vaste jungle qui s’étendait jusqu’aux plaines baldtiennes. Cette section était peu fréquentée, mais on pouvait y trouver de la végétation exotique et des bêtes sauvages qui préféraient les endroits chauds et humides. Cassandra avait entendu parler de la plupart de ses fruits quand elle avait discuté avec certains voyageurs. Certains racontaient qu’ils étaient excellents. En tant que végétarienne, elle aimait toujours essayer de nouveaux produits de la nature. Peut-être qu’un jour, elle tenterait sa chance dans cette jungle et qu’elle partirait faire une cueillette improvisée ? Elle n’avait jamais vu un véritable bananier de toute sa vie. Apparemment, la plupart de ces plantes poussaient là-bas. Pour le moment, elle devait se concentrer sur un tout autre objectif.

Plus on descendait dans le continent, plus il faisait froid. La Grande Aeglysienne, telle qu’on l’appelait, était l’un des endroits où la faune et les températures variaient le plus. D’ailleurs, la république de Baldt était populaire chez les voyageurs qui désiraient vivre différentes expériences régionales justement pour ces faits.

Tel que prévu, l’air commença à se faire chaud.

On arrive bientôt au désert, songea Cassandra.

Quelques minutes plus tard, sur la route, elle vit les dunes dorées paraître derrière les collines. Bientôt, il lui faudrait trouver un sentier assez stable pour que la jument puisse tirer leur voiture, car il n’était pas rare que des tempêtes de sables effacent les routes dans ces hauteurs. Ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’elle n’atteigne Osbourg. L’elfe avait plus que hâte de livrer ce colis afin d’en finir. Elle commençait à craindre que celui-ci ne se soit brisé sur la route. Elle ignorait de quel dessert il s’agissait, mais elle espérait que le maire du village serait satisfait pour les labeurs du pâtissier et cette livraison des plus… troublantes.

Annotations

Vous aimez lire TeddieSage ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0