20.2 - Les négociations

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Daichi frappa la table une seconde fois, avec une telle violence qu’ils entendirent toutes les pattes craquer sous l’impact. Le chef des rebelles secoua la tête ; il n’en croyait pas ses oreilles. Il était conscient que cela ne faisait pas le bonheur d’Artael de parler ainsi contre son frère, mais il avait reconnu que le conseiller ne le portait pas dans son cœur. Au moins, ils avaient réussi à trouver un terrain d’entente.

— Si nous ne pouvons pas cesser cette guerre, j’ai une autre proposition à vous faire, Daichi-san, dit Artael qui n’avait pas perdu son sang-froid.

Quoi ?! grogna le chef. Parlez, j’ai encore du temps avant d’exploser et de faire jaillir le sang de l’un d’entre vous. Je vous préviens, je ne suis pas patient !

— Je constate en effet que vous êtes furieux, mais je ne suis pas ici dans le but de vous nuire. Ma proposition, si vous m’écoutez bien est la suivante…

Artael se racla la gorge, puis regarda Gabriel et Misaki tour à tour avant de poser ses yeux de couleur azur dans ceux du chef des rebelles :

— Aidez-moi à conquérir Baldt.

Ces paroles eurent l’effet d’une bombe dans la tente. Gabriel sursauta alors que Misaki cligna des yeux, bouche-bée. Le chef eut un petit sourire en coin.

— Il y a trop longtemps que la république souffre de la tyrannie de mon père adoptif, déclara le conseiller. Il est plus que temps que quelqu’un lui fasse sa fête et le punisse pour avoir agi illégalement à plusieurs reprises. Ce que je vous propose ici n’est pas de mettre un terme à la guerre, mais plutôt une alliance. Il est temps pour Baldt de voler de ses propres ailes, sans son président actuel et de trouver mieux.

Je… Je suis choqué… et à la fois séduit par cette offre, dit Daichi. Cependant, vous devrez admettre que c’est un peu tiré par les cheveux tout ça. Vous êtes l’un de ses conseillers, après tout… Et cela voudrait dire que vous mettrez les brigades à dos et devrez aussi combattre votre frère. Êtes-vous conscient que vous allez mettre une partie de votre peuple, à dos ?

— Je n’ai pas peur de tuer mon frère, ni des représailles. Il est peut-être mon jumeau, mais il est l’homme le plus ignoble, cruel, répugnant, méprisable et misogyne que je connaisse. Il ne mérite pas son poste, d’autant plus que notre président aurait dû prendre sa retraite il y a de nombreuses années… Notre peuple est trop inconscient pour se rendre compte qu’il truque ses élections. Virgile Knox et Troyd Markios vont payer très cher pour ces nombreuses années de négligence envers notre population. Aussi, ils vont devoir répondre de leurs actes pour avoir brisé de nombreuses lois face à nous, les conseillers. Il est vrai que la mort de Marcus Doyle est inexcusable, cela on ne le cachera pas, mais ce sacrifice aura été nécessaire pour ouvrir les yeux à plusieurs personnes dans notre capitale. Plus jamais, nous ne nous laisserons marcher sur les pieds par mon incompétent de père adoptif et ses acolytes. Nous méritons mieux que ça et vous aussi, n’est-ce pas ?

Gabriel était sans mots. Jamais il n’aurait cru voir son futur beau-père parler avec tant d’assurance, de toute sa vie. C’était comme si toute la puissance des cieux s’était mise d’accord pour lui venir en aide, en cet instant. Le colosse fut saisi d’une étrange envie de croire en son supérieur et de le suivre dans son combat. Il souhaitait le protéger, ainsi que de faire en sorte que sa vision puisse voir le jour.

Tant pis s’il devait se mettre les autres brigades à dos. Tant pis pour le président. Gabriel savait enfin pourquoi on l’avait emmené ici. Ce n’était pas pour escorter simplement Artael dans le campement des rebelles, mais pour rejoindre l’alliance.

— Vous vous rendez compte que si vous décidez de nous rejoindre, que c’est trop tard pour vous, dit Daichi. Vous ne pourrez plus retourner à Baldt sans être considéré comme un traître.

— J’en ai conscience et je me fiche des statuts sociaux. Ma nation a besoin de moi et c’est le temps d’agir avant que je me fasse trop vieux pour être capable de me battre verbalement comme physiquement.

— Mais Artael ! s’interposa Misaki en s’avançant entre Daichi et lui. Tout ceci me prend par surprise… Je croyais que vous vouliez éviter ce bain de sang !

— Je n’ai pas plus envie que vous que les gens s’entre-tuent. C’est pourquoi nous n’aurons pas le choix d’utiliser d’autres ruses afin d’éviter de nombreuses pertes. Nous pouvons aussi bien envahir la capitale en utilisant des armes non tranchantes et en assommant quelques personnes… Je ne vois pas trop où est le problème… Surtout qu’il n’y a que deux personnes pour le moment dont je souhaite la mort. Toutefois, nous ne pourrons pas les exécuter, car la loi ne nous le permet pas… La meilleure solution serait que nous emprisonnions le président et mon frère au centre de détention. La moins bonne serait de les tuer.

Il prit une courte pause avant de continuer.

— Comme vous le savez déjà, la capitale a été mise au courant de l’avancement des troupes et du siège à Xu Fahn, déclara celui-ci. Ce n’est plus qu’une question de temps avant que le Conseil n’intervienne officiellement et que la guerre soit officiellement ouverte. Ma proposition tient toujours. J’offre mes connaissances à votre chef ici présent afin de mettre un terme au régime actuel et de protéger les valeurs de ma nation. Il est hors de question que je laisse ces vauriens s’occuper de notre ville plus longtemps. À cause d’eux et de leurs alliés, nombreuses sont les communautés à vivre dans la misère et ce depuis plusieurs décennies. Le changement est plus que nécessaire si nous voulons vivre une meilleure existence, une vie paisible et nous débarrasser de cette corruption.

Misaki était stupéfaite. Elle ne s’était pas attendue à ce que la rencontre avec Daichi produise un tel résultat. Elle avait même cru pendant un moment que ça serait la fin pour elle et le conseiller. Gabriel aurait pu facilement survivre puisqu’il semblait très fort et résistant, malgré ses apparences. Elle l’avait quand même vu écraser le sol sous ses pieds alors qu’il avait attaqué le troll dans les bois, lors de leur dernier combat. Gabriel était un colosse redoutable et aurait pu abattre plusieurs rebelles facilement avec un mouvement de hache ou bien en leur fonçant dedans. La guerrière quant à elle n’était pas si tenace, elle n’aurait pas duré un combat assez longtemps dans son état. Artael était un puissant mage, mais elle ignorait tout de ses talents en arts martiaux.

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