21.3 - Le siège de Xu Fahn

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Nash, de son côté avait ressenti cette tristesse, dans les regards de ses clients. Certains trouvaient du réconfort dans les objets qu’il avait troqués avec eux alors que d’autres repartaient avec des morceaux de vêtements qu’il avait décidé d’offrir gratuitement, parce qu’ils étaient trop vieux finalement pour être vendus et qu’ils n’avaient pas assez d’argent pour se les offrir.

Ces personnes peu fortunées s’étaient toutes unies entre elles pour montrer aux gens de la capitale qu’ils n’accepteraient plus un tel traitement envers leurs semblables. Ce siège à Xu Fahn n’était qu’un appel à l’aide.

Dans le fond, c’est nous les méchants… se dit Nash, chagriné. Comment ai-je pu croire qu’ils n’étaient que des criminels sanguinaires, sans honneur ?

Ne pense pas comme ça, Nash, lui répondit Dia. Tu ne pouvais pas comprendre leur qualité de vie avant de rencontrer Misaki. Tu n’as fait que travailler toute ta vie et rendre service à ta famille et tes amis. Ce n’est pas de ta faute s’il y a autant de gens comme eux qui cherchaient à être aidés. Votre système est juste stupide.

Pourtant, s’il avait su… Les choses se seraient probablement déroulées autrement. Peut-être même qu’il serait devenu conseiller, lui-même, et qu’il aurait défendu les droits de ces personnes sans-abris devant la cour. Ce n’était que des idées qui lui passaient par la tête et tout ce qu’il voyait ici lui rappelait à quel point la vie pouvait être cruelle et si fragile.

Il fallait quand même sortir les citoyens de la ville de cet entrepôt… Le simple fait de vivre dans la misère ne donnait aucun droit à ces rebelles de faire souffrir des innocents.

Son esprit s’égara pendant un moment, alors qu’il observait les bâtiments qui les entouraient. C’était la première fois que Nash et son neveu mettaient les pieds à Xu Fahn. Certaines maisons et boutiques avaient des allures exotiques. Des toits différents que ceux qu’ils étaient habitués de voir. Il y avait beaucoup de couleurs chaudes, du rouge, de l’orange et quelques teintes de jaunes ici et là.

Les arbres aux feuilles automnales faisaient ressortir le rouge d’un grand bâtiment que Flint reconnut comme étant le collège où son père avait étudié. Il l’avait déjà vu en photo, en noir et blanc. Il reconnaissait les formes, mais n’avait jamais vu les couleurs. Le collège était situé tout à côté de l’entrepôt qui était simplement gris avec un toit marron. Il y avait une marée basse ce jour-là, ce qui propageait une forte odeur d’algues et de poissons d’eaux salées.

Flint n’avait jamais été friand des produits de la mer, contrairement à son fiancé qui mangeait de tout. Le blond détestait l’odeur. Par contre, il n’était pas difficile avec les croquettes de saumon ou bien de morue, du moment qu’il y avait beaucoup de pommes de terre dans la recette.

Nash discutait toujours avec la fille artisane et chef de leur groupe. Celle-ci ne l’avait pas quitté depuis qu’ils étaient arrivés. Avec le confort qui s’était installé entre ces deux-là, Flint compris que le capitaine allait probablement tenter de soutirer quelques informations subtilement. C’était justement ce qu’il était en train de faire.

— Au fait, Miss. Ça fait longtemps que votre groupe crèche ici ? demanda-t-il avant de servir l’un de ses clients avec une couverture chaude.

— Depuis hier seulement… Vous et votre neveu, vous voyagez ainsi depuis combien de temps ? Il me semble vous avoir déjà vu quelque part.

— Nous sommes sur la route depuis une semaine seulement. On a vendu une partie de nos trouvailles à la capitale, puis on a racheté de leurs breloques, ensuite on est reparti vers le sud.

— C’est dingue… Vous me faites penser à quelqu’un que j’ai déjà rencontré. Auriez-vous des liens de parentés avec les Markios, par hasard ? L’un des brigadiers qui a saccagé notre village ? Je crois qu’il se fait appeler Troyd…

Malaise. Flint essaya de garder son calme, mais Nash avait déjà remarqué que quelques-uns des acheteurs avaient soudainement changés leur tenure. La fille artisane pointait déjà l’une des dagues au cou du capitaine.

— Je vous déconseille de bouger… Sinon ma lame transpercera votre nuque, dit-elle, les sourcils froncés. Qui êtes-vous vraiment ?

— Nash Markios, brigadier et capitaine de la Septième Brigade de Baldt, l’homme à côté de moi est mon neveu, Flint. Celui qui a saccagé votre village était probablement mon frère aîné qui travaille sous les ordres du Président Knox. Je suis sincèrement navré que…

— Très bien, et que faites-vous ici ? trancha l’artisane. Vous ne comptiez quand même pas libérer les gens dans l’entrepôt qu’à deux, n’est-ce pas ?

— Nous sommes venus seuls pour enquêter sur votre groupe afin d’éviter des pertes si possible, mentit le capitaine.

— Ah bon… Je me disais bien que vous n’étiez pas que de simples marchands. Comme vous pouvez le voir, je suis la responsable de ce groupe. Je vais vous ordonner de quitter gentiment les lieux sinon nous serons forcés de vous tuer.

Depuis le reflet d’un miroir face à lui, Flint avait repéré derrière lui qu’une arbalète chargée lui était destinée pour la tête, celle-ci venait d’un grand type baraqué avec un seul œil. L’un des yeux était recouvert d’un cache-œil noir. On aurait dit un pirate. Il faudrait donc faire en sorte que les prochaines actions comptent. S’ils désiraient s’en sortir vivants, Flint devrait faire preuve de prudence et improviser, sortir leurs armes et se préparer à un combat. Mais il était conscient qu’ils étaient deux contre une vingtaine. Il serait donc impossible pour lui d’agir. Il jugea que dans l’entrepôt se trouvait au moins une autre dizaine des rebelles qui veillaient sur les villageois.

Voilà une situation des plus embarrassantes… se dit le blond. Oui mais bon… je ne suis pas supposé les attaquer mais les rejoindre… Comment faire comprendre à Nash que…

Toutefois, Flint réalisa que son oncle avait déjà agi.

Agenouillée au sol, la cheffe de ce groupe de rebelles mettait ses mains sur sa blessure saignante. Nash l’avait transpercée avec Dia entre ses mains. Il enleva aussitôt son déguisement, dévoila son armure et se prépara à parer un coup de hache qui venait de sa droite. Flint balança donc la marchandise vers l’avant, se laissa tomber sur le côté et fit trébucher l’arbalétrier qui perdit son arme. Le carreau chargé de l’arbalète s’égara dans la nature. Ensuite, le blond sortit sa propre épée.

Nash utilisa son pouvoir afin d'immobiliser les rebelles après avoir transformé la terre sous leurs pieds en sables mouvants, durant quelques secondes. Ensuite, ils furent cloués au sol lorsqu’il reprit une forme solide à leurs chevilles. Nash pointait toujours son arme vers la responsable du groupe.

— Le moindre mouvement et je serai forcé à la tuer, par protection, dit Nash.

— VOUS ÊTES UN MONSTRE ! hurla l’un des rebelles.

— Non… Je l’ai mérité, dit la jeune femme aux pieds du capitaine. Il ne faut jamais lever son arme sur l’ennemi à moins d’être sûr de pouvoir le tuer…

— Tout ceci n’est qu’un misérable malentendu, déclara Nash qui toisa la demoiselle. Mon frère n’a jamais reçu l’ordre de détruire votre village, nous ne sommes pas censés les détruire ! Nous sommes supposés les protéger. Pourquoi croyez-vous que les brigades existent ?

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