22.2 - La colère de Nash

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Il secoua sa tête, découragé par tout ce qu’il avait sur le cœur.

— Tout le monde était tout le temps épuisé pour nourrir les bébés ou bien les changer, dit-il. C’est qui l’idiot de service qui était forcé de régler tout ça ? MOI ! Je n’ai pas eu une seule putain d’année de repos depuis qu’ils sont nés et c’est encore à moi qu’on a délégué mon neveu parce qu’il n’est pas fichu de grandir comme tout le monde et maintenant il m’annonce qu’il s’en va…?! MAIS JE L’EMMERDE ! Non mais quoi, ça va faire combien d’années que je dois toujours réparer ses erreurs, à cette andouille qui ose partager mon sang… ? Si je l’attrape, je jure que je l’étrangle et que je vais le découper en rondelles et le faire cuir pour souper pour ensuite le faire dévorer par son fiancé… Non ! Mieux que ça : son abruti de père qui abusé de ma santé mentale !

Il continua son récit pour lui-même en ruminant sa rage intérieurement, laissant le pauvre Shayne se frotter les oreilles. Ces dernières étaient devenues sifflantes à force de l’entendre crier. Mais il venait quand même de voir une nouvelle facette de la personnalité de son capitaine qui lui plaisait bien. Ce pauvre Nash était assez vulnérable au niveau sentimental et il ressentait sa détresse, cette tristesse vieille de plusieurs années. Le cadet d’Artael et de Troyd avait eu une enfance assez difficile et méritait un peu plus de reconnaissance de leur part.

Shayne aussi avait vécu une enfance assez particulière. Assez pour le rendre fou. Mais ce n’était rien contrairement à ce que Nash avait pu endurer. Quatre enfants à élever alors qu’il était lui-même tout jeune à l’époque… ce n’était pas de tout repos. Shayne admirait son capitaine, mais en avait aussi pitié. Il espérait que tôt ou tard, il réussirait à retrouver la paix intérieure. Néanmoins, il était vrai que le départ de Flint allait causer tout un bordel à la capitale. C’était quand même le fils d’un conseiller…

— Au fait, Shayne, dit le capitaine qui essayait de se calmer. Qu’en est-il de ton amie ? As-tu pu la retrouver finalement ?

— Non. La mairesse m’a expliqué dans l’entrepôt qu’elle est partie de Xu Fahn quelques semaines plus tôt. Elle voulait rendre visite à son clan, d’après elle.

— Ah… Au moins on sait à présent qu’elle n’a pas été attaquée par les rebelles.

— Ça ne m’empêche pas de me faire du sang d’encre pour elle…

— Tu finiras bien par la retrouver un jour.

Shayne approuva en faisant un simple « Mm-hmm ». Nash se racla la gorge.

— Je m’excuse… pour mon coup de gueule, finit par dire le capitaine alors qu’il regardait la route, la tête timidement baissée.

— Sérieux, Nash, j’aurais fait pareil si j’avais été à ta place.

Malgré tout, Nash s’en voulait de s’être emporté.

— Le pire dans tout ça, c’est que Flint a raison, dit le capitaine. J’aurai dû l’écouter et baisser mes défenses, me joindre à eux, plutôt que de renier leur cause. Artael doit probablement être en train de négocier quelque chose avec leurs supérieurs, si ça se trouve. J’ai fait une énorme boulette, je le sens.

— On ne peut pas toujours prévoir nos émotions, dit Shayne. Parfois, celles-ci prennent le dessus et affectent notre raison. Il est vrai que tu aurais pu rejoindre les rangs de la rébellion, mais en même temps, on ne sait pas quels seront les résultats de ton frère et s’il réussira à convaincre leur chef de baisser les armes. Quoi qu’il arrive, nous allons connaître les résultats bientôt.

— C’est vrai… mais le choix de Flint était impulsif, il n’a vraiment pas réfléchi aux conséquences, soupira le capitaine. Oh miséricorde…

— Essayons de retourner à la capitale pour commencer. On tentera de raisonner ton neveu lorsque ça sera possible.

Le vampire n’avait pas l’air de s’en faire, il savait que Nash était sous pression et que Flint essayait simplement de faire ce qu’il croyait bon et juste. Le capitaine hocha la tête aux dernières paroles du mercenaire, puis se tut.

Le reste du trajet se passa en silence. Le châtain repensa alors au flacon de whisky qu’il avait jeté plusieurs jours plus tôt, dans les toilettes pour hommes du palais présidentiel. Il se dit qu’il aurait dû garder celle-ci, rien que pour cet instant. Il avait soudainement besoin de noyer son chagrin avec plusieurs pintes de bière… à ce rythme, il ne serait plus sobre du tout.

Sois fort, Nash… je sais que tu peux y arriver, murmura Dia dans son esprit. J’ai foi en toi. Tu es un homme admirable. Je sais que tu passeras à travers cette douleur. La déesse veille sur toi… et tu le sais, puisque je suis là…

Pour toute réponse, le capitaine essuya une larme qui coulait le long de sa joue et se concentra sur la route. Il n’avait plus envie de parler. La louve, quant à elle, ressentit que son âme semblait s’apaiser. C’était un homme pur, pieux. Il n’avait jamais demandé rien à personne mais sa tête avait grandement besoin d’être soignée. Elle avait eu raison de croire qu’il lui faudrait devenir sa confidente. Elle n’était pas douée pour la psychologie humaine, mais les avait assez étudiés pour savoir qu’il avait besoin plus que jamais qu’on reconnaisse ses efforts.

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