25.2 - Les origines de Diana

6 minutes de lecture

Cassandra avait passé une partie de la matinée à discuter avec le Père Shalom à propos de tout ce qu’il lui avait instruit. Elle s’était procuré des accessoires qui pourraient l’aider dans ses enquêtes : de la poudre pour empreintes digitales, une loupe, quelques petits contenants avec une pince, des gants en caoutchoucs jetables et différentes bricoles qui pourraient probablement servir. Plusieurs de ces objets étaient autrefois la propriété du prêtre qui avait décidé de les léguer à son apprentie.

Durant son apprentissage à ses côtés, elle lui avait confié qu’elle arrivait à ressentir des phénomènes paranormaux à certains moments, qu’elle ressentait les esprits de l’au-delà depuis toute jeune, mais qu’elle n’avait jamais été capable de contrôler ce don. Elle aimerait bien savoir si elle serait un jour capable de communiquer avec les âmes errantes correctement. Shalom pensait qu’elle descendait probablement des anciens elfes chamaniques, ce qui voudrait dire qu’elle devrait possiblement rencontrer tôt ou tard quelqu’un qui serait capable de lui indiquer la marche à suivre, si elle voulait améliorer cet étrange pouvoir. Il n’aimait pas vraiment cette idée, par contre, puisqu’il servait la Déesse Athéna et que ce genre d’exercice était considéré impur et dangereux à sa religion.

L’elfe ne suivait pas la foi athénienne, mais cela ne l’empêchait pas de rester polie en présence du prêtre, des moines et des sœurs qui priaient plusieurs fois par jour. Elle leur avait fait comprendre qu’elle venait d’un village où la laïcité était habituelle et que la plupart des gens vénéraient les esprits élémentaires plutôt que la déesse. Les clans anthropomorphes étaient tous dérivés de ces créatures, d’une façon ou d’une autre. Personne n’avait insisté à convertir ou bien baptiser la demoiselle, même si cette dernière protégeait secrètement l’existence de Windy.

L’élémentaire du vent n’était pas heureuse à l’idée de servir une païenne, mais se dit qu’Athéna avait sûrement ses raisons de lui faire confiance. Alors Windy n’avait pas le choix d’avoir foi en Cassandra… Même si elle avait été très hésitante durant les premiers jours qui avaient suivi leur rencontre. La crécerelle s’était attendue à visiter l’église plus souvent pour prier ou bien participer aux messes, mais Cassandra y venait surtout pour ses leçons privées avec le prêtre. L’oiseau avait aussi remarqué que les gens étaient de moins en moins croyants et que beaucoup d’entre eux passaient leur temps à s’entourer de biens matériels. Elle était profondément déçue.

Cassandra ressentait souvent la tristesse de son animal de compagnie, même lorsqu’elle était attachée à elle sous sa forme d’arme. Leurs consciences étaient en parfaites résonances et elles communiquaient souvent par la pensée, comme Nash et Shayne le faisaient avec leurs propres animaux magiques.

L’autre jour, l’elfe en avait eu assez de certains commentaires de la crécerelle et lui avait expliqué :

— Écoute, j’en ai marre que tu me reproches de ne pas être liée à tes croyances. J’aimerais que tu me respectes comme je te respecte. Nous devons travailler ensemble, après tout.

Windy avait ruminé pendant quelques instants avant de finalement s’excuser. Elle était sévère et sérieuse. Elle plaisantait rarement. Elle ne s’entendait pas très bien avec la louve et la panthère. Elle avait plutôt une attitude froide envers les autres. Cassandra avait rapidement deviné que Windy était craintive et qu’elle cachait ses émotions derrière un mur de glace. Elle essayait de se faire invisible lorsqu’elle se sentait menacée. Peut-être réussiraient-elles à travailler là-dessus avec le temps. La soigneuse de la Septième Brigade avait envie que l’oiseau soit plus à son aise avec elle, même si celle-ci avait trop de préjugés.

Alors qu’elle sirotait du thé et observait son arc, dans la cuisine de l’église, quelqu’un vint à sa rencontre. L’elfe devait se présenter au palais dans les plus brefs délais. Elle salua donc le prêtre, ramassa ses affaires, puis quitta les lieux pour marcher en direction du grand bâtiment.

L’hiver allait bientôt laisser place au printemps, malgré le fait qu’ils devraient encore attendre quelques semaines pour que la neige se mette à fondre. Il faisait légèrement chaud aujourd’hui, plus que d’habitude. Les gens se promenaient encore en manteaux de laines, des bonnets ou bien des cache-oreilles de temps en temps. Cassandra n’avait qu’une simple pèlerine blanche, qu’elle avait fait faire sur mesure chez le tailleur, ainsi que ses bottes d’hiver noires. Peu importe où elle tournait son regard dans la capitale, elle ne pouvait cesser de remarquer à quel point les choses avaient changées.

Tout semblait plus neuf, plus moderne. Les projets avaient été exécutés si rapidement que même certains conseillers avait dû prendre le temps de s’adapter au tout.

— Cassandra ! lança une voix forte, en arrière de la chasseuse.

— Hm ? Oui ?

Au coin de la rue, elle avait remarqué Flint et Gabriel qui sortaient de l’auberge, où ils avaient été déjeuné en compagnie de Sarah. Celle-ci était un peu plus courte que son frère et portait un long manteau par-dessus sa soutane blanche pour lui donner un peu de chaleur. Elle n’avait pas de couvre-chef, ni boucles d’oreilles, ni maquillage. Elle avait opté pour la simplicité volontaire en rejoignant l’église. Cependant, elle avait un rosaire autour du cou qui pendait par-dessus son manteau. À en juger la mine renfrognée de Flint, celle-ci leur avait probablement prêché la Parole d’Athéna durant leur repas, à moins qu’il n’aimât pas les bénédicités…

Celui qui avait appelé l’elfe était donc Gabriel. Il avait eu beaucoup de problème à contrôler son poids dernièrement. À cause d’une certaine tension qui régnait entre Nash, Shayne et lui. On le voyait rarement au palais quand il n’était pas dans un coin à lire un livre. Sinon, il se promenait souvent avec Flint. Ce jour-là, le gros barbu portait un grand manteau de fausse fourrure qu’on lui avait offert au nouvel an. Cassandra le comparait à une sorte de grosse boule de poils, chaque fois qu’elle le voyait avec cet accoutrement. Il ne s’était pas coupé les cheveux depuis quelque temps et sa barbe devenait vraiment n’importe quoi.

Encore un qui n’a pas compris que l’hygiène est importante, se dit l’elfe.

— Bonjour à vous, Cassandra ! dit Sarah qui marcha vers l’elfe dont elle serra les mains dans les siennes. Vous avez bonne mine ce matin ! Heureuse de vous revoir !

— Bonjour à vous aussi, Sœur Sarah. Je vois que la déesse a répondu à vos attentes, répliqua l’elfe par politesse.

— Oh, je ne pourrai être plus heureuse ! Mon frère et son mari m’ont promis de passer plus souvent aux messes en fin de soirée, maintenant que je fais la lecture de certains passages ! Je suis toute excitée !

— M… m… mari ? couina l’elfe, confuse, alors qu’elle jeta un coup d’œil rapide vers Flint et Gabriel. Eh ?! Je pensais que votre mariage serait public !

Flint soupira, puis se passa une main dans les cheveux avant de répliquer bêtement :

— Nous nous sommes mariés en privé, il y a quelques semaines. Nous n’avons invité personne. C’est le prêtre de Kritz qui a administré nos vœux.

Gabriel s’empressa de rajouter :

— C’est mieux ainsi… Personne ne fera de scandale que deux hommes se soient mariés dans l’église de la capitale… Nous savons que rien n’interdit notre relation dans la bible, mais nous savons aussi à quel point certaines personnes sont difficiles à vivre… Sarah comprend très bien où je veux en venir.

La sœur de Flint approuva, même si elle grimaçait de colère.

— Le jour viendra où ils accepteront tous que mon frère soit gay et que c’est le meilleur à mes yeux, déclara la religieuse qui fronça les sourcils. Je me fous de ce que les gens peuvent penser. Il est ma famille avant tout ! Les traditions ne peuvent pas tout le temps être respectées… Nous sommes dans une période de changement après tout ! Que la Déesse me pardonne pour cette colère qui hante mes pensées ! Parfois, je vous jure que je mordrai ces femmes-rapaces qui leur font des commentaires lorsqu’ils passent devant leurs maisons !

— On voit que la volonté de fer des Markios coule dans vos veines, Sœur Sarah, dit Cassandra, amusée.

— Oh, on me le mentionne souvent…

La nonne gloussa d’embarras avant de relâcher les mains de la chasseuse.

Annotations

Vous aimez lire TeddieSage ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0