27.1 - Le passé de Luna Kelly

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Plusieurs semaines plus tôt, une rencontre importante avait eu lieu en ville.

Ellen Prescott attendait un rendez-vous pour treize heures, le 22 janvier 3914 AD. Une adolescente lui avait envoyé une note la veille, qui disait qu’elle avait besoin de lui parler lorsque ça serait possible. Cela ne lui avait pris que quelques minutes pour retracer la destinatrice qui errait près de la guilde des aventuriers, alors qu’il neigeait en abondance à l’extérieur. La cheffe de l’organisation reconnut la jeune mage qui travaillait pour l’armée de Baldt. Luna Kelly. Elle avait une assez bonne réputation avec les garçons de son âge qui passaient souvent à la bibliothèque du château, rien que pour l’observer discrètement. Elle était petite et farouche, mais d’ici quelques années, Ellen se dit qu’elle serait une jolie jeune femme qui briserait bien des cœurs.

Ellen occupait sa position depuis quelques années. Après la retraite de son père, elle avait pris la relève et était devenue une employeuse à temps plein dans ce bâtiment. Durant les derniers mois, elle avait vu les gens aller et venir dans la ville, mais surtout beaucoup de changement qui avaient apporté plusieurs profits à son organisation. Ce jour-là, elle portait une robe bleue avec un nœud-papillon de la même couleur que sa chevelure noire. Ses yeux de couleur miel rayonnaient à la lueur des chandelles alors qu’elle relisait la lettre de l’adolescente.

Luna recherchait des informations sur une certaine vieille dame qui vivait dans les bois. Une mystérieuse Méduse. Ellen connaissait cette femme pour avoir été l’une de ses clientes, mais elle ne la portait pas dans son cœur. Cette femme portait un faux alias depuis des années et n’avait jamais donnée son véritable prénom à personne. Du moins, c’était ce qu’elle croyait.

La vieille dame que Luna recherchait était probablement une sorcière tout ce qu’il y avait de plus normal. Elle errait dans les bois, vivait seule dans une vieille cabane, s’habillait de haillons et fabriquait souvent des potions magiques qu’elle revendait dans les villes et villages qui entouraient la forêt. Ellen avait l’impression qu’elle sortait tout droit d’un conte de fées où cette dernière aurait pu être une horrible personne. Mais il ne fallait pas se fier aux apparences.

Même si la cheffe de guilde avait une imagination débordante, elle ne devait pas juger les gens de l’extérieur. Le plus important pour une femme d’affaires comme elle, était de maintenir de bonnes relations avec ses clients. Sinon, elle pouvait dire adieu à son gagne-pain avec la perte de confiance de ces derniers.

Vers treize heures, on cogna à sa porte.

— Entrez, c’est ouvert ! dit Ellen.

La fenêtre était grande ouverte, mais sa salle de bureau était vaste et la table où elle était installée, au fond de la pièce, devait être éclairée par des chandelles ou bien des lampes à huile qu’on avait posées à deux coins de la pièce. Elle avait le droit d’utiliser des prises d’électricité, cependant, par choix, elle ne les utilisait pas pour cette pièce. Ellen avait une certaine préférence pour les choses simples. Elle était très fleur-bleu, voir romantique et aimait s’entourer d’une ambiance chaleureuse, quoique mystérieuse avec un brin d’ésotérisme. Ce pourquoi cette pièce était remplie de reliques en tout genre, de gris-gris étranges, de pierres précieuses dans quelques pots, des bougies ici et là et des fleurs exotiques qu’elle arrosait tous les jours.

De grands rideaux écarlates en coton, opaques et soyeux, avaient été installés au fond de la pièce, autour de l’unique fenêtre de la pièce. Ellen aimait les ouvrir de jour pour admirer les couleurs de la ville. Les reflets du soleil entraient à peine chez elle, cependant il y avait toujours un brin de rayon qui venait alimenter ses fleurs au début de la matinée. Elle devait parfois mettre ses plantes à l’extérieur sur le balcon de la guilde, mais en hiver, elle devait se résigner à laisser les laisser mourir. Elles repoussaient quand même lorsque revenait le printemps, après avoir planté de nouvelles graines.

Ellen vivait chaque jour que la déesse lui permettait de vivre, comme si c’était le dernier. Elle se disait que tout était éphémère et qu’elle aurait l’éternité dans l’au-delà pour songer à ses anciens soucis. Elle n’était pas facile à inquiéter. Toutefois, la venue de la magicienne Luna Kelly, cet après-midi-là, bouleversa ses chakras.

L’adolescente entra, à ses ordres, vêtue d’un manteau noir qui recouvrait presque tout son corps. Sur son visage, Ellen pouvait lire la peur, mais aussi de la détermination. À voir les yeux gonflés de la gamine, la dame devina que cette dernière avait pleuré. Les Prescott étaient reconnus pour leur grande écoute et aussi leur ambition à venir en aide aux gens, c’était probablement pourquoi Luna avait décidé de passer par ici, afin de se confier de ses malheurs à quelqu’un.

Ellen n’avait rien d’une psychologue, mais elle avait souvent entendu des mères de familles pleurer surtout à cause de leurs maris absents ou bien ceux qui leur étaient infidèles. Plusieurs d’entre elles apportaient des contrats différents pour son organisation, des livraisons ou bien des punitions pour certains. Les assassins n’étaient pas les bienvenus dans cette guilde, mais des fois l’art de l’intimidation pouvait arranger bien des choses ; surtout dans ce monde où hommes et femmes combattaient côte à côte, face aux monstres qui rôdaient partout.

Ce jour-là, l’organisation devrait apporter son lot de réconfort à cette adolescente qui avait besoin de confier son histoire à quelqu’un.

— Je vais… Je vais avoir besoin de votre aide pour retrouver la femme que je recherche… mais j’aurai besoin de vous en parler un peu plus… avant de prendre ma décision… dit Luna qui s’approcha lentement de la table, d’un pas hésitant. Promettez-vous que tout ce que je vais mentionner dans cette pièce restera entre nous ? Je ne voudrais pas que cette histoire s’ébruite et que les gens qui m’ont employés découvrent ces choses de mon passé…

Ellen, qui se leva pour aller rejoindre tranquillement la magicienne, hocha la tête. Ce qui entrait dans cette pièce resterait dans cette pièce sauf si le client demandait à ce qu’on fasse du grabuge. La cheffe ferma la porte de la pièce et invita Luna à s’asseoir. Elle sortit son calepin de notes où elle avait déjà inscrit quelques informations sur Méduse, ainsi que certaines de ses activités publiques. Elle avait aussi un stylo, au cas où Luna lui donnerait de nouvelles informations importantes qui pourraient les aider dans leurs démarches.

— Contrairement à certaines compagnies, nous ne divulguerons pas les informations de nos clients à moins qu’ils ne nous en fassent la demande, dit Ellen, qui avait répété cette phrase de nombreuses fois par le passé. Nous tenons à votre vie privée.

— Très bien… Vous n’êtes pas sans savoir que j’ai rejoint les brigades en octobre dernier, après que les Markios m’ont recueillie dans leur famille, n’est-ce pas ? Je vous ai croisée à plusieurs reprises au marché.

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