29.4 - Les manigances de la secte

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Meredith soupira, puis poussa les lunettes du bout de son nez.

— Je vois… dit-elle. Dans ce cas, nous n’avons pas une minute à perdre. Nous allons devoir solidifier nos défenses et nous assurer que nos guerriers soient en position de défendre notre ville.

— Je vais me charger de tout ça, en sortant, ne t’en fais pas Meredith, mentionna le maire. Troyd et Narcissa ? Vous deux, vous savez ce qu’il vous reste à faire. On va avoir besoin de vous aux lignes de défenses.

Au moment de partir, l’ancien général les interrompit.

— Attendez, dit-il avant d’esquisser un sourire. Je crois que j’ai peut-être une meilleure idée…

Curieux d’entendre la proposition de leur acolyte, les trois autres écoutèrent attentivement ce que l’homme avait derrière la tête.

Après la réunion de la Septième Brigade au palais présidentiel, plusieurs brigadiers furent rassemblés à l’extérieur du bâtiment, sous les ordres du Général Wolfe et du président. On leur avait annoncé que la troupe de Troyd avait été retrouvée au sud de la province et qu’ils avaient reçu une invitation à aller le retrouver. Bien évidemment, le général leur avait expliqué que ceci n’était qu’un piège et qu’ils risquaient de marcher tout droit vers leur mort, néanmoins, il leur avait expliqué qu’il était essentiel pour eux de mettre cet homme derrière les barreaux.

Pendant ce temps, Misaki aidait Cassandra à faire son sac de voyage dans sa chambre située dans les dortoirs du palais. La chasseuse y gardait plusieurs de ses souvenirs, ainsi que quelques aliments dans son réfrigérateur, mais elle passait rarement du temps dans cette pièce. L’albinos avait finalement accepté de rester à la capitale pendant que les autres iraient en mission, même si elle était très réticente à l’idée d’être abandonnée par le reste de son groupe.

— Flint et Gabriel aussi sont chargés de rester ici, mentionna Cassandra pendant qu’elle pliait un pantalon.

— Ah bon ? Bah, pas étonnant. Daichi fait partie des troupes et il n’y aura personne pour veiller sur le président à part quelques gardes. Flint et son mari sont quand même de puissants guerriers. Je doute qu’ils n’auront aucun problème à veiller sur lui, en cas d’attaque. Par contre, est-il nécessaire d’augmenter nos défenses ?

— Il ne faut jamais sous-estimer l’adversaire. Ils ont parmi eux un bon stratège qui a été capable d’en venir à bout avec nos ennemis rien qu’avec ses propres manœuvres, dans le temps où Virgile était encore vivant.

— Mouais… Ils vont probablement essayer de nous attaquer par surprise pendant que nos meilleurs soldats seront sur la route, si c’est le cas.

— Maintenant, tu comprends pourquoi c’est nécessaire pour nous de garder quelques-uns d’entre vous au palais.

Misaki hocha la tête, quoique déçue. Son intuition lui disait qu’elle pourrait faire la différence sur les champs de batailles. Elle n’était pas encore si enceinte que ça, d’après elle. Quelques semaines, ça paraissait à peine, non ?

Windy était perchée sur l’abat-jour de la lampe dont se servait sa maîtresse afin d’éclairer la pièce. Elle aussi agissait bizarrement. Elle était moins bavarde que d’habitude. À vrai dire, tout le monde était à cran avec cette nouvelle qui avait rapidement fait le tour de la capitale. Plusieurs étaient déjà au courant que les anciens fidèles de Virgile et des conseillers corrompus souhaitaient exercer leur vengeance après tous ces changements apportés à la région.

Le pire dans tout ça, c’était que l’esprit élémentaire du vent n’arrivait pas à ressentir la présence de ses frères et sœurs dans la région depuis plusieurs mois et qu’elle commençait sérieusement à s’inquiéter pour l’avenir. Le sceau de Perséphone était probablement en train de se briser peu à peu, sachant que plusieurs esprits avaient manqué à l’appel, dernièrement. Lusso, l’élémentaire qui représentait la terre, avait été aperçue pour la dernière fois près du désert, d’après les citoyens d’Osbourg, mais on ne l’avait plus revu après l’invasion des rebelles.

Cassandra était consciente que la crécerelle s’inquiétait davantage pour l’avenir de sa race que celle du pays, mais il n’y avait rien qu’elle puisse faire pour le moment, autre que de suivre les ordres qu’on lui assignait et tenter de réconforter son amie lorsqu’elle le pouvait. La brunette s’était attendue à ce que Windy reçoive un message de la déesse dans l’un de ses rêves, un jour ou l’autre, quelque chose qui leur aurait permis de suivre une piste vers un autre esprit. Après des mois d’attentes, ce ne fut pas le cas. La crécerelle était découragée.

— J’espère seulement que tu reviendras saine et sauve, mentionna Misaki à son amie. Je m’en voudrais qu’il t’arrive malheur à cause de mon absence.

Cassandra roula des yeux, puis regarda sa collègue de travail du coin de l’œil.

— Ne t’en fais pas pour moi, dit-elle. J’ai pu me débrouiller toute seule durant plusieurs années et je n’en suis pas morte.

— C’est justement ce qui m’inquiète…

— Allons, ça va bien se passer, tu verras.

La chasseuse remarqua qu’elle avait échangé sa personnalité avec celle de la guerrière, à force de la fréquenter. Peut-être était-ce un problème hormonal ou bien le simple fait qu’elles soient souvent ensemble.

— C’est bête à dire, mentionna-t-elle. Mais maintenant que nous nous connaissons depuis tout ce temps, je ne pourrais pas imaginer ma vie sans toi, Misaki. On forme une sacrée équipe, toi et moi. Tu ne trouves pas ?

La guerrière hocha la tête et fit une accolade à sa meilleure amie.

— Nous deux, c’est à la vie, à la mort, répliqua celle-ci. C’est comme si la déesse m’avait offert la petite sœur dont j’avais toujours souhaité, quand j’étais gamine.

Les joues de Cassandra s’empourprèrent alors que Misaki s’ôta d’elle, tranquillement. L’elfe appréciait même d’avoir adopté le rôle d’une tante, pour la petite Sakura. La guerrière disait vrai. Toutes deux étaient devenues comme de vraies sœurs.

Un peu gênée par cette scène, Windy, depuis l’abat-jour de la lampe, leur dit :

— Il nous reste quelques heures avant qu’ils annoncent le départ des troupes. On devrait peut-être en profiter pour aller nous promener un peu dans la ville, non ?

— Bonne idée, dit Misaki.

Après avoir rempli le sac de voyage de la chasseuse, elles sortirent toutes trois de la chambre et partirent se détendre à l’extérieur. Elles profiteraient de ces derniers instants pour discuter d’un peu de tout, en bonnes compagnies de leurs amis.

L’après-midi arriva en coup de vent ; au sens figuré parce qu’il y avait quelques brises dans l’air. Les brigades commençaient déjà à quitter Baldt. Flint était installé près de la fontaine du quartier marchand et ressentait un profond malaise. La moitié des brigades avait été convoquée pour rejoindre cette mission, l’autre devait rester à la capitale pour veiller sur la population et les alentours. Flint n’avait pas revu son oncle depuis leur dernière rencontre et songeait qu’il y avait de fortes chances que plusieurs de ces brigadiers soient tués lors de leur confrontation contre Troyd et ses sbires. Tout le monde était déjà convaincu qu’il s’agirait d’un guet-apens.

Ellen Prescott avait même envoyé quelques membres de sa guilde avec les brigadiers, parce qu’elle avait aussi conscience du danger qui guettait la région s’ils ne réglaient pas ce problème au plus vite. Ellen était près de la porte d’entrée de son immeuble et regardait les troupes au loin qui s’éloignaient. Flint avait remarqué que plusieurs personnes de la ville faisaient la même chose. On avait l’impression d’assister au début d’une guerre. Peut-être était-ce le cas ? Les informateurs de son père n’avaient jamais eu l’occasion de calculer le nombre de personnes qui vivaient dans les quartiers généraux de la rébellion. Mais d’après Daichi, ces lieux étaient grands pour y contenir au moins cinq cents personnes, ce qui expliquerait pourquoi le Conseil avait envoyé mille hommes. Brigadiers, aventuriers de la guilde, mages et volontaires. Ça devrait être suffisant pour ce qui se préparait au sud de la république.

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