39.4 - Euryale et Sthéno

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— Savez-vous que c’est vraiment stupide de révéler tous vos plans ouvertement ? demanda la louve qui interpella les deux gorgones.

— Maintenant, ça me donne encore plus envie de prendre la fuite, déclara Flint qui déglutit aussitôt.

— Quelque chose me dit qu’elles perdent en neurones plus elles vieillissent, celles-là, se dit l’esprit élémentaire.

— Ces insultes sont inacceptables ! cria Sthéno.

— Je serai vous, je m’en irais maintenant avant que les choses dégénèrent, dit le jeune homme sur un ton autoritaire. Nous ne voulons pas nous battre, mais nous allons nous défendre si vous portez le premier coup !

— Essayez donc de nous tuer ! Vous verrez, ce n’est pas facile, manifesta la cadette avant de passer rapidement près de Flint.

Elle lui griffa la joue avec l’un de ses ongles pointus.

Flint fit pivoter son arme vers la droite, du côté où il avait ressenti l’égratignure et fendit l’air rapidement. Dia se planta au sol sous les rires moqueurs des sœurs.

— Jouer au chat et à la souris avec lui, ça va être du gâteau ! chantonna Sthéno. Attrape-moi, petit con !

Les deux démones se mirent à flotter autour du guerrier et récitaient des paroles d’une langue inconnue alors que Flint essayait de repérer les sifflements de serpents. Elles étaient trop rapides pour lui, il commençait à se déconcentrer. Euryale lança une sphère ténébreuse du bout de ses doigts qui se dirigea en direction du brigadier, Dia eut pour réflexe de soulever la main de son maître, afin de faire dévier la trajectoire du sort. La sphère éclata dans un bruit de verre et l’effet magique se brisa.

— C’est triste pour vous, gorgones, mais mon élémentaire est l’incarnation de la lumière, formula l’épéiste. Vous ne risquez pas de survivre très longtemps avec ce genre d’attaques !

— Ne nous sous-estimez pas, mortel, répliqua sèchement Euryale.

— Je sais, je sais, vous êtes immortelles et nous mortels, et taratati et taratata, se moqua Flint qui commençait sérieusement à en avoir marre de leur complexe de supériorité. Vous me saoulez avec vos futilités.

— Il faut reconnaître qu’il a la langue bien pendue, celui-là, remarqua Sthéno, elle fera un joli trophée…

Le guerrier ressentit un courant d’air devant lui, l’aînée des sœurs venait de lui lancer un puissant sort de givre mêlé à une bourrasque dont la force le poussa vers l’arrière et lui fit perdre son équilibre. Il tomba sur les fesses, le dos collé contre la pierre tombale des défunts soldats. Il commençait déjà à se lever lorsqu’il ressentit une autre attaque similaire, depuis sa gauche. Ce fut à cet instant que Flint jeta Dia dans cette direction, espérant que celle-ci atteigne sa cible.

La louve reprit sa forme animale et bondit tout droit sur la créature et lui déchiqueta la tête. Elle mordit les serpents et lui griffa la peau avec ses quatre pattes. Flint se releva enfin et sortit de sa pochette de blouson une dague, alors qu’il écoutait attentivement les sons ambiants.

— Dégage ! hurla Euryale avant de donner un coup de poing à la louve.

Dia tomba au sol sur ses pattes et glissa dans la neige. Elle tenait dans sa gueule un morceau de serpent mort qu’elle recracha. La sorcière se prit la tête qui saignait et gémit de douleur. L’aînée de gorgones s’approcha de sa sœur à la hâte et fit apparaître un nuage de fumée.

— Cette fois, vous allez comprendre comment nous sommes supérieurs à vous, misérables mortels ! aboya Sthéno qui prit la main de l’autre gorgone.

Les sœurs levèrent leurs dextres en direction de Flint. Ce dernier fut alors encerclé dans un sortilège étrange, le guerrier se sentit soulever dans les airs. Une magie puissante le forçait à ouvrir les yeux et les garder ouverts. La louve hurla son nom à quelques reprises, alors qu’elle essayait de briser l’enchantement, mais Flint se retrouva face à face avec l’aînée des gorgones. Les yeux globuleux de la monstrueuse créature étaient rouge vif avec de petites fentes noires. Tout ça lui glaça le sang. Il ressentait déjà ses pieds s’alourdir alors que sa respiration devenait de plus en plus lente. Il avait compris qu’il était en train de devenir une statue de pierre.

— Dia… pars… supplia le blond dont le maléfice recouvrait rapidement le visage jusqu’à lui bloquer la bouche, suivis des narines pour finalement atteindre ses yeux.

Puis, plus rien…

La statue de Flint tomba aux pieds de la grande plaque, l’air ahuri. Les gorgones s’esclaffèrent pour ensuite pointer le malheureux guerrier du doigt. La louve était en état de choc. Cependant, elle savait qu’elle ne pourrait jamais vaincre ces sorcières seules, alors elle suivit les conseils de son porteur et fit machine arrière.

Avant de retourner sur la route, elle remarqua que la monture de Flint avait subi le même sort que celui-ci, voilà pourquoi ils n’avaient pas entendu ses hennissements alors que le pauvre animal s’était relevé la tête avec une bouchée de gazon dans la gueule.

Les gorgones ne s’arrêtèrent pas au jeune homme, elles concentraient déjà leur puissance sur la louve qui sentit ses pattes quitter le sol. Rapidement, son corps fut soulevé et transporté tout près de Flint. Les deux sœurs forcèrent cette dernière à les regarder dans les yeux. Leur puissance démoniaque l’empêchait de se débattre, bien qu’elle ait tenté de s’échapper.

— Arrêtez ! supplia Dia. Je vous en conjure ! Laissez-moi partir !

— Désolé, mais vous allez faire partie de notre collection désormais ! dit simplement la cadette des sœurs.

Euryale se tenait toujours la tête d’une main libre, alors que l’autre assistait Sthéno à restreindre les mouvements de la louve.

— Notre mission est bien plus importante que vos caprices ! grogna l’esprit élémentaire. Vous le paierez de votre vie !

— Je n’en ai rien à faire ! Vous êtes responsables de la mort de Méduse, vous mourrez en premier ! dit l’aînée.

— Oh Athéna… gémit l’animal, en colère.

Dia ne pouvait pas se permettre de perdre Flint de vue, c’était son protecteur. Alors elle décida de contourner le maléfice des sœurs gorgones et se transforma en une lumière aveuglante qui effraya les sorcières. Cette lumière divine s’envola aussitôt à l’intérieur de la statue de pierre. Le corps de la louve qu’elle laissa derrière elle était déjà devenu un tas de poussières.

— Mes yeux, je ne vois plus rien ! hurla Sthéno.

— Cette maudite louve t’a rendue aveugle ! grogna Euryale dont une partie de la chevelure serpentine était en sang.

— Ça brûle ! Ça brûle ! ARRRGH !

— Ne restons pas ici ! Retournons chez nous !

Sans plus attendre, les deux sorcières abandonnèrent la statue de Flint près du monument, avec l’esprit de Dia qui protégeait ce dernier. Le jeune homme perdait lentement connaissance à l’intérieur de la prison de pierres qui le recouvrait, il ressentait ses organes devenir aussi dur que du marbre. Il était loin de se douter qu’il n’en avait pas fini avec ce puissant maléfice. Il ne voyait déjà plus la lumière du jour, il commençait à paniquer jusqu’au moment où une voix douce résonna à ses oreilles. Ça lui prit quelques secondes pour reconnaître Dia.

Dia ?! Que nous arrive-t-il ?! lança l’esprit de Flint.

Tu as été maudit par le sort des gorgones. Elles t’ont transformé en statue.

Quoi ?!

Ne t’en fais pas, je serais avec toi jusqu’à ce que la malédiction soit tombée. Personne ne pourra te faire de mal tant que mon enchantement tiendra et que je serais attachée à toi.

Je vois…

Repose-toi, Flint… Tout ira bien…

Flint aurait voulu hocher la tête, mais n’en était pas capable dans cette fâcheuse position. Lentement, tous ses sens lui lâchèrent, puis il perdit connaissance. L’esprit élémentaire de la lumière tâcherait de protéger son ami, quoi qu’il arrive par la suite. Elle ne voulait plus le quitter maintenant qu’elle avait fait cette promesse. Les gorgones étaient parties au loin, Dia pourrait s’en aller facilement, mais cela ferait en sorte que la statue de Flint devienne une cible facile pour les voleurs de grandes régions. Il valait mieux pour elle de s’endormir un moment et de se remettre de ses émotions. Au moins, elle savait qu’ils étaient toujours liés par les pensées. Avant de sombrer dans un profond sommeil, le jeune homme eut une pensée pour son mari…

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