41.4 - Troyd et Narcissa

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Cassandra décida qu’il valait mieux pour eux de ne pas rester dans les rues plus longtemps, alors elle donna les directives aux autres de la suivre jusqu’au palais. Sauf que Luna n’avançait pas, elle regardait tristement les flammes qui étaient en train de se répandre dans la ville.

L’elfe se tourna vers son amie et l’interpella :

— Eh ? Qu’est-ce que tu fais ? Tu risques de te faire tuer à traîner derrière nous…

La magicienne, pâle, ne put lui répondre quoi que ce soit. Elle perdit connaissance.

— Luna ! cria l’elfe, qui courut au secours de son amie.

À l’intérieur du palais présidentiel, Troyd Markios sortit de sa transe lorsque qu’il perdit possession du corps qu’il contrôlait à distance. Sur sa tête était posé un diadème avec un cristal ensorcelé qui lui permettait de projeter son esprit sur de longues distances. Il prit son accessoire et le cassa en morceaux avant de jeter les débris au sol.

— C’est assez ! Les pantins que m’a offerts Randell sont de piètre qualité, dit-il en avant de regarder froidement Narcissa.

L’ancienne servante du palais était assise derrière le pupitre de la bibliothèque, où s’asseyait normalement Luna lorsqu’elle travaillait.

— Que veux-tu que je te dise ? répondit celle-ci, d’un sourire narquois. C’est toi qui as accepté de participer à ce projet. Papa n’a fait que t’offrir des corps secondaires pour accomplir toutes les tâches que tu ne pouvais pas accomplir tout seul.

— De toute façon, la Septième Brigade est en route pour le palais. Nos hommes devraient s’en charger, mais ils ont avec eux des esprits élémentaires.

— Ah, je vois… Donc tu voudrais qu’on aille les récupérer, c’est ça ?

— Précisément.

Fatiguée de devoir attendre les prochains ordres de son père, la golem qui portait toujours ses vêtements de servantes, par habitude, se croisa les bras, puis mit les pieds sur le pupitre. Voilà environ une bonne heure qu’ils siégeaient le palais et qu’une bonne partie des civils avaient été enfermés dans les sous-sols et les donjons. Ils étaient au moins deux cents disciples, assistés par des milliers de démons qui leur obéissaient au doigt et à l’œil. Une simple brigade ne leur causerait pas tant de soucis, puisqu’ils avaient été capables de s’infiltrer en ville sans perdre qui que ce soit. Elle mit une main devant sa bouche, puis bailla fortement.

— Garce ! remarqua Troyd.

— Écoute, je n’ai pas envie de mourir maintenant. Si t’as les bijoux de familles qui te démangent, vas et fais de toi un homme !

— Je n’aime pas ta façon de parler…

— C’est comme ça que tu t’adresses envers toutes les femmes ? Ça doit te faire drôle de te faire insulter par une dame, pas vrai ?

— Je vais te faire ravaler ta langue, salope… répliqua ce dernier qui serra les dents. On ne me parle pas sur ce ton !

Le tyran rugit avant de balancer la grande table à laquelle il était installé, devant lui, ce qui fit peur aux quelques disciples qui les avaient accompagnés dans la pièce. Il bondissait déjà en direction de l’ancienne femme de ménage, mais celle-ci fit apparaître des ronces épineuses du bout de ses doigts. L’une d’elles fouetta la brute au visage tandis que l’autre entourait l’entourait pour l’envoyer valser dans les airs. Troyd retomba sur ses pieds et fronça des sourcils. S’il y avait bien une personne dans cette pièce capable d’en venir à bout avec lui, c’était bien elle. Il mit les ronces en flammes avec l’un de ses sorts, ce qui incita Narcissa d’interrompre son pouvoir.

— Va plutôt voir ailleurs si j’y suis, répliqua-t-elle froidement, tandis qu’elle esquissait toujours son petit sourire. J’ai mieux à faire que de jouer les nounous avec un gamin irresponsable, qui ne pense qu’à jouer.

Son interlocuteur grogna, puis se tourna en direction de la porte de sortie. Il s’éloigna par la suite, non sans murmurer quelques mots grossiers puis claqua la porte derrière lui. La demoiselle soupira de soulagement. Elle retourna aussitôt son attention vers le parchemin que son père lui avait laissé avant de sortir de la bibliothèque, un peu plus tôt. Celui-ci contenait des directives à suivre.

Lorsqu’elle recevrait le message d’un de ses camarades, elle partirait à son tour pour exécuter la tâche qu’on lui avait assignée. Quelqu’un au palais avait en sa possession deux esprits élémentaires. Plus tôt on l’aurait trouvé, meilleures seraient leurs chances d’ouvrir des brèches dans le voile, ce qui permettrait au corps de Perséphone de quitter sa dimension. Alors, un nouveau règne débuterait sur ces terres et leur culte pourrait finalement célébrer ce moment de gloire tant attendu…

Randell avait espéré ce moment depuis toujours. Cet objectif s’était transmis à certains de ses pairs, ainsi qu’à sa fille qui passa une bonne partie de son existence à ses côtés. Narcissa était fière de son père, même si leur relation avait toujours été discrète par le passé. Maintenant qu’il avait renié la capitale et refusé de servir Artael, les lois en ce qui concerne la fabrication des golems n’étaient plus respectées pour Randell, qui ne tarda pas à révéler au grand jour que Narcissa était sa création, illégale. Tout comme Gabriel, elle avait été construite en secret et sans l’accord des autorités. Gabriel avait été le prototype d’une expérience ratée, elle représentait la perfection d’après son créateur. Elle était tout ce dont il avait toujours souhaité – une arme parfaite qui l’obéirait au doigt et à l’œil et ne questionnerait pas son ambition.

— Miss Tabris ? dit une voix qui la fit sortir de sa torpeur.

L’un des serviteurs de Randell entra dans la pièce, essoufflé. Il remit un rouleau de parchemin à la servante golem, qui le déroula. Leurs espions avaient repéré celui qu’elle cherchait et qu’elle devait tuer : le Général Shayne Wolfe. Celui-ci était à l’un des étages supérieurs et assistait les brigadiers à protéger le président. Voilà qui était un défi de taille pour la demoiselle, mais cela ne l’empêchait pas de jubiler.

Délicatement, elle se leva et ordonna aux disciples de la pièce de la suivre alors qu’elle sortait derrière le messager de son père. Sur son visage, on pouvait y lire un brin de folie, ainsi que de la satisfaction.

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