65.2 - Les héros de Scottie Sanders

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Il déglutit et se tourna vers cette dernière. Elle avait une expression sérieuse.

— Gabriel m’a mentionné que tu lui fais les yeux doux à lui et son mari, continua-t-elle. Je voulais seulement t’avertir que tu dois arrêter toute tentative de faire un truc à ces deux-là. Même Estelle est venue m’en parler… avec ta sœur.

— Sinon quoi ? Tu vas me forcer à quitter cette brigade ?

Scottie changea complètement de tonalité. Il était furieux de savoir tout ça. Ils n’avaient pas à se mêler de ses états d’âmes en ce qui concerne le couple marié. Le jeune homme avait l’impression qu’on le prenait pour un criminel.

— Non, ce n’est pas ça, soupira Misaki. Seulement, nous voulons éviter un drame inutile au sein de notre groupe. Flint ne s’en est pas rendu compte, parce qu’il est préoccupé par autre chose… Mais Gabriel a le cœur tendre et il te respecte beaucoup. Cependant, tu dois comprendre qu’ils s’aiment…

— Qu’est-ce que ça change si j’ai des fantasmes sur eux ?! grogna-t-il. Je ne suis pas un violeur ! Fous-moi la paix, Misaki-san !

Elle allait lui prendre le bras pour l’empêcher de sortir, car elle souhaitait s’excuser de l’avoir offensé. Vexé, il gifla la main de celle-ci du revers et sortit de la pièce à pas de course. Elle avait remarqué qu’il pleurait et soupira. Le jumeau ne devait sûrement pas se sentir à son aise avec ce groupe. Elle comptait bien faire, mais savait qu’elle venait de lui faire de la peine.

Misaki se passa une main dans les cheveux et pria le ciel pour que celui-ci ne fasse pas de bêtise au cours de cette soirée. Misaki était ce qui se rapprochait le plus à une figure maternelle, pour les jumeaux. Elle les avait vus grandir et élevés avec Conrad et Yosuke. Ce n’était que bien des années plus tard, où Ruby entra dans leurs vies. L’ancienne petite-amie de leur père était morte dans une embuscade, bien avant leur adoption. Même si Misaki était strict envers eux, elle ne leur voulait aucun mal.

Après avoir réalisé qu’elle n’avait pas encore sommeil, l’albinos saisit son tout nouveau bâton pliable qu’elle avait attaché à sa ceinture. Celui-là avait été forgé dans un nouveau métal très solide qu’on avait fait venir tout droit de Mytira, car son autre arme s’était cassée à force d’être usée avec le temps.

La mère monoparentale ramassa donc son sac de voyage et fouilla pour son kit d’entretien de nettoyage d’armes. Il y avait un bail qu’elle n’avait pas pris soin de son équipement. Son armure en cuir était presque neuve, mais elle se dit que la nettoyer ne lui causerait pas de tort.

Je me demande si j’ai bien fait d’avertir Scottie qu’il mettait Gabriel et Estelle mal à l’aise, songea celle-ci. Il fallait quand même que quelqu’un lui dise de faire attention… C’est une situation très embarrassante non seulement pour eux, mais pour lui… J’aurais dû me mettre à sa place, cinq secondes. Il est vrai qu’il n’est pas encore à l’aise de dévoiler à tout le monde qu’il est attiré envers les hommes, mais bon… J’espère qu’il aura compris le message.

Sur ces pensées, elle commença à frotter son arme avec de l’antirouille qu’elle avait versé sur un torchon et se mit à siffler un air de musique que Yosuke adorait écouter, il y avait de cela quelques années. Elle versa une larme au souvenir de cette époque et sourit. Elle pouvait enfin tourner la page, maintenant qu’elle avait fait la paix avec ses élèves… du moins, avec Kylie. Elle tâcherait de s’excuser auprès de Scottie, quand les choses se seraient calmées.

— Toi… ! grogna Scottie, derrière sa sœur. Comment as-tu pu me trahir !

Ils se trouvaient dans le couloir des dortoirs et il l’avait arrêté avant qu’elle ne sorte pour aller prendre un peu d’air sur le pont. Le jumeau était en larmes, furieux que sa sœur ait tout balancé à Misaki.

— Arrête ! lança sa sœur. On l’a fait pour ton bien !

Elle se retourna et empoigna la main de son frère. Elle pressa sur celle-ci si fort qu’il eut mal et dû la lâcher. Il retira rapidement son bras.

— C’est ma vie privée ! insista celui-ci.

— Ouais, bah figure-toi donc que c’est la leur aussi ! As-tu vraiment envie de passer pour un briseur de ménage ?

— Mais de quoi je me mêle !? Je n’ai rien fait de mal ! Je les ai juste reluqués !

— Et alors !? Tu les rends mal à l’aise !

— Et tu me rends malade, traîtresse !

Tous deux s’empoignèrent par les épaules et se retrouvèrent rapidement par terre. Ils roulaient d’un côté, puis de l’autre. Ils s’échangeaient des coups de poings, des morsures et des coups d’ongles dans la chair.

Rapidement, les autres membres de la Septième Brigade sortirent de leurs chambres, un à un. Flint et Gabriel étaient les plus près de la chambre des jumeaux. Le colosse s’approcha, d’un pas furieux, et pris le frère et la sœur par le collet de leurs chandails avant de les lever devant lui. Il les passa sur ses épaules et sortit sur le pont avec eux qui hurlaient de rage, l’un contre l’autre. Il fut suivi de son mari qui secouait la tête, déconcerté.

— BON, ÇA SUFFIT VOUS DEUX, grogna le golem.

Il venait d’utiliser son ton de voix puissant qui donna des frissons à ceux qu’il transportait. Il les posa violemment au sol, devant lui. Il ne portait qu’un short noir avec un débardeur blanc, par-dessus son gros ventre. Il avait l’intention de se coucher, avant que ces deux-là viennent déranger tout le monde. Il serra les poings et fixa les jumeaux, sévèrement.

— VOUS ALLEZ ME DIRE TOUT DE SUITE CE QUI NE VA PAS OU JE VOUS COGNE ! hurla Gabriel.

Il tapa dans la paume de sa main gauche, ce qui causa une onde de choc qui se ressentit dans leurs corps. Ils reculèrent de peur, l’un contre l’autre et se serrèrent dans les bras. Ils avaient peur que le colosse les massacre.

Flint s’avança vers son mari et lui tapa l’épaule légèrement, pour attirer son attention. Le golem se croisa les bras par-dessus la panse et fronça les sourcils. Il souffla de l’air chaud de ses narines ; il donnait l’impression d’être un gros buffle.

— Ça va Gab, je peux gérer la situation, expliqua le blond.

— D’accord, mais fais-moi signe si t’as besoin de mes bras.

La voix de Gabriel était redevenue petite et légèrement timide. Kylie cligna des yeux à quelques reprises.

— Non, mais il est fou… marmonna-t-elle à son frère.

— Mais ses cordes vocales… répliqua Scottie, abasourdi. Ouf !

— Tu sais quoi, je dois te donner raison là-dessus. Il serait excellent dans notre groupe de rock, tu ne crois pas ?

Ils étaient de retour dans leur petit monde, alors que Flint et Gabriel assistaient au spectacle, sans trop savoir quoi répondre à cela. Les jumeaux avaient changé de caractère aussitôt que le golem les avait remis à leur place. Cependant, cela n’arrangeait pas le fait qu’ils s’étaient comportés violemment.

Tous deux se levèrent d’un bond et entourèrent Gabriel. Kylie examina le colosse de la tête jusqu’aux pieds, alors que Scottie se mit le pouce et l’index d’une main sous les lèvres. Il semblait faire des calculs dans sa tête.

— Nan, ça ne fonctionnera pas, dit Kylie. Il est bien trop imposant pour le reste de la troupe… S’il fallait qu’il soit le chanteur central, faudrait qu’on le mette en arrière de ma batterie et des guitaristes… Et, je ne pense pas que Vicky serait d’accord avec le fait qu’on la remplace…

Elle observait son frère, puis Gabriel, avant de continuer :

— Dis Gabriel, tu sais jouer d’un instrument de musique ?

— Hein… euh… Quoi ? Je ne comprends pas… Minute… N’étiez-vous pas en train de vous chamailler sur quelque chose ?

Il secoua sa grosse tête, confus.

— Ouais, bah, tu sais comment nous sommes, les jumeaux, dit-elle. On ne s’entend pas toujours sur certains points, mais on finit toujours par se rabibocher. On pense que tu ferais un excellent chanteur pour notre groupe rock ! Surtout avec le ton si sexy de tes cordes vocales !

Le golem était bouche-bée.

— Mais je ne sais pas chanter… couina ce dernier avec sa petite voix.

Il tourna rapidement sa tête de tous les côtés, il appuyait nerveusement ses deux index. Il déglutit et jeta un coup d’œil vers son mari.

Fliiiiiiiiiint… ? fit ce dernier.

Les jumeaux pouffèrent de rire lorsqu’ils se rendirent compte qu’il ressemblait à un chiot perdu avec cette petite voix. Kylie mit une main sur l’épaule du colosse, avec son plus beau sourire.

— Crois-moi, mon homme ! T’as voix, c’est de l’or ! On pourrait partir en affaires, toi et moi ! Je ferais de toi un homme riche et célèbre à travers toute la république ! As-tu déjà pensé à faire de l’opéra ? Oh, cette voix… Cette voix !

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