74.3 - Révélations et réconciliations

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Elle rougit timidement et hocha la tête.

— C’est vrai qu’ils sont délicieux, déclara-t-elle. Mais bon, je risque de finir avec un diabète si je n’arrête pas de manger trop de sucreries… Ta fille a cette vilaine manie, elle aussi. Je vais lui proposer de suivre une diète avec moi et remplacer toutes nos friandises par des fruits.

— Elle va s’énerver, je le sens, dit Gabriel qui rajouta des morceaux de carottes dans le potage. Au moins, elle se brosse les dents deux fois par jour, depuis qu’elle s’est faite arrachée une dent cariée. J’espère que Wyatt se débrouille bien avec son groupe…

Ils essayaient de ne pas trop s’en faire pour leurs quatre camarades. C’était plus difficile pour Flint et son mari, car ils s’ennuyaient d’Estelle. Cependant, ils gardaient espoir de les revoir un jour. Si Dia et Giotto avaient survécu à cette dimension, il y avait de fortes de chances qu’ils s’en sortent tous vivants.

— Connaissant cette grosse nouille, il va se mettre à pleurer à la première occasion où ils seront encerclés par des monstres, se moqua Luna.

— Pfft, mais non, ajouta Cassandra. Wyatt n’est pas si poule-mouillée que ça, quand même. Il se débrouille très bien quand il est avec nous.

— C’est ce que vous croyez, mais il faut tout le temps que je lui couvre ses arrières.

La magicienne haussa les épaules, tandis qu’elle leur affichait une expression nonchalante. Elle faisait sa petite peste lorsqu’il était question du mage, car il était non seulement son meilleur ami, mais son rival depuis plusieurs années. Luna afficha alors une triste mine ; elle se demandait s’il était toujours vivant.

— Il est mieux de nous préparer d’autres cornichons dès qu’il reviendra… soupira-t-elle. Sinon je le tue. Je le découpe en rondelles et je le fais frire…

Malgré ses paroles hostiles, ses amis décelèrent seulement de la tristesse dans sa voix. Elle commença à pleurer et se cacha les yeux avant de s’éloigner de la marmite. Gabriel se sentit mal pour elle. Misaki, revenue au groupe, enlaça la magicienne et l’emmena afin qu’elles fassent une petite promenade.

— Pauvre Lu’… dit Flint, qui s’était rapproché de son mari.

— Elle l’aime vraiment, ce garçon, soutint le dragon, à leurs pieds. Je ne sais pas qui c’est, mais il a l’air d’un gentil jeune homme…

Gabriel goûta à la soupe et grimaça. Celle-ci manquait de sel. Il en mit une autre pincée. Le blond quant à lui, s’agenouilla près du sac afin d’inviter le reptile à grimper sur son bras. Giotto hésita un moment, puis monta sur son épaule.

L’esprit de la création en profita pour examiner Luna, au loin. Il se demandait ce qu’il pourrait faire pour lui remonter le moral.

— Je crois qu’on devrait lui laisser un peu de temps et d’espace, lui dit Gabriel qui venait de lire dans ses pensées.

— Ah ! Tu arrives déjà à me comprendre à ce point ? demanda la petite créature.

— Bien sûr !

— Intéressant…

Flint se frotta le menton et essaya de se souvenir comment sa première conversation télépathique s’était déroulée avec Dia. Plusieurs années s’étaient écoulées, depuis ce jour. Il avait fini par oublier plusieurs détails de sa vie. Il savait toutefois qu’il s’était senti très proche d’elle, suite à la mort de son oncle Nash.

Il sortit un bonbon à menthe de sa poche de jeans. Giotto renifla la friandise, intrigué. La dernière fois qu’il avait humé cette odeur, c’était il y avait plusieurs années de cela. Il avait un vague souvenir d’avoir côtoyé une vieille dame avec qui il avait resté, autrefois. Il n’avait pas tout le temps été un dragon. Pendant quelque temps, il avait vécu sous l’apparence d’un chat. Il avait été l’animal de compagnie de cette femme jusqu’à ce qu’il fût tué par un renard affamé qui s’était attaqué à leur ferme. Son âme avait alors erré jusqu’aux volcans où il avait hiberné dans l’œuf d’un bébé dragon.

— Est-ce que tu en veux ? demanda Flint.

— Non, ça ira, répondit l’esprit. L’une de mes anciennes amies empestait de bonbons à la menthe. C’était il y a deux cents ans. Elle avait plein de bonbonnières dans sa maison et en mangeait au moins un par jour.

— Vraiment ? Si ça te dit, tu pourras nous raconter d’autres de tes histoires lors du repas. Ça fait toujours du bien d’entendre de nouveaux récits.

— Ha ! Elle est bien bonne celle-là, remarqua Giotto. Je croyais que tu n’en avais rien à faire de mes paroles…

— Ça, c’était pour critiquer ma vie privée. Pas pour le reste.

Flint lui poussa le museau avec son index.

Bip bip ! formula-t-il.

— Je ne suis pas un animal…

— C’est tout comme, remarqua Gabriel avant de lui caresser la nuque.

— Je vous hais, soupira le dragon, railleusement.

Sans le vouloir, Giotto ronronna comme un gros chat. Il maudissait son ancêtre félin.

— Dommage, parce que t’es coincé avec nous jusqu’à ce que ta mission soit terminée, répliqua Flint. T’as intérêt à bien t’entendre avec Dia, sinon on va devoir vous mettre des muselières à tous les deux.

— Même pas drôle, bouda la petite créature.

Pourtant, Flint comme Gabriel rirent aux éclats. Même Cassandra trouvait cette conversation plutôt marrante à entendre.

La guérisseuse se demandait comment se débrouillaient Shayne et Dia, dans les bois. Avaient-ils réussi à attraper leur sanglier ? Elle se posait cette question, chaque fois qu’elle jetait des coups d’œil inquiets derrière elle, toutes les quinze minutes. Elle n’était pas en forme ce jour-là, donc elle ne s’était pas proposée pour aller traquer le gibier avec eux. De toute façon, elle n’aimait plus chasser… sauf si c’était urgent.

Toutes ces histoires de fantômes l’inquiétait, mais elle pensait que son talent de communiquer avec les créatures de l’au-delà allait sûrement les aider, ce soir-là.

Puis, elle entendit des bruits non loin d’eux. Shayne apparut depuis un bouleau et traînait un sanglier qu’il avait abattu. À ses manches de manteau étaient perchés deux lièvres morts étranglés. Cassandra grimaça de dégoût mais était heureuse de revoir celui qui faisait battre son cœur. Derrière lui, Dia revenait avec une perdrix dans la gueule, à moitié rongée. Cette fois, la brunette eut un haut le cœur et préféra détourner son attention vers la marmite. Elle vit, un peu plus loin, Misaki et Luna qui discutaient près de la rivière. Elle espérait que la magicienne se sentait mieux.

— Ah ! Déjà de retour ? dit Flint. Je vois que la chasse a été bonne.

— Il y en a pour tout le monde, mais je ne pense pas que nous allons manger tout ça, remarqua le vampire. Nous pourrions emporter le reste à Alba, demain…

— C’est une grosse prise, en tout cas ! s’exclama Gabriel qui remarqua la taille du sanglier. Ça tombe bien, j’ai un peu de sauce barbecue dans mon sac…

— Dans ce cas, assurons-nous que sa viande soit bien cuite, proposa le capitaine. Nous ne savons pas quelles maladies peuvent se trouver dans cette chose.

— Pas besoin de t’en faire pour ça, répondit le vampire. N’oublie pas que je suis capable de détecter toutes les anomalies reliées au sang de mes victimes. Je n’ai qu’à le boire un peu et je pourrais te dire tout de suite s’il peut être consommé par un humain. Mon flair ne ment jamais. Il est rare que je tombe sur une créature malade.

— Dans ce cas, je te crois, formula Flint, rassuré.

Shayne se tourna alors vers Cassandra et sortit une grosse pomme de son sac de voyage. Il l’avait cueillie dans les bois, dans un verger sauvage. Elle semblait très juteuse, à en juger sa robe rouge et sa lourdeur.

— Tiens, j’ai pensé à toi, dit-il tandis qu’il esquissa un sourire.

— Oh, c’est très gentil de ta part ! dit-elle, ravie.

Elle sautilla de bonheur et s’approcha de lui avant de lui faire une bise rapide, sur le coin de la bouche. Flint et Gabriel remarquèrent la scène et gloussèrent. Le vampire et sa dulcinée avaient déclaré leur amour au reste du groupe, quelques jours plus tôt. Le blond était toujours dans son coma, mais ils ne pouvaient pas garder leur secret plus longtemps. Gabriel rouvait leur relation adorable. Les autres ne semblaient pas tellement s’en préoccuper.

Il n’y avait que Dia qui leur avait d’abord posé des questions gênantes sur leur écart d’âges, mais elle avait cessé de les embêter, lorsque la guérisseuse l’avait fusillé sévèrement du regard.

— C’est pour quand le mariage ? taquina le capitaine qui leur fit un clin d’œil.

— Euh… nous n’en sommes pas encore là… répondit Cassandra, timidement.

Quand elle réalisa qu’il blaguait, elle fronça des sourcils et s’approcha de lui pour lui faire une pichenette sur le nez. Il pouffa de rire et retourna son attention vers la marmite, alors que Gabriel y mettait d’autres pommes de terre coupées. Cette soirée promettait d’être très agréable, selon le chef de la Septième Brigade. Toutefois, il avait un étrange pressentiment en rapport à toutes les histoires de fantômes de ces plaines. Ce soir-là, il espérait résoudre ce phénomène étrange, coûte que coûte.

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