78.3 - Les papillons bleus

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— Maintenant que j’en parle avec vous, je crois me souvenir de la signification des papillons… mentionna le reptile. Autrefois, on associait cet insecte au Dieu de la Mort. Je ne sais pas si l’espèce aux ailes bleues est plus dangereuse que les autres, mais le spectre semblait insister sur ce détail. Plusieurs de mes ancêtres ne distinguaient pas les couleurs et d’autres étaient daltoniens. De mon côté, je vois très bien le bleu du ciel et le vert du gazon, mais bon… Ce que j’essaie de vous dire, c’est que nous n’avons jamais croisé d’incident en rapport à ces bestioles.

— Voilà qui est décevant, mais je comprends, soupira le vampire. Merci de nous avoir éclairés un peu à ce sujet. Je suis désormais en mesure de confirmer tes dires. Il y a effectivement d’anciennes légendes qui associent les papillons à Thanatos. Mon insomnie m’a donné le temps de lire la bible d’Athéna, de long en large, au fil des dernières années. On associe cet homme à eux. Cependant, il n’y a aucune mention de la couleur de leurs ailes. Il est possible que ces derniers soient nocifs aux mortels.

— Le spectre nous aurait donc aidés, déclara Flint. Voilà qui est étrange de sa part. Pourquoi aurait-il trahi son maître, d’après vous ?

— On ne peut faire confiance à un démon, expliqua le général.

Cassandra tourna la tête vers son partenaire, qui cligna rapidement des yeux. Celui-ci réalisa l’ironie dans cette phrase et se racla la gorge.

— À part moi, bien sûr… marmonna-t-il.

— Évidemment, répliqua le blond. Sinon Papa ne t’aurait pas engagé.

Le capitaine gloussa avant de retourner son regard près d’une grande rivière. Il observa le cadran de sa montre et vit qu’il était presque l’heure du dîner.

— Que diriez-vous qu’on aille casser la croûte ? proposa-t-il. Nous repartirons après avoir mangé. Ces chevaux ont besoin de boire un peu.

— Bonne idée, répondit Giotto. J’ai peu mangé ce matin, il me tarde d’aller chasser !

Le petit dragon retourna donc à l’intérieur du véhicule et s’installa auprès de son porteur.

Luna et Misaki avaient tout entendu de cette conversation entre le vampire et le reptile. Elles s’étaient échangé quelques mots, mais se dirent qu’elles discuteraient de tout cela avec eux, au cours de la journée.

Gabriel, quant à lui, avait progressé dans le crochetage de sa serviette. Son visage s’était assombri quand Giotto avait mentionné le nom de Thanatos. Lui aussi connaissait ces mythes et légendes en ce qui concerne cette divinité. Contrairement à son mari, il avait suivi les cours bibliques jusqu’à l’âge adulte. Savoir que cette région était associée à cet individu abject lui glaçait le sang.

¤*¤*¤

Le golem poussa une plainte et se massa le ventre, après leur repas. Encore une fois, il y avait eu les yeux plus gros que la panse. Cassandra leur avait préparé sa fameuse sauce marinara dans laquelle elle avait ajouté un peu de mozzarella fondue. De son côté, il avait préparé des pâtes alimentaires et s’était servi deux portions.

— Un de ces jours, tu crèveras avec une cuisse de poulet dans la gueule, taquina son mari. Tu as intérêt à demander aux dieux de te donner une place dans leurs cuisines.

Après avoir entendu cette blague, Luna recracha un peu d’eau par les narines. Elle rougit de honte et s’essuya le nez discrètement.

— Ça sera une mort glorifiante et exquise ! plaisanta Gabriel.

— Toujours aussi morbides, vous deux, formula Misaki qui roula les yeux.

Shayne secoua la tête avant de prendre une gorgée de jus de pomme pétillant. Il commençait à se faire aux blagues idiotes de Flint et Gabriel, mais se disait que le golem allait bel et bien crever de cette façon, un jour ou l’autre.

La louve et le dragon étaient partis à la chasse, un peu plus tôt, alors que lui n’avait fait que pêcher quelques poissons dont il avait bu le sang. Il avait jeté les restes sur la pelouse, au cas où Giotto en voudrait. Le reptile était revenu, une demi-heure après être parti. Aussitôt avait-il touché le sol, qu’il avait repris sa forme miniature. Shayne lui pointa les truites et la petite créature ailée les dévora aussitôt.

— Ta chasse s’est-elle mal déroulée ? demanda Gabriel à son esprit.

— Pas la moindre trace de gros gibier, grogna son interlocuteur. Les daims et les caribous se font rares. Il n’y avait que de petits oiseaux, quelques belettes et des renards dans les bois. Je vais devoir me contenter de truites ou de saumons, pour quelque temps.

— La chasse aux daims est interdite durant cette période de l’année, lui informa Shayne. Ils sont occupés à faire des bébés, si tu veux mon avis.

— Je me disais bien aussi qu’un détail m’échappait…

— Et les caribous ont quitté ce bout de pays depuis des lustres. Ils ont migré vers la république et d’autres vivent au sud de la région.

Cassandra sourcilla aux paroles du vampire.

— Dis donc, tu t’y connais avec la faune locale, remarqua celle-ci.

— Il le faut bien, quand on est un vampire qui se nourrit exclusivement de sang animal, répondit-il. J’aime varier un peu.

Flint grimaça de dégoût.

— Beurk, pour moi du sang reste du sang, s’exprima-t-il.

— C’est là que tu fais erreur, mon jeune ami. La saveur du sang change d’une espèce à l’autre, affirma le dragon. Dia aussi pourrait te confirmer la même chose, puisque nous mangeons nos proies crues.

— Cette conversation va me rendre malade… couina Cassandra.

Ils se tournèrent tous vers l’elfe, son teint était verdâtre. Ils se turent aussitôt, par respect pour la végétarienne. Même Luna n’arrivait pas à terminer son assiette de pâtes, qu’elle avait commencée à manger après tout le monde. Misaki s’était éloignée et nettoyait son assiette dans l’eau. Gabriel, de son côté, était allongé sur le côté, la tête sur une jambe de Flint. Le blond lui caressait les cheveux.

— Nous avons vraiment un groupe étrange, pas vrai ? dit le capitaine.

— J’avoue, confirma la guérisseuse qui sirotait son thé vert.

— Je confirme, déclara Gabriel.

— Je plussoie, rajouta Luna, qui commença à rire jaune.

Ils s’échangèrent tous des regards espiègles avant de glousser comme des pies.

— Et ça se dit l’équipe d’élite qui arrêtera Troyd Markios, râla Shayne pour lui-même. Vous allez finir par me décourager…

Ils rirent encore plus fort, tandis qu’il roula les yeux. Giotto se joignit à eux, trouvant la situation marrante. Finalement, le vampire se dit qu’il n’y avait rien de mal à blaguer un peu. Il avait seulement peur qu’ils ne prennent pas cette tâche au sérieux.

¤*¤*¤

Dia était sur le point de perdre patience.

Voilà plus de quarante-cinq minutes qu’elle traquait un lapin dans les hautes herbes des plaines. Elle avait faim et son estomac grognait à quelques minutes d’intervalle. Elle serait bien restée avec le groupe, mais elle n’avait pas envie de manger du poisson avec Shayne. Elle commençait à en avoir marre de tout ce qui venait des rivières. L’animal souhaitait croquer la nuque d’un animal terrestre.

Elle finit par s’arrêter en face d’un buisson où sa proie avait bondi. La louve se pencha vers l’avant, levant son postérieur vers le ciel et sauta en direction de son adversaire, pour se retrouver nez à nez avec un jeune homme, allongé dans l’herbe.

L’individu avait le teint livide, des yeux d’un bleu pétillant et sa chevelure blonde était recouverte de sang et de terre. Il avait survécu jusque-là, mais Dia compris que celui-ci avait perdu une bataille importante. Elle sursauta en voyant les traits familiers de cette personne. Elle ne connaissait ce dernier que de nom.

— Bonté divine, j’ai failli te prendre pour ton frère ! dit-elle. Mais que t’est-il arrivé… ?

— Trouve… Flint… dit l’homme. Il doit… savoir…

Elle remarqua qu’il ne portait pas d’armure, qu’il était recouvert de vêtements déchiquetés et qu’il n’avait pas d’arme en sa possession. Il n’avait pas son habituel chapeau à plume, mais Dia reconnut les traits de Lucas Markios. Au moment où elle allait lui répondre, l’Ambassadeur de Lanartis perdit connaissance.

— Sapristi ! couina Dia. Pas le temps de prévenir les autres ! Je dois le soigner moi-même !

Aussitôt ces paroles prononcées, le corps de la louve s’illumina, alors qu’elle lançait un puissant sortilège de guérison sur les plaies de l’homme. Elle ignorait ce qui lui était arrivé, mais cela confirma ses craintes : quelque chose de maléfique était en train de se produire sous leurs yeux et il était fort possible qu’ils couraient tout droit dans un piège.

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