80.2 - Flint et Lucas

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Cassandra intervint lorsqu’elle entendit cette remarque.

— Nous n’avons pas détecté de plaie infectée, ils savaient probablement ce qu’ils faisaient avec leurs outils. Toutefois, c’est un miracle que vous vous en êtes sortis vivant. Nous avons fait de notre mieux pour soigner vos autres blessures et…

— Pas besoin de me vouvoyer, Cassandra, dit-il avec son plus beau sourire. Nous sommes entre amis, après tout… Mais je te remercie pour ton excellent travail.

— Oh… merci…

La soigneuse rougit timidement et se prit la joue. Shayne, à côté d’elle, éprouva soudainement un peu de jalousie. Il bougea un peu vers elle, alors qu’ils étaient assis par terre, et passa une main autour de sa taille. Il fronça des sourcils.

— Allons Shayne, je ne suis pas ici pour voler ta bien-aimée, remarqua Lucas.

Le vampire ne répondit rien. La guérisseuse gloussa et embrassa son amant sur le coin des lèvres. Même ses autres camarades trouvaient sa réaction étrange. Normalement de nature calme et peu agressive, il n’appréciait pas qu’un autre homme drague sa douce. Le frère de Flint avait un ton dans sa voix qu’il trouvait un peu trop charismatique à son goût, ce qui le mettait mal à l’aise.

— Continue ton histoire, soupira le capitaine. On s’occupera de Monsieur Possessif, plus tard.

— Eh ! bouda le général.

Les traits du visage du vampire s’élargirent alors qu’il grimaçait de dégoût. Ses oreilles elfiques baissèrent. S’il avait été un mage du feu comme Luna, un nuage de fumée noir lui sortirait du crâne.

— Bref, reprit Lucas. Les disciples m’ont enfermé dans ces grottes pendant quelque temps. Ils m’ont menotté dans une cage, puis torturé afin que je puisse leur dire où se trouvaient les derniers esprits élémentaires. Ils croyaient, que parce que je suis lié au sang des Markios, que j’avais en ma possession l’un de ces animaux.

Il posa son regard sur la louve et le dragon. Il cligna des yeux.

— C’est la première fois que je vois ces créatures… Normalement, elles devraient être sauvages, non ? dit-il à son frère.

— Ce sont Dia, la louve de la lumière et Giotto, le dragon de la création, expliqua Flint. Gabriel et moi sommes leurs protecteurs. Tu peux leur faire confiance.

— Si Flint croit que tu ne nous feras pas de mal, je le crois, avoua Dia qui s’approcha de l’ambassadeur.

Elle s’assit en face de lui et l’observa, tandis qu’elle remuait la queue. Il recula un peu son visage et réalisa qu’elle était l’une des raisons pour laquelle on l’avait torturé.

— C’était donc vrai !? Elles existent vraiment ? Je pensais que ce n’était que des contes de fées… dit-il au groupe. Minute… Tu… Tu parles ?

Il baissa son regard vers la louve et déglutit.

— Ça nous a tous fait cet effet, lorsqu’on l’a rencontré, avoua Luna.

Lucas rit nerveusement et se passa une main dans les cheveux. Il prit une grande respiration, ferma les yeux et se calma. Quelques secondes plus tard, il les rouvrit et approcha l’une de ses mains vers le museau de la louve. Elle hésita une seconde, puis Dia lui lécha celle-ci, amicalement. Elle s’approcha ensuite et colla son menton sur son genou, pour qu’il puisse lui caresser la tête.

— Elle se fait passer pour notre chienne domestique, à Gabriel et moi, remarqua Flint. Tu n’as donc pas à en avoir peur. Pas vrai ma belle ?

— Ouaf ! répondit la louve, d’une humeur enjouée.

L’ambassadeur gloussa et caressa la fourrure de l’animal. Il remarqua qu’on l’avait soigneusement brossé et lavé. Elle était soyeuse et sentait le shampoing. Son frère s’en occupait bien. Cette rencontre avec Dia l’avait distrait de son histoire.

— Donc… ils pensaient que parce que tu es lié à Nash et moi, que tu avais forcément un esprit en ta possession, reprit Flint.

— C’est exactement ça, répondit Lucas. Sous prétexte qu’Éclipse avait été aperçue dans la région, leurs chefs ont décidé d’attirer les porteurs en répandant des rumeurs. Ils me prenaient même pour toi, durant la première semaine.

— J’ignorais que j’étais connu chez les démons…

— Ils ont une fixation sur notre famille, comme je te l’ai expliqué. Les moins intelligents d’entre eux ne savaient même pas parler. Ils grognaient tout simplement Markios, Markios, Markios. Ils me posaient des questions et me fouettaient lorsque je ne leur donnais pas ce qu’ils voulaient. Ils me nourrissaient avec une pâtée étrange que seuls les chiens auraient dévorée. Je me suis donc laissé mourir de faim car je refusais d’en manger. J’ai vite compris qu’il s’agissait de cadavres en purée et qu’ils n’avaient rien fait cuir. Puis un jour, ils en ont eu marre de moi et m’ont jeté en dehors de leur tanière.

— Minute, remarqua Gabriel. C’était des monstres ?

— Oui, affirma Lucas. Les démons qui m’ont capturé servaient tous Perséphone… ou du moins, c’est ce que je croyais parce que l’un d’entre eux mentionnait souvent le nom de son Seigneur… Thanatos.

— Encore ce nom ? fit Dia.

— Plaît-il ? formula l’ambassadeur, confus.

Flint se dit qu’il valait mieux lui expliquer leurs récentes découvertes liés au Dieu de la Mort. Il lui mentionna aussi pour le rituel au nord d’Alba. Lorsqu’il eut terminé son récit, Lucas se frotta le menton.

— Je vois, remarqua l’homme trans. Ça explique beaucoup de choses. Thanatos serait donc de retour sur ces terres… ou du moins, ses disciples le sont.

— La dernière fois qu’ils ont été vus à Lanartis, c’était il y a des siècles, formula Shayne. Donc il est normal que tu ne puisses pas t’en souvenir.

— J’ai arrêté de suivre les cours bibliques en même temps que Flint, donc ça explique pourquoi je ne me souvenais plus de ce nom, mentionna Lucas. Désormais je suis plutôt agnostique. Mais bon… Ça n’a aucune importance puisque vous êtes en train de me confirmer l’existence des dieux.

— Ah ouais… en fait, tu es un ange et notre mère est en réalité… Athéna, remarqua Flint.

Dia pouffa de rire lorsqu’elle vit la réaction de Lucas. Ses yeux s’étaient écarquillés et il était tombé à la renverse. Il se releva rapidement, malgré le mal.

Keeeuuuwaaah !? lança Lucas. Mais c’est quoi ces conneries !?

— Ce n’est pas comme ça que je voulais te l’apprendre, soupira le capitaine. J’attendais à ce qu’on soit tous ensemble, tous les quadruplés. Le truc, c’est que nos souvenirs ont été effacés par une magie puissante. J’étais censé tout vous dire il y a quatre ans, mais mon groupe et moi, nous avions tout oublié.

— Je vais vomir… répondit son frère, dont le teint tourna au vert.

Gabriel eut pour réflexe de lui passer le seau métallique qui leur servait à éteindre les feux de camps. L’ambassadeur se retint malgré tout.

— J’ai besoin de quelques minutes pour digérer cette nouvelle, dit-il avant de se lever.

Il prit une grande inspiration et fit demi-tour avant de s’éloigner en arrière de la tente. Il ramassa quand même le contenant que lui avait passé le golem. Les autres l’observèrent en silence. Au bout d’une minute, il lâcha une série de cris et de jurons, une façon si particulière des Markios que personne parmi la Septième Brigade n’était étonné. Même qu’ils se tournèrent tous vers Flint. Il regrettait sur le coup son choix de lui avoir tout avoué.

— Bah quoi ? Je croyais faire la bonne chose, dit-il, gêné.

Le capitaine s’était pris une solide claque derrière la tête de la part de son mari, une quinzaine de minutes plus tôt. Ils avaient repris la route et il se frottait le crâne et fronçait des sourcils. Celui-ci était assis à côté de Lucas qui conduisait la calèche en direction de la capitale. L’ambassadeur en voulait toujours à son frère de lui avoir balancé tout ça à la figure, alors qu’il s’en remettait à peine des autres déclarations.

— Je suis vraiment désolé… soupira Flint. Tu as failli mourir alors je me suis dit qu’il fallait que tu saches la vérité. Maman nous a conçu par amour avec Papa et…

— Je n’ai pas besoin d’en savoir plus. J’ai déjà deviné qu’elle s’est fait passer pour ce qu’elle n’était pas. Kyran m’a tout expliqué par lettres comment Troyd l’avait violentée aussi et j’en passe. Je suis probablement l’enfant de notre oncle, si ça se trouve. J’ai eu une apparence légèrement différente de la vôtre.

— Oh arrête de dire des conneries ! Tu es mon frère, peu importe ce qu’il a fait. Seulement, nous sommes aussi des anges et notre devoir est de veiller sur ces terres, tout comme Dia et Giotto. En gros, nous amplifions les sceaux du voile, par notre présence. C’est tout ce que je voulais te dire.

— Génial, il ne manquait plus que ça… Si nous devions mourir, cela affecterait grandement l’ordre des choses. Mais elle s’attendait à quoi lorsqu’elle nous a conçus ? Qu’on allait se reproduire et faire tout plein de bébés ?

Flint haussa les épaules.

— Pour mon cas, c’est impossible tant que je suis sous traitements à la testostérone, ajouta Lucas. Mais si elle croit que je vais me faire engrosser, elle se met le doigt dans l’œil. J’ai passé une bonne partie de ma vie à vouloir me faire accepter comme l’homme que je suis, il est hors de question qu’on vienne me dire que je doive me…

Le capitaine s’appuya la tête contre la paroi métallique qui le séparait aux brigadiers, à l’intérieur de la voiture. Il mit ses mains sur ses genoux.

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