83.1 - Des retrouvailles corsées

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Le 9 avril 3918 AD, le groupe de Flint s’était approché d’un campement situé près d’une grande forêt. Ils avaient lutté pour leurs vies à plusieurs reprises, jusqu’à se trouver un abri temporaire. À leur réveil, ils avaient continué leur route en direction du nord. Dia les avaient guidés vers un feu de camp, où étaient assis deux jeunes hommes, une jeune femme, une adolescente et une loutre.

Le capitaine poussa un cri de joie, lorsqu’il les vit. Il s’agenouilla et sanglota. Estelle avait reconnu son père et courut dans ses bras, alors que le golem se joignit rapidement à eux. La petite blonde était recouverte de crasses et ses vêtements étaient troués, mais c’était bel et bien leur fille.

— Vous êtes vivants, pleura Flint qui caressa la chevelure de son enfant.

— Ma petite puce, trembla Gabriel. J’ai eu peur qu’on ne te verrait plus jamais !

Sous les regards de leurs amis, la famille Markios était enfin réunie. Lucas s’approcha tranquillement d’eux et serra aussi sa nièce dans ses bras. Lorsqu’elle remarqua sa présence, elle pouffa de rire et pleura de joie.

— Mais qu’est-ce que vous foutez ici ?! gronda Kylie. Cet endroit est dangereux !

— N’est-ce pas à nous de vous dire cela ? dit l’ambassadeur à la jeune femme.

— Oui mais, j’espérais honnêtement que vous ne tombiez pas dans le même piège que nous. Personne ne mérite de vivre un tel cauchemar…

La musicienne avait en réalité très peur, parce que si ses supérieurs étaient coincés dans la même dimension qu’eux, cela voulait dire qu’ils étaient dans de beaux draps. Elle avait tant espéré qu’ils trouveraient un moyen de les sortir de là, plutôt que de se faire capturer, eux aussi.

— Content de voir que tu es toujours vivante, lui dit Flint.

Il lui fit son plus beau sourire, elle ressentit un léger malaise. Elle était touchée que son capitaine se soit inquiété pour son sort. Cependant, Kylie aurait aimé que ces retrouvailles se déroulent différemment.

Scottie soupira, soulagé. Il était heureux de voir que les autres étaient venus à leur rescousse. Il remarqua toutefois que Wyatt s’était levé d’un bond et avait couru dans les bras de Luna Kelly. Cette dernière ne s’était pas attendue à un tel élan de la part de son collègue de travail. Il la serra dans ses bras et ne fit rien d’autre.

— Euh… Wyatt ? Est-ce que ça va ? demanda la magicienne qui leva la tête vers son meilleur ami.

À la grande surprise de tous, il tourna son visage vers celle-ci, à chaudes larmes.

— Tu m’as tellement manqué, Lu’, pleura celui-ci. J’étais en train de devenir fou sans tes expériences bizarres et tes remarques cinglantes ! Ma meilleure amie !

Elle leva les yeux vers le ciel et secoua sa tête, alors qu’il pleurait de plus belle. Elle lui fit ensuite une caresse dans le dos. Il était plus grand que la magicienne, et pour cette raison, elle se sentait toute minuscule à cause de lui.

Enfin, il essuya ses larmes et trouva le courage de lui dire ce qu’il avait toujours voulu lui dire depuis tant d’années.

— Je t’aime, Luna Kelly… Tu es tout pour moi ! Je ne veux plus jamais te quitter !

Les joues de la magicienne s’empourprèrent alors qu’elle fut prise au dépourvu. Était-ce une hallucination auditive ? Avait-il réellement avoué ses sentiments pour la jeune femme ? Elle cligna des yeux, abasourdie.

— Euh… Tu fais de la fièvre ou quoi ? Tu n’es pas dans ton état normal… dit-elle, inquiète. Wyatt ? Est-ce toi, là-dedans ?

Elle prit sa température et réalisa qu’il était très froid.

— Oh Athéna, t’as choppé la crève ! se dit-elle.

— Mais nan, idiote, répliqua-t-il. Il fait seulement froid.

Il la serra contre lui et l’embrassa sur la joue.

— Tu m’as tellement manqué, répéta-t-il.

— Oulah…

Luna ne savait pas comment s’y prendre avec lui. C’était la première fois qu’il lui avouait ce genre de sentiment. Elle-même y avait pensé à quelques reprises. Elle déglutit alors qu’elle repensait à l’autre jour, où ils s’étaient tous deux cognés la tête, au village d’Alba. L’aimait-elle plus que platoniquement ? L’aimait-elle vraiment ? Luna se posait mille et une questions et ne savait pas comment réagir. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle était heureuse de le retrouver.

— Tu m’as manqué, tête de nœud, dit-elle avec un sourire.

— Je t’ai toujours aimé, depuis le jour où nous nous sommes rencontrés… marmonna Wyatt à l’oreille de la magicienne. Je n’en pouvais plus d’attendre de te voir… Il fallait que je le dise…

— Je sais… Je l’avais deviné…

Ils se regardèrent tendrement, sous la lueur du feu de camp. Ils n’avaient pas remarqué de nombreuses paires d’yeux se poser sur eux, alors qu’ils s’avouaient leurs sentiments, l’un pour l’autre. Ou plutôt, alors que Wyatt lui déclarait sa flamme alors qu’elle ne lui avait pas rendu les mêmes sentiments…

— Hoooon, ils sont trop choux, couina Cassandra qui couvrit le visage de ses mains. Go Luna ! Donne-lui un baiser !

— Notre petite sœur grandit si vite, plaisanta Misaki, à côté d’elle.

L’albinos passa un bras par-dessus les épaules de la soigneuse et sourit.

— Un baiser ! Un baiser ! ajouta la brunette qui sautilla sur place.

— Bon sang, les meufs… Vous êtes en train de gâcher leurs retrouvailles ! soupira Kylie. Laissez-leur un peu d’espace, quand même !

— Mais euh… boudèrent les deux autres, en même temps.

Ce fut à cet instant que Luna Kelly réalisa qu’elle n’aurait plus jamais d’intimité à cause de ses sœurs d’adoptions. Elle secoua la tête et posa quand même son menton sur l’épaule de Wyatt. Pour le moment, elle se sentait bien et ils étaient réunis après plusieurs jours, séparés par les dimensions. En temps normal, la jeune femme intellectuelle aurait foudroyé ses compagnons de voyage pour toutes les taquineries, mais en cet instant, elle n’en avait rien à faire. Elle était… amoureuse ? Non…

¤*¤*¤

Un quart d’heure après le rassemblement des deux groupes, Flint et Wyatt avaient échangé toutes les informations sur leurs récentes aventures et ils s’étaient tous rassemblés autour du feu de camp.

— Minute, remarqua Flint. Tu es en train de me dire que les jumeaux sont des esprits élémentaires ? Comment est-ce possible ?

— Honnêtement, on n’en sait rien, répondit la punk. Tout ce qu’on sait, c’est qu’on a une connexion étrange avec ta fille et pour cette raison, elle peut nous manier en même temps.

— Et si un autre porteur tentait de faire un pacte avec nous, ça serait impossible, ajouta le frère. J’ai déjà essayé avec Wyatt et ça n’a pas fonctionné.

Scottie venait de pointer le mage de la tête. Ce dernier était assis derrière Luna qu’il serrait contre lui, alors qu’ils profitaient du moment pour ce rapprochement. La magicienne semblait mal à l’aise, mais dissimulait le tout derrière un faux sourire. Personne n’avait remarqué son expression, alors qu’elle avait soudainement envie de fuir. Pourquoi fallait-il qu’il lui ait avoué ses sentiments aujourd’hui ?

— Me permettez-vous de voir à quoi ressemble votre synchronisation ? demanda Giotto aux jumeaux, ce qui sortit Luna de ses pensées. Je suis intrigué d’en savoir plus. Je suis le plus ancien des esprits d’Athéna, voyez-vous et c’est la première fois que j’entends parler de vous.

— Bof, pourquoi pas ? formula Kylie. Scot’, tu viens ?

Son frère hocha la tête et se leva pour rejoindre Estelle qui était déjà debout, près de Gabriel. Elle recula afin de laisser les jumeaux l’entourer. Ensuite, lorsqu’ils furent à côté d’elle, la demoiselle tendit ses bras de chaque côté. Le frère et la sœur la touchèrent et se transformèrent rapidement sous les regards de leurs camarades. Un instant plus tard, Estelle était recouverte d’une armure mauve et un bâton magique se dressait dans sa main droite. Elle hésita un moment, puis secoua ce dernier. Il se transforma en lance et la porteuse déposa ensuite le bout non-tranchant au sol.

— Je cherche encore mon style, gloussa la petite blonde timidement.

Flint siffla d’étonnement quand il vit le petit tour de magie du trio.

— Et tu ne souffres d’aucun malaise ? demanda-t-il. Parce que normalement, il nous est impossible de synchroniser avec deux esprits à la fois…

— Aucun, répliqua Estelle.

— Est-ce la première fois que des esprits élémentaires naissent en tant que jumeaux ? ajouta le capitaine qui se tourna vers Giotto.

Le dragon miniature, perché sur l’épaule du colosse, observait le phénomène en silence. Il était épaté par les pouvoirs de la gamine.

— Je crois bien que oui, dit-il. Voilà qui est très intéressant… Pas vrai, Dia ?

Celui-ci jeta un regard vers la louve, assise entre Flint et Gabriel. Elle était tout aussi choquée que son aîné. L’animal s’approcha de l’adolescente et renifla l’armure, puis la lance. Un instant plus tard, elle s’assit.

— Mouais, c’est la première fois qu’on assiste à un tel phénomène, déclara-t-elle. Toutefois, ils ne sont pas liés à nous comme les autres créations d’Athéna. Je ne ressens aucune liaison entre nous.

— C’est la même chose pour nous, fit Scottie. On ne ressent rien d’autre que notre présence et celle d’Estelle. D’après moi, une autre divinité nous a mis au monde.

— Possible, formula Giotto. Mais si vous êtes liés à Estelle, c’est qu’il y a une excellente raison. Après tout, vous aidez bien notre groupe…

Scottie et Kylie reprirent leurs formes initiales et s’installèrent près du feu de camp.

— Ouep, fit l’éclaireur. Nous ne pourrons rien confirmer tant qu’on n’en apprendra pas plus sur nos origines.

Pendant que Flint, Giotto et Dia discutaient avec les jumeaux, Shayne et Cassandra avaient commencé à se disputer, à l’écart du groupe. La guérisseuse n’était pas de très bonne humeur et le vampire essayait de comprendre ce qui n’allait pas avec elle.

— Est-ce quelque chose que j’ai dis ? demanda celui-ci.

Elle haussa les épaules et lui tourna le dos. Elle lâcha un long soupir. Le général ne savait pas comment l’aborder. Ça faisait plusieurs heures qu’elle passait d’un sourire à un air bête, en un claquement de doigts.

— Je ne pourrais pas te comprendre tant que tu ne me parleras pas, dit-il, confus.

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